Transaction d'Arber Xhekaj: le cauchemar de son petit frère

Transaction d'Arber Xhekaj: le cauchemar de son petit frère

Par Marc-André Dubois le 2025-03-25

Il y a parfois des trajectoires qui donnent des frissons. Des histoires de frères, de familles, d’espoirs partagés. Et dans l’organisation du Canadien de Montréal, c’est aujourd’hui le nom de Xhekaj qui fait frémir les partisans — pour deux raisons bien différentes.

D’un côté, Florian, le plus jeune des deux frères, continue de faire tourner les têtes à Laval. Sur les ondes du 98.5 FM, Pascal Vincent n’a pas caché son admiration devant ce qu’il voit chaque soir sur la glace.

Et il n’a pas eu peur de rêver à voix haute.

« Il manque juste du temps. Je pense qu’il va se rendre là, éventuellement », a-t-il affirmé.

Une déclaration qui vaut de l’or quand elle vient d’un entraîneur aussi respecté. À ses yeux, Florian n’est pas simplement un bagarreur ou un nom de famille qui sonne virial. C’est un joueur de hockey complet, intelligent, discipliné.

« Le dernier match, ça a été l’attaquant que j’ai le plus utilisé à presque 20 minutes de jeu », a souligné Vincent, visiblement emballé.

Et ce n’est pas tout :

« On connaît le nom de famille et on sait ce qu’il peut faire sur la glace, ce qui est évident au niveau de la robustesse, et jeter les gants. Ça, c’est une chose. Mais c’est un joueur de hockey. »

Ces propos sont lourds de sens. Florian Xhekaj n’est plus un simple projet. Il est en train de forcer la porte du Canadien.

Il est en train d’émerger comme un véritable joueur de quatrième trio pour l’avenir. Son positionnement, son implication défensive, sa progression physique, son potentiel d’un jour jouer en avantage numérique… tout est là.

« Son patin, sa mécanique de patin est très bonne », note Vincent.

« Il va améliorer sa vitesse avec le temps, parce qu’il va devenir plus fort physiquement. »

Et pendant que Florian gravite vers Montréal, Arber, lui, semble lentement en être repoussé.

Le retour imminent de Kaiden Guhle à l’entraînement a jeté une ombre immense sur le camp d’Arber Xhekaj. Ce chandail régulier porté par Guhle, ce retour annoncé à court terme, pourrait bien être le début de la fin pour le Shérif à Montréal.

Parce qu’en dépit de sa solide performance contre l’Avalanche, en dépit du combat spectaculaire contre Keaton Middleton, le portrait reste le même : Jayden Struble est tout simplement trop bon en ce moment pour être sorti de l’alignement. Martin St-Louis lui accorde une confiance presque aveugle.

Et c’est là que tout devient stressant pour Xhekaj.

La logique veut que David Savard sorte. Mais Savard est un droitier, ce que Martin St-Louis et son personnel d’entraîneurs valorisent particulièrement, surtout avec Alex Carrier comme seul autre droitier fiable.

Le Canadien ne semble pas prêt à rappeler Logan Mailloux ou David Reinbacher en pleine course aux séries. L’équilibre de la brigade défensive est déjà fragile.

Alors qui sort?

Tout pointe vers Arber Xhekaj. Encore. Toujours lui. Comme un éternel suspect.

Et dans l’ombre de cette menace, une autre se profile : celle d’un départ. D’une transaction. D’un changement de décor.

Depuis plusieurs semaines, les rumeurs refont surface. Les Flyers de Daniel Brière. Les Blackhawks de Chicago. Deux équipes qui adoreraient ajouter un joueur comme Xhekaj dans leur alignement : jeune, robuste, intense, avec un profil unique dans la LNH moderne.

Le genre de joueur qui peut changer le ton d’un match, qui peut faire reculer les adversaires sans même toucher à la rondelle.

Mais à Montréal, cette intensité semble déranger autant qu’elle fascine. Martin St-Louis a longtemps résisté à lui donner le surnom de “Shérif”, préférant briser le personnage pour forger un défenseur plus sobre, plus discipliné, plus “coachable”.

Il n’a jamais aimé ses pubs de burgers, ses activités marketing, son image de justicier.

