Transaction à Montréal: le 16e choix au total avec le CH

Transaction à Montréal: le 16e choix au total avec le CH

Par Marc-André Dubois le 2025-04-07

C’est la transaction de la décennie.

Une de celles qu’on range dans la catégorie des miracles. Mais aujourd’hui, elle refait surface avec la force d’un ouragan, et son impact est ravageur… surtout dans l’Ouest canadien.

Pendant que Calgary s’enlise dans un cauchemar sans issue, Kent Hughes, lui, est au paradis. Plus qu’au paradis : il est au septième ciel, les bras ouverts, les yeux au ciel, en train de savourer ce qui pourrait devenir l’un des plus grands coups de génie de sa carrière de directeur général.

À ce stade, si vous avez un vieux billet de loterie qui traîne au fond d’un tiroir, gagez-le sans hésitation : le Canadien de Montréal va mettre la main sur le 16e choix au total du prochain repêchage de la LNH. Et tout cela, grâce à une transaction aussi audacieuse qu’injustement oubliée.

Retour à l’été 2022. Les Flames de Calgary viennent de se faire trahir par Johnny Gaudreau et Matthew Tkachuk. En panique, Brad Treliving et Craig Conroy — qui n’était pas encore DG, mais impliqué dans les décisions — doivent faire de la place pour signer en urgence Jonathan Huberdeau et MacKenzie Weegar, acquis des Panthers dans un échange précipité.

Sean Monahan, blessé, coûte trop cher. Il faut s’en débarrasser. Kent Hughes, avec son calme habituel et son sourire en coin, dit :

“Pas de problème. On va le prendre.” Mais à une seule condition : donnez-nous un choix de 1er tour.

Calgary accepte. Et comme si cela ne suffisait pas, Monahan rejoue à Montréal, connaît une excellente relance, puis est échangé aux Jets contre un autre choix de 1er tour en 2024. Hughes vient littéralement de multiplier la valeur de Monahan… par deux.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La véritable pépite de cet échange, c’est le choix des Flames en 2025.

Dans les coulisses de cette transaction, une clause extrêmement importante a été négociée : si le choix des Flames en 2025 ne fait pas partie du top 10, le Canadien met la main dessus. Dans le cas contraire, Calgary conservera son choix et remettra à Montréal celui des Panthers.

Mais voilà : le choix des Panthers est en voie d’être le 28e ou le 29e. Tandis que celui des Flames, aujourd’hui, est projeté au 16e rang. Jackpot.

Lundi matin, les Flames comptaient 85 points, avec seulement 9 matchs à disputer. Ils accusaient un retard de 6 points sur le Wild du Minnesota, détenteur du dernier billet pour les séries, avec en bonus deux matchs en main. Sur papier, ça peut encore se jouer. En réalité, tout indique qu’ils ne rattraperont pas le wagon.

Ce qui rend la situation encore plus grotesque pour les partisans calgariens, c’est que leur club est la meilleure équipe de la LNH actuellement exclue des séries.

Littéralement. Ce n’est ni une équipe en reconstruction, ni une formation en progression. C’est une organisation prisonnière du pire endroit au hockey : le no man’s land. Trop bonne pour espérer un sauvetage à la loterie. Trop faible pour jouer en mai.

Dans les scénarios les plus probables, le choix de Calgary oscillera entre le 14e et le 16e rang. Une aubaine pour le Canadien.

Et un supplice pour les Flames, qui devront vivre avec cette humiliation publique : avoir cédé un actif de valeur à un rival de l’Est pour... absolument rien.

Bien sûr, il y a une infime lueur d’espoir pour les Flames. S’ils gagnent la loterie, ils pourraient grimper de 10 positions et intégrer le top 10. Dans ce cas, leur choix deviendrait protégé, et le CH se contenterait du choix des Panthers.

Mais soyons réalistes. Les probabilités que Calgary remporte la loterie en étant 16e sont de 0,5 % à 1,5 %. Il faudrait littéralement un événement surnaturel pour que le destin leur évite cette catastrophe.

En d’autres mots, c’est (presque) fait : Kent Hughes va récupérer le 16e choix. Et il ne lui aura rien coûté.

Kent Hughes : l’homme le plus chanceux (et le plus rusé) du hockey

On peut parler de flair, d’instinct, d’opportunisme, mais dans les faits, Kent Hughes est aujourd’hui l’un des meilleurs DG de la LNH. Il ne se précipite pas. Il ne vend pas la mèche. Il attend. Il observe. Il frappe au bon moment.

Ce dossier Monahan, c’est un chef-d’œuvre. Un modèle pour les jeunes dirigeants. Pas seulement parce qu’il a bonifié l’avenir du CH, mais parce qu’il l’a fait sans sacrifier le présent. Monahan a aidé sur la glace, dans le vestiaire, et a permis d’amasser deux sélections de premier tour, dont l’une projetée top 16.

À Calgary, la colère gronde.

Pendant ce temps, dans l’Ouest, les médias sont en feu. Les partisans sont furieux. Craig Conroy est la cible de critiques de plus en plus virulentes, même s'était pas le DG au moment de la transaction.

Les chroniqueurs locaux dénoncent l’immobilisme du club, son refus d’assumer une reconstruction claire, et sa tendance à surévaluer ses actifs.

Ils ne peuvent que constater les dégâts : pas de séries. Pas de top 10. Et pas de choix.

Le contrat de Huberdeau — 10,5 M$ par saison jusqu’en 2031 — est devenu un fardeau même si le Québécois s'est relancé. Nazem Kadri vieillit. MacKenzie Weegar est bon, mais insuffisant pour sauver une structure vieillissante. Et pendant que tout s’effondre à Calgary, c’est Kent Hughes qui récolte les fruits.

Oui, ce n’est pas encore officiel. Mais dans le hockey comme à la bourse, il faut parfois savoir lire les signaux faibles.

Et tous les indicateurs pointent vers un choix autour du 16e rang pour Montréal. Ce que Hughes a réussi avec ce dossier, c’est d’orchestrer un chef-d’œuvre silencieux, une opération chirurgicale à cœur ouvert dans le chaos d’une ligue imprévisible.

Il faut le dire sans détour : le CH est entre de bonnes mains. Le DG n’est pas seulement compétent, il est rusé, prévoyant et diablement patient.

Et pour Calgary? Le bilan est sans pitié : ils ont perdu un choix de 1er tour pour se débarrasser d’un joueur qui a aidé leur adversaire… à construire l’avenir.

Kent Hughes est au septième ciel. Calgary, elle, est en enfer.