Transaction de Carey Price: Kent Hughes veut faire baisser les enchères

Transaction de Carey Price: Kent Hughes veut faire baisser les enchères

Par David Garel le 2025-09-01

Depuis des semaines, l’air est lourd à Montréal.

Les partisans, les journalistes et même certains joueurs du Canadien sont sur le qui-vive, les yeux rivés sur la date fatidique du 1er septembre.

On croyait que l’échange du contrat de Carey Price serait conclu dès ce matin, une formalité presque administrative après le versement de son dernier boni de 5,5 M$.

Mais les heures passent et rien n’est encore officiel. Pourquoi ? Parce que Kent Hughes n’est pas pressé de se débarrasser du contrat de Price à rabais.

Le DG du CH joue la carte de la patience et tente, en coulisses, de faire baisser les enchères en opposant trois prétendants : Chicago, Pittsburgh et San José.

Selon Nicolas Cloutier (TVA Sports), les Sharks de San Jose demeurent les favoris pour absorber le contrat de Price.

Tout concorde : une équipe en pleine reconstruction, à quelques millions au-dessus du plancher salarial, et déjà identifiée depuis l’été comme le partenaire naturel du CH parce que le DG Miek Grier compte continuer sa liquidation durant l'année et aura besoin du contrat de Price pour atteindre le plancher salarial à la date limite des transactions.

Mais rien n’est simple.

D’abord, San Jose est à un seul contrat de la limite des 50 joueurs. Donc, pour accueillir Price, il faudrait nécessairement déplacer des éléments vers Montréal, probablement des joueurs de la AHL/ECHL qui servent à libérer de l’espace.

Le nom de Michael Misa, qui n’a toujours pas signé son contrat d’entrée, pourrait devenir le 50e contrat des Sharks, ce qui complique encore les choses.

Ensuite, les Sharks se montrent durs en affaires : ils exigeraient un choix de 3e ronde pour absorber Price, malgré le fait qu’il ne reste qu’un an au contrat, 2 M$ en salaire réel et que l’assurance couvre une grande partie du salaire réel (environ 60 %). Hughes, pour l’instant, refuse de céder si facilement.

Les Blackhawks de Chicago, eux, aimeraient bien obtenir Price pour gonfler artificiellement leur masse salariale autour de Connor Bedard et atteindre le plancher à la date limite quand d'autres transactions surviendront.

Mais ils veulent profiter du deal pour liquider un de leurs défenseurs de surplus. Le nom qui revient ? Connor Murphy.

À 32 ans, 4,4 M$ sur la masse salariale et une historique de blessures, Murphy est vu comme le joueur que Chicago cherche désespérément à passer avant d’autres jeunes (Wyatt Kaiser, Nolan Allan et Louis Crevier).

Problème : Montréal n’a aucun intérêt à ajouter un défenseur droitier vieillissant, surtout dans une brigade déjà saturée.

Hughes n’a pas oublié l’épisode Jeff Petry : récupérer un vétéran pour ensuite le « flipper » ailleurs. Il pourrait envisager la même stratégie, mais cela complexifie l’opération. Les Hawks ne sont plus considérés comme le partenaire idéal tant qu'ils exigent que Murphy soit inclus dans le deal.

À moins que Hughes trouve le moyen d'effectuer une transaction à trois équipes.

Enfin, il y a Pittsburgh. Les Penguins, en transition de propriétaire (la famille Hoffmann a acheté l'équipe pour 1,75 millions de dollars) et à la veille d’une liquidation majeure, voient dans Price une façon d’équilibrer leurs chiffres.

Le contrat servirait à atteindre le plancher s’ils décident de vendre des vétérans comme Bryan Rust, Rickard Rakell ou Erik Karlsson.

Mais cette option est lourde en terme de message. Pour Hughes, c’est une carte stratégique : si Price atterrit à Pittsburgh, cela pourrait accélérer la liquidation et le divorce entre Crosby et l’organisation…

Et rouvrir le rêve de voir le capitaine canadien finir sa carrière à Montréal.

En attendant, Hughes joue la montre. En fait, il veut orchestrer une surenchère négative. Il laisse couler que Montréal n’est pas pressé, que le contrat pourrait très bien rester jusqu’à l’hiver, voire décembre.

C’est une manière de mettre la pression sur ses interlocuteurs : Chicago veut sortir Murphy, San Jose doit gérer sa limite de contrats, et Pittsburgh hésite à afficher trop tôt ses intentions de reconstruction pour ne pas froisser Crosby.

Kent Hughes ne s’en cache pas : il veut liquider le contrat de Carey Price, mais pas à n’importe quel prix. Depuis plusieurs jours, tout le monde parle d’un choix de troisième ronde comme compensation exigée par les Sharks de San José, considérés comme les favoris dans ce dossier.

Mais voilà que le DG du Canadien tente une manœuvre audacieuse : transformer la situation en surenchère négative.

Plutôt que de céder à la demande de San Jose, Hughes laisse filtrer dans les coulisses qu’il n’est pas pressé d’agir.

Il sait que les Sharks, Pittsburgh et Chicago ont chacun leurs raisons d’absorber un contrat lourd comme celui de Price.

Il sait aussi que toutes ces équipes veulent manipuler leur masse salariale en vue d’une reconstruction ou pour atteindre le plancher. Alors il patiente, espérant que cette compétition à bas bruit fera descendre la facture.

C’est ainsi qu’on passe d’une discussion autour d’un choix de troisième ronde… à un bras de fer pour faire accepter un choix de quatrième ronde.

Un jeu subtil, mais risqué. Hughes mise sur le fait que les Sharks ne veulent pas commencer la saison avec une masse salariale fragile et qu’ils sont déjà à un contrat de la limite de 50.

Il espère que la pression fera craquer San Jose, ou qu’un club comme Pittsburgh se greffera aux pourparlers pour forcer Verbeek et son groupe à revoir leurs attentes.

En somme, le DG du CH joue une partie d’échecs à plusieurs adversaires. Chaque heure qui passe augmente l’inquiétude des partisans, mais Hughes, lui, reste froid.

Il croit qu’en étirant la négociation, il pourra non seulement se débarrasser du contrat de Price, mais le faire à rabais, sans avoir à sacrifier inutilement un choix de troisième tour. 

Une stratégie risquée, certes, mais qui pourrait s’avérer payante si la fameuse surenchère négative fonctionne comme prévu.

Ce matin, tout le monde croyait à une annonce imminente. Mais la réalité est que Hughes pèse encore le pour et le contre. Il sait qu’une fois Price échangé, la page sera tournée, que Montréal aura enfin une flexibilité totale sous le plafond. Mais il ne veut pas gaspiller cette dernière monnaie d’échange en la cédant trop vite, ou trop bas.

Le 1er septembre devait être une conclusion. Finalement, il pourrait n’être qu’un point de départ. Le dossier Price n’est pas seulement un transfert comptable.

C’est une partie d’échecs à trois joueurs, où chaque coup compte, et où Kent Hughes entend bien sortir vainqueur.