Et maintenant que Xhekaj est devenu ce défenseur plus stable, plus responsable, voilà qu’il pourrait être sacrifié sur l’autel de la profondeur.

Voilà qu’il pourrait faire ses valises alors que son jeune frère, lui, prend racine dans l’organisation.

La réalité est cruelle. Arber a ouvert la porte pour Florian. Il a été le pionnier. L’inspiration. Et aujourd’hui, c’est peut-être lui qui en paiera le prix.

Ce n’est pas une trahison, bien sûr. C’est le hockey. Mais c’est dur. Très dur. Et on le sait, les joueurs sentent ces choses-là.

Ils voient venir la vague. Et quand les journalistes, les partisans, les analystes commencent à débattre ouvertement de qui sortira de l’alignement, Xhekaj n’est jamais bien loin de la première option.

Il le sait. Son agent le sait. Et s’il est effectivement laissé de côté à nouveau, à l’approche des séries, il est fort probable que les discussions s’accélèrent.

Il reste une année à son contrat de 1,3 million de dollars. Une aubaine. Une vraie aubaine. Et dans une LNH obsédée par les contrats favorables, c’est exactement le genre de profil que plusieurs DG vont tenter d’arracher à Kent Hughes cet été.

Pendant ce temps, à Laval, Florian Xhekaj attend son heure. Et s’il fallait un rappel de sa progression fulgurante, Pascal Vincent l’a parfaitement résumé :

« Ce qui m’impressionne le plus, c’est l’attention aux détails. Comment il utilise son positionnement sur la glace, sa capacité de lire les jeux et de se positionner bien défensivement pour créer cette offensive-là. »

Autrement dit, tout ce qu’on reprochait à Arber il n’y a pas si longtemps.

Le vent tourne. Et parfois, il souffle dans le dos de ceux qu’on attendait le moins.

Ce qui se dessine pour Arber Xhekaj, c'est peut-être la page la plus cruelle de son parcours montréalais. Alors qu'il croyait enfin avoir consolidé sa place dans l'alignement, le retour imminent de Kaiden Guhle, combiné à l'éclosion de Jayden Struble, pourrait bien le reléguer dans les gradins.

Et pendant que lui vit dans l'incertitude, son jeune frère Florian brille de tous ses feux à Laval, sous les compliments de Pascal Vincent.

« Présentement, je ne le fais pas jouer sur l'avantage numérique, parce que je veux protéger son énergie, son développement à 5 contre 5 et en désavantage numérique. Mais je sais qu'éventuellement, ça pourrait être un gars que je pourrais utiliser à ce niveau-là », a-t-il confié. 

« Son attention aux détails. Comment il utilise son positionnement sur la glace, sa capacité de lire les jeux et de se positionner bien défensivement pour créer cette offensive-là »

Pascal Vincent a aussi précisé :

« Ce n'est pas un sprint. Il faut juste que, au moment où il va y avoir une opportunité, qu'il soit prêt mentalement et physiquement ».

Cette phrase, lourde de sens, pourrait tout aussi bien s'appliquer à Arber, mais dans le sens inverse : s'il est échangé cet été, ce sera peut-être enfin pour lui l'opportunité de jouer sans épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Ces mots pourraient être répétés en boucle dans le cerveau d'Arber, qui sait que son jeu, bien que plus discipliné qu'à ses débuts, reste encore associé à l'indiscipline et à l'émotivité.

Il y a quelques mois encore, Arber était la coqueluche du public, le Shérif adoré du Centre Bell. Aujourd'hui, son avenir est incertain, alors que Florian, lui, incarne le futur.

Le Shérif pourrait bien quitter la ville alors que son frère s'y installe pour de bon. Et si Arber devait être échangé cet été, ce serait un véritable cauchemar pour Florian, qui s'apprête à faire ses débuts dans la LNH l'an prochain.

Les deux frères avaient rêvé de porter le même chandail dans la même ville, et leur famille de vivre ces moments ensemble.

Un transaction d'Arber briserait ce rêve en plein vol. Le Centre Bell pourrait devenir le théâtre d'une histoire manquée, alors que Florian s'imposera comme joueur de quatrième trio... sans son frère à ses côtés.

Prions pour que la transaction ne survienne pas. Ce sera trop triste pour la famille au grand complet.