Transaction de Samuel Montembeault: son agent se fait avoir

Transaction de Samuel Montembeault: son agent se fait avoir

Par David Garel le 2025-08-18

Samuel Montembeault aurait dû dormir paisiblement cet été, surtout après son mariage.

Numéro un incontesté du Canadien de Montréal. Représentant olympique assuré pour Équipe Canada. Étoile montante d’un marché francophone en quête de héros locaux. Mais à quelques semaines du camp d’entraînement, son monde bascule de nouveau.

La menace vient d'un "kid" de 20 ans à peine, calme, affamé comme un loup : Jacob Fowler. Et cette fois, l’orage est bien réel. Si le jeune prodige perce l’alignement du Tricolore en septembre, ce sera peut-être le début de la fin pour Montembeault à Montréal.

Et ce ne serait même pas de sa faute.

À première vue, Montembeault a tout pour lui. Une entente de trois ans signée en décembre 2023. Un contrat à 3,15 M$ par saison. Un statut de gardien numéro un qu’il a mérité avec panache lors de la dernière saison. Des chiffres solides, un calme olympien, une confiance en croissance.

Mais ce que peu osent dire à voix haute, c’est que Samuel Montembeault est pris au piège.

Pris dans une entente bradée par son agent, Paul Corbeil. Pris dans un marché qui salue son travail mais prépare déjà l’avenir.

Pris dans une structure contractuelle où il n’est protégé par rien, ni clause de non-échange, ni sécurité à long terme. Et surtout, pris dans un filet qui s’appelle Jacob Fowler.

Commençons par le scandale contractuel.

Selon Dom Luszczyszyn, expert statistique de The Athletic, Montembeault devrait gagner 9 millions de dollars par année en fonction de son rendement réel.

Pas 3.15 M$. Non, 9 M$, soit près de 6 M$ de moins par saison que sa valeur de marché. Sur trois ans, c’est une perte sèche estimée à 21 millions de dollars.

C’est le plus gros vol de l’ère Kent Hughes. Et ce n’est même pas le DG qui est à blâmer. La faute revient à l’agent, Paul Corbeil, qui a signé une entente catastrophique.

Aucune clause de protection. Aucune prime. Aucune option. C’est un contrat de transition… sauf que le joueur est en pleine apogée.

Et tout le monde le sait.

Pendant que Montembeault se prépare, un vent nouveau souffle sur Brossard. Son nom : Jacob Fowler.

À 20 ans, Fowler a tout ce qu’on recherche chez un futur gardien vedette. Il est droitier, technique, calme, intelligent.

Il a dominé la NCAA avec Boston College, affichant une moyenne d’efficacité stratosphérique. Il a remporté tous les honneurs possibles dans les rangs juniors. Et il est LE projet chéri de Kent Hughes et Jeff Gorton.

Fowler est l’avenir. Montembeault ? Le présent… mais pour combien de temps?

Le pire scénario pour Montembeault serait que Fowler perce dès le camp. Que sa maturité, son calme et son niveau d’entraînement forcent la main de Martin St-Louis.

Parce qu’en vérité, même si on veut protéger le développement de Fowler, si le kid est prêt, il jouera. Peu importe le contrat de Dobes. Peu importe l’expérience de Kahkonen.

Et là, la descente aux enfers commencerait.

Une course à trois… ou un piège à deux?

Sur papier, c’est Jakub Dobeš qui est favori pour seconder Montembeault en début de saison. Il a signé une entente à un seul volet, preuve de la confiance du CH. Il a montré de belles choses lors de son rappel. Et il coûte moins de 1 M$ par saison. Une aubaine.

Mais sa fin de saison dernière fut inquiétante. Tellement que Martin St-Louis a dû surtaxer Montembeault, l’envoyant devant le filet dans des situations où il aurait dû se reposer. Ce fut une erreur. Et le Tricolore le sait.

C’est pourquoi l’acquisition de Kaapo Kähkönen, gardien finlandais avec 140 matchs d’expérience dans la LNH, n’est pas un hasard. À 29 ans, Kähkönen n’est pas un espoir. Il est une assurance. Une bouée. Une option de secours.

