Transaction à Montréal: Kent Hughes se livre à coeur ouvert

Transaction à Montréal: Kent Hughes se livre à coeur ouvert

Par Marc-André Dubois le 2025-03-21

Si la fin de saison du Canadien de Montréal dépasse les attentes, ce n’était pas écrit dans le ciel il y a encore quelques semaines.

Kent Hughes, fidèle à son habitude, s’est livré sans détour à Pierre LeBrun dans une entrevue révélatrice, où il a exposé les coulisses de la dernière date limite des échanges.

Le DG du Tricolore a non seulement expliqué pourquoi il n’a pas bougé, mais aussi pourquoi l’avenir du club ne dépendait pas d’un simple coup de poker à court terme.

« Tu te sens validé de ne pas avoir vendu quand l’équipe continue de gagner, qu’importe si elle fait les séries ou pas.

Mais si elle s’était mise à perdre et à couler immédiatement après la date limite, le sentiment aurait été terrible. »

Ces mots de Hughes résument parfaitement le dilemme auquel il a été confronté en février dernier. À ce moment-là, le Canadien venait de perdre huit de ses neuf matchs avant la pause des Quatre Nations, se faisant balayer à domicile lors du week-end du Super Bowl.

Une séquence désastreuse qui, dans l’esprit de plusieurs observateurs, justifiait la vente de certains vétérans en échange d’actifs pour l’avenir.

Hughes et son équipe de direction étaient prêts à écouter les offres. Joel Armia, par exemple, aurait pu être échangé, mais le DG a préféré fixer un prix élevé, bien au-delà de ce que les autres équipes étaient prêtes à payer.

« J’ai dit aux équipes intéressées que ce n’est pas un “non” catégorique, mais qu’il faudrait surpayer considérablement pour l’acquérir. »

Quant à David Savard et Christian Dvorak, leur départ n’a jamais été sérieusement envisagé. Hughes estimait que l’impact d’une transaction aurait enfoncé le Rocket de Laval, déjà privé de plusieurs éléments clés.

Et maintenant, avec un été crucial qui se profile, une seule chose est certaine : Kent Hughes ne restera pas immobile. Il sait exactement où son équipe se situe, et il fera tout pour combler les trous – mais à ses conditions.

Mais tout a changé après la pause des Quatre Nations. Nick Suzuki et son groupe ont pris les choses en main, entamant une séquence de 8-1-3 qui a complètement changé la perception de la direction.

« Ça nous a fait dire : ‘OK, on va attendre et voir.’ »

Plutôt que de démanteler l’équipe, Hughes a décidé de faire confiance à son groupe. Et il a eu raison. Les Canadiens ont repris du terrain et, contre toute attente, se sont retrouvés en plein cœur de la course aux séries.

Si le CH a refusé de céder ses vétérans à rabais, cela ne signifie pas que Hughes est resté passif. En coulisses, le DG a bel et bien tenté un coup d’éclat : acquérir Dylan Cozens, un centre jeune et établi.

Toutefois, Buffalo n’était pas intéressé par un échange basé sur des choix au repêchage et des espoirs. Kevyn Adams, le DG des Sabres, voulait un retour immédiat.

« L’idéal pour les Canadiens dans un échange est de sacrifier des espoirs ou des choix. Il n’est pas question d’échanger Cole Caufield ou Nick Suzuki et d’échanger quatre trente sous pour une piastre. »

En d’autres termes, Hughes refusait de sacrifier un élément fondamental de son noyau pour obtenir un joueur similaire à Cozens. Résultat : Buffalo a préféré transiger avec Ottawa en obtenant Josh Norris.

Ce refus de céder Caufield ou Suzuki prouve une chose : Hughes a un plan clair pour l’avenir et il ne déviera pas de sa trajectoire.

Une autre citation marquante de l’entretien de Hughes a suscité beaucoup d’interprétations :

« Nous n’aborderons pas le marché des joueurs autonomes comme une bande de marins saouls, ensuite coincés avec des contrats de huit ans que nous regretterions presque sur-le-champ.

Nous sommes probablement plus proches de surpayer en matière d’actifs pour acquérir un joueur. »

Ce message est clair comme de l'eau de roche. Montréal ne se lancera pas dans des contrats à long terme pour des vétérans vieillissants comme John Tavares ou Matt Duchene.

Et si certains rêvent encore de Mitch Marner, Hughes a déjà exclu cette possibilité, sachant que le prix serait astronomique.

Au lieu de cela, l’organisation semble prête à payer un prix plus élevé en actifs – choix au repêchage, jeunes joueurs – pour acquérir un élément clé par voie de transaction.

Si Cozens n’a pas été obtenu, cela signifie que le CH devra se tourner vers d’autres options. Les noms de Trevor Zegras, Mathew Barzal et Jared McCann circulent, tout comme celui de Nick Schmaltz, dont les négociations entre Utah et Montréal ont failli aboutir avant la date limite.

Schmaltz est un joueur qui intrigue énormément Hughes. Il est sous contrat pour encore un an et possède l’expérience et la polyvalence nécessaire pour combler un besoin immédiat au centre. Il coûtera quelque chose, mais pas au prix exorbitant d’un Barzal.

Par ailleurs, Hughes et son équipe explorent aussi des options du type « projet » à la Kirby Dach ou Alex Newhook.

Des jeunes joueurs talentueux qui n’ont pas encore explosé dans la LNH mais qui pourraient bénéficier d’un changement de décor. Des noms comme Hendrix Lapierre, Alex Turcotte ou Mavrik Bourque sont évoqués comme des cibles potentielles.

La déclaration de Kent Hughes après la date limite n’était pas une justification, mais bien un signal fort. Il croit en son équipe, mais il sait aussi que la prochaine grande étape devra être franchie intelligemment.

L’organisation est en excellente posture : un noyau jeune, des espoirs de premier plan, et surtout, une flexibilité financière enviable.

« Nous serons très engagés pour améliorer l’équipe, mais nous devons aussi penser au futur. »

Ce futur passe par une transaction d’envergure pour un centre de qualité. Le CH ne signera pas un joueur autonome à prix fou, mais il frappera fort sur le marché des échanges.

L’été s’annonce mouvementé à Montréal. Hughes a montré qu’il n’avait pas peur de prendre des risques, mais il le fera selon ses conditions, et non sous la pression.

Pour les partisans, l'âge d'or est arrivé : ce CH, qui grandit sous leurs yeux, n’a pas fini de surprendre.