Bob Hartley voulait coacher. C’est maintenant confirmé, écrit noir sur blanc dans les faits, dans les gestes, et dans les silences.
Pendant des mois, il a tenté de faire croire qu’il était bien, qu’il vivait sa meilleure retraite sous le soleil de la Floride, entre ses chroniques radio et ses parties de golf.
Mais la vérité vient de refaire surface, éclatante : Hartley retourne officiellement coacher dans la KHL, avec le Lokomotiv de Yaroslavl, pour un salaire estimé entre 2 et 2,5 millions de dollars US. Et tout ce cirque de la Floride n’était qu’un écran de fumée soigneusement construit.
Ce qu’on comprend aujourd’hui, c’est qu’il n’a jamais cessé de vouloir coacher. Son appétit pour le hockey, son besoin de compétition, sa volonté d'être au cœur de l’action ne l’ont jamais quitté. Et surtout : qu’il a tenté par tous les moyens de le faire avec le Canadien de Montréal.
Il voulait aider. Il voulait revenir dans le feu de l’action. Il voulait devenir l’adjoint de Martin St-Louis. Et il a été catégoriquement rejeté, comme un intrus dans un club privé.
Bob Hartley a bel et bien proposé ses services à Martin St-Louis.
Et Martin St-Louis lui a dit non. Le Canadien ne voulait rien savoir. Le poste d’adjoint n’était pas pour lui. Même un rôle de conseiller spécial, à la Lecavalier, ne lui a pas été offert. Rejet total, silence radio, porte verrouillée.
Et maintenant que Hartley retourne derrière un banc, avec une équipe championne en Russie, on comprend enfin ce que signifiait toute sa mise en scène.
Ses déclarations floues. Son insistance sur le fait qu’il ne voulait plus voyager. Son amour de la Floride. Son désir d’un rôle "à distance".
C’était le discours d’un homme blessé, un entraîneur encore bouillant, mais qui n’était plus le bienvenu à Montréal. Un homme qui cachait son ambition derrière des excuses de confort.
Le parallèle avec Vincent Lecavalier est frappant, pour ne pas dire caricatural. Lecavalier, lui, a obtenu exactement ce que Hartley voulait : un emploi du country club. Un chèque du Canadien de Montréal pour analyser quelques matchs à distance entre deux tournois de golf de ses filles.
Un rôle flou, nébuleux, qui lui permet de rester en Floride et de passer ses hivers au chaud sans pression. Hartley visait la même chose. Mais il n’avait pas le bon réseau. Il n’était pas le meilleur ami de Martin St-Louis, ni un ancien coéquipier de confiance.
Et c’est bien là le cœur du scandale. Le poste que Hartley voulait existe. Il est occupé par Lecavalier. Et il ne sert pratiquement à rien, sinon à maintenir une image de continuité entre les vieux amis de Tampa Bay.
Hartley n’a pas eu cette chance. Il n’était pas un membre du country club. Il ne faisait pas partie de la clique. Et il a été poliment écarté, sans procès, sans justification.
Alors il a fait ce qu’il sait faire : il est retourné derrière un banc. Mais pas n’importe quel banc. Celui d’un club champion.
Le Lokomotiv de Yaroslavl, vainqueur de la Coupe Gagarine. Il revient dans le feu de l’action. Il repart à la guerre.
Quand Hartley parle, on peut sentir l'émotion dans sa voie. Mais il y a surtout une revanche. Une réponse calculée à ceux qui l’ont snobé. Un retour aux sources pour mieux prouver qu’il a toujours ce qu’il faut.
Car Bob Hartley n’a jamais digéré ce refus. On l’a vu dans ses nombreuses flèches lancées à Martin St-Louis cette saison.
Sur Joshua Roy et son utilisation injuste. Sur la structure de l’équipe. Sur la gestion du talent. Sur le manque de direction. Sur les décisions incompréhensibles. Il n’a cessé de critiquer, frontalement, avec précision. Comme un homme blessé, mais lucide. Comme un entraîneur frustré de voir ses conseils refusés et de constater l’échec qui en découle.
Quand il disait que Joshua Roy n’avait jamais eu sa chance. Qu’il ne comprenait pas pourquoi Lane Hutson n’était pas sur la première vague de l’avantage numérique en début d'année. Qu’il soulignait que Mike Matheson n’allait même plus être là quand le CH serait enfin compétitif.
C’était plus que de simples opinions. C’était des messages codés. Des critiques bien dirigées à l’endroit de celui qui l’avait écarté. Des avertissements d’un technicien qui voyait l’édifice s’écrouler et qui ne peut s’empêcher de dire :
« Je vous l’avais dit. »
Hartley a dû avoir mal au coeur quand il a vu St-Louis avoir autant de succès en 2e moitié de saison.
Et maintenant, tout s’éclaire. Martin St-Louis ne voulait pas de Bob Hartley derrière lui. Il ne voulait pas d’un homme plus expérimenté, plus rigide, plus structuré.
Il ne voulait pas d’un mentor, d’un guide, ou même d’un collaborateur capable de le challenger. Il voulait garder son indépendance. Il voulait être seul maître à bord. Quitte à s’entourer d’anciens coéquipiers plutôt que de véritables adjoints. Quitte à affaiblir son propre banc.
Ce rejet de Hartley est peut-être le plus grand aveu d’insécurité de Martin St-Louis depuis qu’il est à la barre du Canadien.
Il a refusé l’expertise. Il a refusé l’aide. Il a préféré voler seul. Il a bien rebondi, mais si le CH connaît des ennuis en 2025-2026 avec un alignement beaucoup plus compétitif, les mauvaises langues vont lui mettre la grosse pression.
Bob Hartley n’est pas parfait. Il est intense, parfois trop. Il est exigeant. Il ne fait pas de compromis. Mais il a gagné partout où il est passé.
Et c’est exactement ce qui manque à ce Canadien en reconstruction : de la rigueur, de la constance, de la direction, une identité claire. Ce qu’un entraîneur comme Hartley aurait pu imposer dès le premier jour.
Il voulait le faire à distance, tranquillement, depuis la Floride. On l’a repoussé. Et maintenant, il retourne là où on l’a toujours respecté : derrière un banc, pour coacher, pour gagner. Il aurait pu être une ressource précieuse.
Il aurait pu offrir ce que Lecavalier n’offre jamais : une vraie expertise. Il aurait pu être un atout silencieux mais efficace. Il ne pardonnera jamais à St-Louis d'avoit été humilié ainsi.
Aujourd’hui, tout le monde le sait. Bob Hartley a bel et bien été snobé par le Canadien de Montréal. Par Martin St-Louis. Et ce n’est plus une supposition. C’est une vérité embarrassante.
Pour le CH. Et pour son coach vedette. Et ce n’est pas sans conséquence : l’ombre de Hartley planera sur cette saison comme un fabtôme de ce qui aurait pu être.
Bienvenue au Country Club du Canadien de Montréal. Où certains bronzent en Floride aux frais du club, pendant que d’autres, plus compétents, se font claquer la porte au nez.