Transaction de Mike Matheson: son entourage perd patience

Transaction de Mike Matheson: son entourage perd patience

Par David Garel le 2025-07-04

C’est peut-être l’histoire la plus sournoise de l’été à Montréal.

Une histoire qu’on ne raconte pas encore à voix haute dans les corridors du Centre Bell, mais qui commence à se murmurer avec une inquiétude grandissante.

Mike Matheson, ce leader de la défense montréalaise, est à un tournant de sa carrière. Et son entourage, selon nos informations, commence sérieusement à se poser des questions. Des questions qui dérangent. Des questions que Kent Hughes ferait bien de se poser lui aussi.

Car Matheson entre dans la dernière année de son contrat. Une entente de huit saisons signée avec les Panthers de la Floride, et dont il a hérité lors de son arrivée à Montréal.

Il lui reste une seule saison à écouler avant de devenir joueur autonome. Et pour la première fois depuis des années, son avenir est complètement flou. Pire encore : il pourrait être sacrifié par l’arrivée massive de jeunes défenseurs, dans une hiérarchie qui ne lui est plus favorable.

Quand Kent Hughes a affirmé, en conférence de presse, vouloir « garder Mike Matheson », plusieurs y ont vu une déclaration rassurante.

Mais ceux qui lisent entre les lignes ont compris tout autre chose : ce type de message, livré au mois de juillet, alors que la LNH est en pleine effervescence transactionnelle, sonne plutôt comme une tentative de calmer le jeu. De gagner du temps. Car dans les faits, la situation de Matheson ne tient plus debout.

Depuis l’acquisition de Noah Dobson, tout a changé.

Dobson est droitier, mais on sait que la hiérarchie des minutes va être bouleversée. Dobson va jouer 24 à 26 minutes par match, et il va être utilisé sur la première unité d’avantage numérique.

Il est le défenseur numéro un du club, point final. Lane Hutson, lui, est vu comme le quart-arrière offensif de demain. Il est protégé par l’organisation, encadré par Martin St-Louis, et on lui prépare une place de choix sur première ou la deuxième paire et son fauteuil sur la première unité d'avantage numérique est bien confirmée. (il sera le 2e défenseur le plus utilisé de l'équipe).

Kaiden Guhle est intouchable (jouera sûrement avec Dobson), David Reinbacher est à deux doigts de faire la LNH à temps plein et Alexandre Carrier sera l'un des quatre défenseurs les plus utilisés avec Dobson, Hutson et Guhle

Dans cette jungle, où se retrouve Mike Matheson?

Sur une troisième paire. Avec peut-être des miettes en avantage numérique sur la 2e unité. Une moyenne de 17 à 18 minutes par match maximum et cela devrait être moins.

Bref, une pression immense pour produire dans un rôle où il ne sera plus la figure numéro un du jeu de transition. Or, son agent le sait : ce rôle limité aura des conséquences dévastatrices sur sa valeur en vue du marché des joueurs autonomes à l’été 2026.

En 2023-2024, Matheson a récolté 62 points. C’était une saison extraordinaire, qui l’a placé parmi les défenseurs les plus productifs de la LNH.

Mais dès que l’organisation lui a retiré les responsabilités offensives, notamment les minutes en supériorité numérique, sa production a chuté de moitié. Moins de visibilité. Moins d’implication. Moins d’impact.

Un agent de joueur nous a même dit récemment :

« Si tu enlèves 8 minutes à Matheson par match, cela va lui coûter au moins 2 millions par année sur son prochain contrat. »

C’est là que ça devient invivable pour le défenseur.

Matheson, 31 ans, est en pleine possession de ses moyens. Il n’a jamais été aussi fort physiquement. Jamais aussi mobile.

Il sait pertinemment que s’il performe dans un rôle de top-4, il peut aller chercher un contrat à 7 millions $ par année, sur quatre ou cinq ans. Un pactole. Le dernier de sa carrière. Mais s’il est utilisé comme défenseur de soutien, sa valeur chute instantanément. Et les offres vont suivre cette logique froide.

Son entourage commence donc à envisager l’impensable : demander un échange.

Et ce n’est pas un hasard si plusieurs formations, notamment à l’Ouest, surveillent le dossier de très près. Les Kings, les Jets, les Stars, les Predators, les Oilers… tous cherchent un défenseur mobile, fiable, capable de jouer 22 minutes par soir. Et tous savent que Matheson peut encore assumer ce rôle. Mais pas à Montréal.

Le problème, c’est que Hughes veut conserver sa profondeur. Il ne veut pas « se départir de bons vétérans pour faire plaisir à des agents ».