Et dans ce triangle, Fowler rôde. En embuscade. Attendant son moment.

Si Jacob Fowler perce l’alignement, Montembeault deviendra immédiatement une cible sur le marché des transactions.

Pas parce qu’il est mauvais. Pas parce qu’on ne l’aime pas. Mais parce que le Canadien ne peut pas se permettre de le perdre pour rien.

Et Kent Hughes le sait.

Le directeur général a toujours affirmé qu’il ne laisserait pas un joueur de valeur partir sans compensation. Avec une absence de clause de non-échange, Montembeault devient un actif vulnérable. Et si Fowler s’impose rapidement comme une option fiable, le temps commencera à manquer.

Ne pas échanger Montembeault serait une erreur.

Le nom des Flyers de Philadelphie revient souvent en coulisses. L’organisation est toujours à la recherche d’un vrai numéro un. Le projet Carter Hart est terminé depuis longtemos, même s'il a été acquitté. Et les Flyers, eux, adorent Montembeault.

Selon plusieurs sources, Philadelphie surveille de très près la situation à Montréal. L’équipe possède de nombreux choix de repêchage, plusieurs jeunes talents, et surtout, elle a de la place sous le plafond. Ce serait un fit idéal.

Et contrairement à des clubs comme Edmonton, les Flyers peuvent payer le prix.

Kent Hughes y penserait très sérieusement.

Dans le rapport de The Athletic, le contrat de Montembeault reçoit la note de A+. C’est le meilleur rapport qualité-prix de toute l’organisation.

Devant Suzuki. Devant Slafkovsky. Devant Caufield. Devant même Noah Dobson, qui a pourtant signé un contrat monstre.

C’est tout un compliment mais c'est aussi tragique. Parce que pendant que l’équipe se félicite de sa bonne gestion, Montembeault encaisse un salaire ridicule pour un gardien de premier plan.

Il est l’un des deux seuls Canadiens (avec Suzuki) à avoir performé au-dessus de sa valeur salariale durant trois saisons consécutives. Il est constant. Fiable. Mais il ne sera jamais récompensé à Montréal.

Un divorce déjà planifié?

Tout dans ce dossier mène à une conclusion amère : le divorce est inévitable.

Montembeault ne prolongera jamais son contrat à Montréal. Il ne l’a pas fait avant. Il ne le fera pas après. Il a été floué une fois. Il ne le sera pas deux fois. Et Kent Hughes, de son côté, ne lui offrira pas un pont d’or quand Fowler arrive à pleine vitesse.

La réalité? Montembeault pourrait être échangé dès cette saison, si la hiérarchie se clarifie.

Sinon, ce sera au plus tard l’été suivant.

Et s’il reste jusqu’à la fin de son contrat, il partira comme joueur autonome, frustré, sans retour pour l’organisation. Et ça, Kent Hughes ne l’acceptera jamais.

Une fin à la Price?

Certains osent une comparaison. Montembeault serait une version moderne de Carey Price, mais inversée.

Là où Price a été surprotégé, choyé, surpayé et surutilisé… Montembeault est exploité, négligé, et maintenant menacé.

Et pourtant, l’histoire retiendra peut-être que c’est lui, le dernier vrai gardien numéro un francophone du Canadien. Celui qui a résisté, qui a dominé malgré les doutes, qui a relevé le défi olympique, qui a livré la marchandise.

Mais que le Canadien a sacrifié pour un nouveau cycle.

Le camp approche. Montembeault garde le silence. Il s’entraîne. Il sourit. Il dit les bonnes choses.

Mais il n’est pas naïf..

Il sait que la course à trois dans les buts est un piège déguisé en compétition ouverte. Il sait que sa valeur réelle est ignorée. Il sait que la menace n’est pas Kahkonen ni Dobes, mais un "kid" de 20 ans aux gants magiques et au cœur froid : Jacob Fowler.

Et si ce dernier force la main du Canadien, le rideau tombera plus tôt que prévu sur le passage de Montembeault à Montréal.

Avec, en prime, un goût amer d’injustice, d’exploitation… et de gâchis.