Transaction de Mitch Marner: rien ne va plus à Toronto

Transaction de Mitch Marner: rien ne va plus à Toronto

Par Marc-André Dubois le 2025-06-28

Les Maple Leafs de Toronto ont décidé de virer leur identité à l'envers.

Exit le "hockey champagne", place à l’équipe papier sablé. Rugueuse. Lourde. Vieillissante. Et complètement déconnectée de la réalité.

Alors que Mitch Marner s’apprête à signer un contrat de 12 millions de dollars par saison à Las Vegas, un secret de Polichinelle dans toute la LNH, les Leafs négocient avec le DG Kelly McCrimmon pour lui envoyer les droits de la super vedette.

Car au lieu de tirer une leçon de leur incompétence chronique, Brad Treliving et ses hommes de main veulent se donner une nouvelle identité : celle d’une équipe robuste, col bleu, intimidante.

Une sorte de version tardive des Bruins de 2011, Blues de 2019 et de la nouvelle dynastie des Panthers de la Floride. 

Le plan torontois devient complètement absurde.

Pour céder les droits de Mitch Marner à Vegas avant qu'il ne teste le marché des agents libres, deux noms circulent : Nicolas Roy et Nicolas Hague.

Deux joueurs de soutien. Deux soldats. Deux gros bonshommes. Deux plombiers.

Et on parle ici de Mitch Marner : 102 points en saison régulière, 13 en séries. Un des joueurs les plus dynamiques et intelligents de la LNH. Un talent générationnel. Un enfant du pays. 

Au moins, Toronto ne va pas le perdre pour rien.

Et pour quoi?

Pour Nicolas Roy, robuste attaquant québécois de 6’4’’, 201 livres, joueur de 4e trio à Vegas. Et Nicolas Hague, défenseur de 6’6’’, 245 livres, connu pour sa présence physique mais aussi pour ses limites offensives évidentes. Deux joueurs utiles, mais qui n’appartiennent en aucun cas à la même catégorie que Marner.

Les Leafs veulent du poids. De la robustesse. Des muscles. Comme si le hockey de 2025 se jouait encore avec des coudes levés et des bâtons dans les côtes. Ce changement de cap s’inscrit dans un plan plus vaste.

Brad Treliving veut :

Brad Marchand, 37 ans, pour 8 millions de dollars par année.

Aaron Ekblad, qui préfère justement Vegas ou Dallas.

On voulait aussi Sam Bennett, qui a déjà signé avec les Panthers pour 8 ans et 64 millions mais ça, Toronto fait semblant que ce n’est pas arrivé.

Et maintenant, Nicolas Roy et Nicolas Hague, en échange de Marner.

C’est littéralement un club qui veut devenir les méchants Leafs au lieu des "soft Leafs".

À Vegas, on se frotte les mains. Marner a visité des maisons. Il s’est même entretenu avec les représentants de l’équipe à plusieurs reprises. Il veut aller là. Il veut s’éloigner de la pression torontoise. Il veut gagner.

Et surtout, il ne veut plus entendre parler des Maple Leafs.

En retour, les Golden Knights vont se débarrasser de deux salaires secondaires. Deux gars solides, certes, mais qui sont devenus de trop dans un club qui cherche à alléger sa masse salariale.

Roy a un contrat raisonnable : 3 M$ pour deux saisons. Il est utile. Gabarit impressionnant. Bon en séries. 

Même chose pour Hague. Défenseur imposant, mais qui ne joue pas sur le top 4 à Vegas. Un gars qu’on protège parfois à 5 contre 5. Il est parfait pour un 3e duo, mais sans plus.

Et Morgan Rielly dans tout ça?

Justement. Toronto, dans un geste de génie inversé, veut reproduire exactement le même affront qu’ils ont fait à Marner en 2024 : demander à Morgan Rielly de lever sa clause de non-échange pour libérer de l’espace salarial et accueillir les vétérans cibles.

Rappelons que c’est cette même stratégie qui avait brisé le vestiaire en 2024. Marner avait été trahi. Ses coéquipiers étaient furieux. Et le DG n’avait jamais assumé.

Aujourd’hui, on refait le même coup. À Rielly. Le joueur le plus fidèle. Le plus respecté. Le plus digne. Et ce dernier aurait refusé de lever sa clause de non-échange.

Tout ça pour faire de la place à Brad Marchand qui va être clairement surpayé pour son âge et ce qu'il lui reste dans le réservoir.

Ce que Toronto fait, c’est ceci :

Échanger un joueur élite (Marner) pour deux joueurs de soutien (Roy, Hague) au lieu de le perdre pour rien.

Tenter sans succès de se débarrasser d'un défenseur loyal (Rielly) pour signer un autre défenseur au dossier médical explosif (Ekblad) et qui sera surpayé. (et qui ne veut rien savoir de Toronto).

Offrir un pont d’or à un agitateur vieillissant (Marchand) pour qu’il devienne le visage de la franchise.

Le tout en proclamant vouloir changer la culture.

Mais cette culture est morte.

On ne bâtit pas un avenir en allant chercher les résidus des clubs champions. On ne gagne pas la Coupe en remplissant son alignement de gars qu’on aurait signés… en 2015.

Toronto n’apprend jamais. C’est ça, la vraie honte.

Marner sera une vedette à Vegas. 

Pendant ce temps, les Leafs auront Nicolas Roy, Nicolas Hague… et un vestiaire fracturé.

Ils veulent payer Brad Marchand pour ses souvenirs.

Ils auront échangé du génie pour de la sueur.

Et ils auront une fois de plus prouvé ce que tout le monde dans la LNH murmure dans les coulisses :

« Toronto ne sait pas perdre. Mais encore moins gagner. »

Le plan sablé de Brad Treliving? Un château fragile qui va s'écrouler.

Pendant ce temps, on se demande si cela va donner des idée à Kent Hughes et Jeff Gorton.

Une proposition serait même sur la table du Canadien de Montréal : acquérir les droits de Brock Boeser avant le 1er juillet, comme Vegas tente de le faire avec Marner.

Mais contrairement aux Golden Knights, le CH ne bénéficie d’aucune garantie dans ce dossier. Tout le monde sait que Marner veut aller à Vegas : il y a des rencontres, des visites de maisons, une volonté claire. 

Boeser, lui, a déjà fait savoir qu’il n’avait aucun intérêt à évoluer à Montréal. Il aurait confié à son entourage qu’il voulait éviter les marchés canadiens, et qu’il ne voyait pas le CH comme une destination viable.

Alors que Kent Hughes évalue ses options, proposer un choix ou un espoir pour obtenir les droits d’un joueur qui ne veut rien savoir de Montréal serait une erreur colossale. 

Ce n’est pas une situation de doute ou de “50-50” : Boeser ne veut pas venir. Point final.