Mais cette stratégie pourrait se retourner contre lui. Car plus le temps passe, plus Matheson perd de la valeur. Et si le Canadien commence la saison en l'envoyant à un rôle de troisième paire, il y a fort à parier que son rendement sera à la baisse.

Les statistiques vont chuter. L’impact sera moindre. Et au moment de la date limite, le DG du CH aura entre les mains un défenseur vétéran, productif « à temps partiel », qu’il devra presque donner.

C’est pourquoi plusieurs voix à l’interne croient que l’échange de Matheson devrait se faire avant le début du camp. Pendant qu’il a encore une valeur élevée. Pendant que certaines équipes croient encore qu’il peut être un général.

Il faut aussi souligner le côté humain de cette histoire. Mike Matheson aime Montréal. Sa femme aussi. C’est une famille enracinée dans le paysage québécois.

Le couple Matheson a toujours été impliqué dans la communauté. Ils ont accepté la tempête médiatique où Matheson était attaqué de partout publiquement. Ils ont défendu le chandail du CH avec dignité.

Mais depuis quelques semaines, quelque chose a changé. Ce n’est plus la même attitude. Il y a une tension évidente dans leur entourage. Une peur sourde que Mike soit sacrifié au nom d’un plan de reconstruction qui ne fait plus de place aux vétérans.

C’est ce qu’on appelle un cas classique de « timing cruel ».

Matheson arrive à la fin de son contrat. Il est encore dans son prime. Il pourrait obtenir le plus gros contrat de sa carrière l’été prochain.

Mais il se retrouve dans une organisation qui, sans le dire, l’a déjà relégué au second plan. Et le joueur, lui, ne peut pas se permettre de rater cette saison. Car s’il passe de 25-28 à 15-17 minutes, c’est des millions qui s’envolent.

En somme, ce dossier est une bombe à retardement. Et la bombe n’explosera pas au camp. Ni en octobre. Elle explosera en février, quand Hughes aura à décider : veut-il le garder pour les séries… ou récupérer un choix de premier tour pendant qu’il le peut encore?

Et Mike Matheson, dans tout ça? Il sourit. Il s’entraîne. Il joue son rôle. Mais derrière le sourire, il y a une urgence. Une angoisse. Celle d’un joueur qui comprend qu’il ne contrôle plus son destin.

Et c’est peut-être la partie la plus cruelle de ce sport : quand tu es trop bon pour être échangé… mais trop vieux pour qu’on te fasse de la place.

Dans l’entourage de Mike Matheson, la patience commence sérieusement à s’effondre.

Son agent, sa famille, tous ceux qui veillent à ses intérêts voient bien les signaux : le CH ne pourra pas lui offrir un rôle à la hauteur de son talent ni des minutes suffisantes pour justifier une production offensive digne d’un contrat majeur sur le marché des joueurs autonomes.

Selon plusieurs sources, les discussions en coulisses s’intensifient, et l’idée d’une demande de transaction commence à prendre forme.

Matheson est conseillé, et même encouragé, à quitter Montréal dès cette saison pour aller mousser ses statistiques ailleurs.

L’objectif est clair : se positionner avantageusement pour le 1er juillet 2026.. Un défenseur mobile, expérimenté, capable de jouer 24 à 27 minutes par soir sur une première paire, ça ne court pas les rues.

Mais encore faut-il qu’il soit utilisé comme tel.

Or, à Montréal, tout indique qu’il glissera vers la troisième paire, derrière Noah Dobson et Lane Hutson. Un rôle qui le condamnerait à l’oubli.

Tout cela place Kent Hughes devant un choix incontournable : conserver un vétéran frustré dans un rôle réducteur, au risque de nuire à sa valeur et de créer une tension dans le vestiaire, ou accepter que le mariage entre Matheson et le Canadien touche à sa fin.

Car une chose est claire : Mike Matheson ne peut pas se permettre une saison dans l’ombre. Lui qui rêvait de finir sa carrière à Montréal est maintenant confronté à une dure réalité. Il est coincé entre une jeunesse ambitieuse qui monte en flèche, et un marché des agents libres qui pourrait lui rapporter le plus gros chèque de sa carrière… à condition qu’il produise.

Le compte à rebours est lancé. Et si Hughes ne bouge pas rapidement, il risque de perdre un atout précieux pour des miettes, tout en envoyant un message troublant aux vétérans de cette organisation : à Montréal, on enterre les piliers dans la troisième paire, peu importe ce qu’ils ont donné.