Au camp du Canadien de Montréal, une guerre silencieuse mais féroce se déroule entre deux hommes que peu voyaient s’imposer : Jakub Dobes et Kaapo Kahkonen.
Pendant que Samuel Montembeault occupe encore le trône de numéro un, une réalité commence à s’imposer chez les recruteurs de la LNH : le Canadien n’aura pas la place pour tout le monde. Et déjà, les Flyers de Philadelphie, les Oilers d’Edmonton et même, de façon plus surprenante, le Utah HC sont en alerte. Ils épient, notent, observent. Et surtout… ils attendent que la première faille s’ouvre pour bondir.
Commençons par l’évidence. Samuel Montembeault n’est pas sur le point d’être échangé demain matin, mais tout le monde sait qu’il ne prolongera pas à Montréal. Son contrat de 3 ans à 3,15 millions $ par saison expire à l’été 2027. Et dans le cercle très fermé des DG de la LNH, personne ne doute que Kent Hughes ne le laissera pas partir sans retour.
Ce n’est pas une rumeur. C’est une logique mathématique. Le Canadien regarde vers l’avenir, toujours. Et Montembeault, malgré tout son mérite, n’est pas dans le plan 2026-2027 du CH, celui qui vise la Coupe Stanley avec un alignement jeune, rapide et dynamique.
Son sort est scellé, même si on ne sait pas encore quand le couperet tombera.
Mais ce qui a relancé la discussion dans les coulisses récemment, c’est la montée en flèche de Jacob Fowler au camp. Le jeune phénomène a ébloui les entraîneurs, au point de faire frémir le poste de Montembeault à moyen terme. Et cette émergence a eu un effet domino : les équipes en manque de gardiens ont commencé à se tourner vers Montréal.
Et ce qu’elles voient aujourd’hui, c’est un gardien qui va bientôt devenir disponible sur le marché des transactions.
Martin St-Louis l’a dit sans détour : le poste d’adjoint à Montembeault est ouvert. Et chaque jour, à l’aréna de Brossard, la tension monte entre les deux prétendants.
D’un côté, Kaapo Kahkonen, 29 ans, vétéran aux 140 matchs dans la LNH, qui a roulé sa bosse avec le Wild, les Sharks, les Devils et l’Avalanche.
Un gardien à l’expérience chaotique, trimballé de ballottage en ballottage, ayant atterri l’an dernier chez les Checkers de Charlotte, où il a éliminé le Rocket de Laval en séries. C’est d’ailleurs cette performance qui a mené le Canadien à s’intéresser à lui cet été.
À l’opposé, Jakub Dobes, 23 ans, le Tchèque calme, posé, qui a aidé le Canadien à gagner des matchs importants l’an dernier. Il a été appelé en urgence en raison des blessures, et il s’est imposé, au point de disputer même des matchs de séries avec le grand club. Sa courbe de progression est fulgurante. Et il est apprécié par les entraîneurs.
Les deux hommes disent la même chose : « Je vis dans le moment présent ». Mais entre les sourires, l’enjeu est énorme : seul un des deux fera l’équipe.
Et voilà pourquoi la Ligue entière regarde ce duel de près.
Edmonton, Philadelphie et même l’Utah attendent dans l’ombre.
Les Oilers d’Edmonton n’ont jamais été à l’aise devant le filet. Stuart Skinner est fini dans sa tête. Calvin Pickard est un gardien de la ligue américaine. L’état-major, mené par Stan Bowman, épie de près la situation à Montréal, prêt à réclamer ou transiger si un gardien est sacrifié.
Les Flyers de Philadelphie, eux, sont dans un vide sans fin. Carter Hart (qui va signer avec la Caroline) a refusé de revenir à Philadelphie (il veut ouvrir une nouvelle page).
Un duo de Samuel Ersson et Dan Vladar n'inspire pas confiance. Ils ont besoin d'un autre gardien qui pourrait les chauffer et surtout, remplir un poste dans la ligue américaine au besoin.
L’organisation a manifesté un intérêt concret pour Dobes cetété. Et aujourd’hui, alors que le Tchèque est menacé par Kahkonen l’emporte, Philadelphie est à l’affût.
Mais la surprise vient surtout de l’Utah. Nouvelle équipe, nouveau branding, et… pas de gardien numéro un clair. Le club n’a toujours pas trouvé son visage dans les buts.
Et la direction serait fascinée par le potentiel de Dobes, vu comme un « late bloomer » capable d’exploser dans un bon environnement. S’il est coupé ou échangé, l’Utah pourrait offrir une vraie chance.
Peu importe qui gagne à Brossard, l’autre devra passer par le ballottage. Et dans l’environnement actuel, c’est un pari que Kent Hughes ne voudra peut-être pas prendre.
Le Canadien pourrait tenter de monnayer Kahkonen avant de le placer au ballottage si Dobes remporte le poste. Si Kahkonen remporte la bagarre, Dobes peut aller à Laval sans passer par le ballottage.
Mais comme ont veut que Jacob Fowler joue le plus de matchs possibles à Laval... le CH pourrait être tenté d'inclure Dobes dans une transaction.
Il ne faut pas oublier que Kahkonen a déjà été réclamé deux fois l’an dernier, par l’Avalanche et les Jets. Il est sur le radar de plusieurs clubs. Et son parcours atypique, combiné à ses performances exceptionnelles en séries l’an dernier (avec 18 matchs en séries dans la LAH), joue en sa faveur.
Il devrait être réclamé s'il est rétrogradé à Laval.
Mais Dobes est plus jeune, plus “coachable”. Et surtout, il a déjà prouvé qu’il pouvait livrer dans un système structuré comme celui du Canadien. Martin St-Louis a même souligné son rôle dans les victoires cruciales de fin de saison.
Alors… qui va plier?
Montréal est dans une position délicate. Ne pas transiger l’un des deux, c’est risquer de le perdre pour rien. Et conserver les deux, c’est bloquer la montée inévitable de Jacob Fowler, qui frappe déjà à la porte. Il est clair que la hiérarchie actuelle du CH est temporaire. Et tous les clubs de la ligue le savent.
C’est pourquoi les Oilers, les Flyers et l’Utah sont prêts à dégainer si une ouverture se présente.
Parce que dans une ligue où les gardiens sont plus rares que jamais, Montréal possède ce que plusieurs équipes cherchent désespérément : un jeune talent LNH-ready à bas prix.
Et cette rareté pourrait bien déclencher une offre surprise.
Ne vous y trompez pas : ce qui se passe en ce moment à Brossard n’est pas banal. Ce n’est pas qu’une bataille pour un poste de deuxième gardien.
C’est le premier domino d’une chaîne de décisions qui mènera ultimement à la sortie de Samuel Montembeault, à l’ascension de Jacob Fowler, et peut-être à l’échange d’un autre jeune gardien au potentiel LNH.
Le Canadien doit choisir. Et les autres équipes n’attendent qu’un faux pas.
Dobes ou Kahkonen. Le gagnant reste. Le perdant s’en va.
Et dans une ligue assoiffée de gardiens compétents, ça ne prendra pas longtemps avant que les téléphones de Kent Hughes se remettent à sonner.