Depuis le versement du dernier boni de Carey Price le 1er septembre (5,5 millions de dollars), tout le Québec hockey ne parle que d’une chose : quand, où et comment le contrat du légendaire gardien sera échangé.
Les heures passent, l’attente s’éternise, et la fébrilité monte. Parce que dans ce dossier, chaque détail compte. Et voilà que Renaud Lavoie a lancé une véritable bombe : Kent Hughes sera à Detroit mardi et mercredi, dans le cadre de la rencontre des directeurs généraux de la LNH.
Autrement dit, le moment est venu de « closer » le deal. Oui... Hughes crée une véritable commotion sur le marché des transactions avec la saga Price.
Selon Renaud Lavoie, les premières demandes qui circulent sont claires : une équipe comme San Jose, Chicago ou Pittsburgh accepterait d’absorber le contrat de Price en retour d’un choix de 2e ronde. Mais Hughes ne veut rien savoir : pas question d’aller plus haut qu’un choix de 3e ronde.
C’est là que la négociation devient un bras de fer. Hughes tente de créer une surenchère négative : faire jouer les Sharks, les Hawks et les Penguins les uns contre les autres, en laissant couler qu’il est prêt à attendre.
Mais plus le temps passe, plus le marché comprend que le CH est coincé. Et plus le prix risque de grimper.
Le contexte est simple : toutes les équipes de la LNH atteignent déjà le plancher salarial au 1er septembre. C’est une énorme différence avec les années passées, où certaines formations (Coyotes, Sénateurs) se battaient littéralement pour obtenir ce type de contrat « mort » afin de gonfler artificiellement leur masse.
Aujourd’hui, le plancher est fixé à 70,6 M$, et toutes les équipes l’ont déjà atteint avant même le début de la saison.
Cela signifie que l’argument principal de Kent Hughes, « je vous aide à atteindre le plancher en vous envoyant Price », n’a plus autant de valeur qu’avant.
San Jose, Pittsburgh et Chicago ont de l’espace, oui, mais ils n’ont pas un besoin vital du contrat de Carey Price pour respecter les règles.
Hughes offre un contrat qui n’est plus aussi indispensable qu’il l’était.
Il faut rappeler qu’il y a seulement trois ans, le Canadien avait réussi à obtenir un choix de 1re ronde des Flames de Calgary simplement pour prendre la dernière année du contrat de Sean Monahan. Pourquoi? Parce que Calgary devait libérer de l’espace, et que Montréal avait une utilité comptable claire.
Aujourd’hui, la situation est inversée : ce sont les équipes qui détiennent l’avantage dans la négociation. Elles savent que Hughes doit absolument se débarrasser du contrat de Price pour retrouver de la flexibilité et éviter d’être coincé dans la LTIR dès le jour 1.
Voilà pourquoi Hughes prend son temps. Il tente de jouer Pittsburgh contre Chicago, Chicago contre San Jose, en espérant que l’un d’eux cède à la pression.
Il a laissé filtrer qu’il était prêt à patienter jusqu’à décembre s’il le fallait, dans l’espoir que certaines équipes réalisent qu’elles ne feront pas les séries et préfèrent encaisser un contrat comme celui de Price pour faciliter leur tanking en vue de 2026 (McKenna, Verhoeff).
Le timing n’a rien d’un hasard. La rencontre des DG à Detroit, mardi et mercredi, est l’occasion rêvée pour Kent Hughes de s’asseoir, de parler face à face et de sentir le pouls de ses homologues.
Les Sharks sont encore vus comme les favoris, mais eux aussi ont leurs contraintes : ils sont à un seul contrat de la limite des 50, et ils n’ont toujours pas réglé le dossier de Michael Misa.
Cela veut dire qu’une transaction pourrait inclure des contrats de joueurs AHL ou ECHL pour équilibrer les effectifs.
Les Blackhawks, eux, veulent se débarrasser de Connor Murphy, défenseur de 32 ans qui ne cadre plus dans leur plan jeunesse. Mais Hughes ne veut pas d’un autre contrat encombrant.
Quant aux Penguins, leur intérêt est plus politique : absorber Price pour préparer une vente de feu qui pourrait, à terme, pousser Sidney Crosby vers la sortie.
Bref, chacun arrive à Detroit avec ses cartes, et Hughes doit jouer les siennes à la perfection.
Ce dossier n’est pas seulement comptable. Libérer la masse salariale du contrat de Price, c’est aussi ouvrir la porte à une transaction pour aller chercher un deuxième centre.
Hughes sait qu’il ne peut pas entrer dans la saison avec seulement Nick Suzuki et un Kirby Dach diminué. Renaud Lavoie l’a dit : si Price part, un deuxième centre suivra. Est-ce que ce sera Mason McTavish? Jared McCann? Un autre nom qui circule dans les coulisses comme Pavel Zacha ou Casey Mittelstadt?
Ce qui est certain, c’est que Hughes veut frapper un grand coup. Et c’est à Detroit que tout pourrait basculer.
Il pourrait même parler à Kyle Dubas... de Sidney Crosby...
Après tout, Sportsnet pense toujours que "Sid the Kid" sera échangé après les Olympiques.
Même Angela Price, l’épouse du gardien, a brisé le silence. Dans une story Instagram, elle a répondu à un partisan qui lui demandait comment elle vivrait un échange du contrat de son mari :
« Probablement comme la plupart des gens à Montréal… mais ultimement, tu souhaites ce qui est le mieux pour l’équipe. »
Tout est dit. Même la famille Price sait que la fin approche. Ce contrat sera échangé. La seule question est de savoir quand, et à quel prix.
Detroit va devenir le centre du monde du hockey cette semaine. Les yeux de la LNH seront braqués sur Kent Hughes, prêt à écrire une page cruciale de l’histoire récente du Canadien.
S’il réussit à liquider le contrat de Carey Price contre un simple choix de 3e ronde, ce sera un coup de maître. S’il échoue, il pourrait être forcé de payer plus cher, et l’opinion publique montréalais ne lui pardonnera pas.
Mais une chose est sûre : que ce soit San Jose, Chicago ou Pittsburgh, le contrat de Carey Price vit ses dernières heures à Montréal. Et Hughes le sait : en réglant ce dossier, il ouvre une nouvelle ère.
Même Carey Price, à distance, doit sentir le pincement symbolique : tourner la page sur sa carrière montréalaise, non pas avec des arrêts spectaculaires, mais avec une transaction administrative. Cruelle réalité.
Et Geoff Molson? Lui, il a déjà la bouteille de champagne prête. Parce que chaque dollar libéré, c’est un pas de plus vers le retour du Canadien parmi les grandes puissances de la LNH.