Le nom d’Hayden Paupanekis n’a peut-être pas encore traversé toutes les maisons québécoises, mais dans les coulisses du Centre Bell, on pense qu'on a réalisé un vol.
Le Canadien de Montréal vient de frapper un grand coup en grimpant au 69e rang du repêchage 2025 pour mettre la main sur ce colosse de 6 pieds 5 pouces et 203 livres, un vrai monstre physique.
Hockey DB le liste à 6 pieds 4 et 196 livres, mais on nous assure qu'il mesure bel et bien 6 pieds 5. En cédant les choix 79 et 108 aux Bruins de Boston pour parler au 69e rang, Kent Hughes a démontré sans équivoque qu’il convoitait ce joueur avec acharnement. Et il avait raison.
Paupanekis, un centre droitier originaire de Winnipeg, n’est pas simplement grand. Il est massif. Il est intense. Il est en mouvement constant sur la glace afin de faire mal à ses adversaires.
Il incarne exactement ce que le Tricolore n’a jamais vraiment su développer depuis des lunes : un centre de puissance, capable d’intimider physiquement tout en contribuant offensivement.
En grimpant de dix rangs pour sélectionner Paupanekis, le Canadien a fait bien plus que sélectionner un joueur. Il a misé sur une identité.
Le jeune homme de 18 ans a partagé sa dernière saison entre Spokane et Kelowna, totalisant 43 points (22 buts, 21 passes) en 71 matchs.
Ce ne sont pas des chiffres spectaculaires, mais ce sont des chiffres solides, constants, obtenus dans des contextes exigeants, particulièrement après avoir été impliqué dans un échange majeur impliquant Andrew Cristall.
Mais les statistiques ne racontent pas tout. Là où Paupanekis se distingue, c’est par sa capacité à changer l’élan d’un match avec une mise en échec dévastatrice, une montée au filet sans peur, ou un travail acharné en fond de territoire. Son jeu à 200 pieds impressionne les dépisteurs, tout comme sa compréhension du jeu défensif.
On parle d'un profil unique.
« C’est un joueur que tu remarques dès l’échauffement, » a dit un dépisteur de l’Ouest.
« Il a une carrure à la Tage Thompson, mais avec une mentalité plus physique. Il veut te faire sentir qu’il est sur la glace. »
Et de fait, Paupanekis est le genre de joueur qui frappe, protège la rondelle, dévie les tirs, provoque des revirements et fait payer le prix à tout défenseur qui ose s’aventurer trop près de son gardien.
Il gagne près de 50 % de ses batailles le long des rampes, un chiffre qu’il pourra améliorer avec du renforcement musculaire, mais qui démontre déjà une bonne base.
Il distribue en moyenne une mise en échec par match, mais ce ne sont pas des coups symboliques, ce sont des collisions qui changent le ton.
Ce qui séduit les recruteurs, c’est aussi sa courbe de progression. Paupanekis a affiché une belle transition après avoir été échangé à Kelowna.
Malgré l’adaptation nécessaire, il a continué à produire à un rythme régulier (11 buts et 19 points en 32 matchs), tout en peaufinant son jeu défensif.
Il a aussi haussé son taux de tirs de qualité (« chances de marquer de grade A ») à 1,67 par match, une statistique révélatrice pour un attaquant de puissance.
Certains experts lui reprochent encore son jeu de pieds un peu droit, son manque de fluidité et une posture de patinage trop rigide. Mais à 6 pieds 5, c’est souvent le prix à payer.
Son coup de patin s’améliore, et sa vitesse en ligne droite est étonnamment efficace pour un joueur de sa taille. Il a d’ailleurs dominé quelques courses en transition contre des défenseurs plus mobiles, ce qui en dit long sur son explosivité.
Il reste du travail. Son pourcentage de mises en jeu (52 %) est juste, mais pas encore élite. Il doit améliorer sa gestion de la rondelle sous pression (quatre revirements par match en moyenne).
Il tire trop peu, avec à peine 1,7 tir par match malgré son gabarit. Et il ne provique que 0,25 pénalité par match, une statistique trop basse pour un joueur censé déranger l’adversaire physiquement.
Mais tout cela peut se travailler. Ce qui ne s’enseigne pas, c’est l’envie. La hargne. L’aptitude à entrer dans un match avec la volonté de le marquer de sa robustesse. Et ça, Paupanekis l’a déjà.
En regardant les besoins de l’organisation montréalaise, cette sélection fait du sens sens. Le CH doti se grossir.
Hayden Paupanekis n’arrivera pas à Montréal demain matin. Mais il pourrait très bien incarner, dans trois à cinq ans, ce troisième centre dont rêvent tous les entraîneurs : fiable défensivement, robuste, intimidant, et capable de marquer ses 15 à 20 buts.
Et si son développement se passe mieux que prévu? Il pourrait très bien devenir un deuxième centre d’impact, dans un rôle à la Ryan Kesler ou Nick Paul.
Ce n’est pas pour rien que certains recruteurs l’ont comparé à ces profils hybrides de puissance, à mi-chemin entre le grinder et le marqueur.
C’est aussi ça, le message derrière cette transaction et cette slection. Le Canadien ne veut plus de finesse uniquement. Il veut du poids. Il veut des gars capables de survivre à une série contre Boston. Et dans ce contexte, échanger deux choix pour monter et repêcher Paupanekis, c’est un acte de foi vers une nouvelle identité.
Kent Hughes et Jeff Gorton ont choisi leur homme. Ils n’ont pas attendu qu’il tombe par miracle au 79e rang. Ils sont allés le chercher. Parce qu’un joueur comme lui, avec son potentiel physique et son engagement, ne passe pas inaperçu longtemps.
Et maintenant?
Le développement commence. Paupanekis rejoindra bientôt le camp de développement du CH. Il aura l’occasion de montrer, dès les premiers entraînements à Brossard, qu’il ne fait pas que remplir un chandail XXL, il peut aussi remplir un rôle essentiel de policier sur la glace.
Et les partisans montréalais, eux, peuvent déjà se préparer à scander un nouveau nom difficile à prononcer… mais impossible à ignorer.
Pau-pa-ne-kis. Le futur cauchemar des défenseurs adverses.