Transaction Montréal-Buffalo: Juraj Slafkovsky perd patience

Transaction Montréal-Buffalo: Juraj Slafkovsky perd patience

Par Marc-André Dubois le 2025-05-17

Juraj Slafkovsky n’a que 20 ans. Mais déjà, son nom fait le tour de la LNH… pas pour les raisons que Kent Hughes espérait lorsqu’il l’a choisi au tout premier rang du repêchage 2022.

Ce qui devait être une ascension tranquille vers la gloire montréalaise est en train de se transformer en été de feu, où chaque mot prononcé à son sujet résonne comme une mise en garde.

À Montréal, dans son pays natal, chez les recruteurs anonymes et dans les discussions de marché entre DG : Slafkovsky est désormais un nom qui divise, qui dérange, qui intrigue… et qui circule.

Et ça, pour un joueur supposément intouchable il y a quelques mois à peine, c’est un virage dramatique.

À quel point le Slovaque est intouchable aujourd'hui?

Tage Thompson, le centre monstrueux de 6’7’’ des Sabres de Buffalo, intéresse fortement le Canadien de Montréal. Et selon plusieurs échos, les Sabres ne veulent rien de moins que Slafkovsky en retour.

C’est le prix.

Un pour un? Probablement pas. Mais le fait que les pourparlers existent et que Slaf soit au cœur de la discussion est éloquent. Le genre d’ouverture que l’état-major d’une équipe comme Buffalo n’aurait jamais envisagée il y a un an.

Et ce n’est pas tout. Avant qu'il soit congédié à Long Island, des bruits laissaient entendre que Lou Lamoriello aurait été prêt à envoyer Noah Dobson à Montréal pour Juraj Slafkovsky comme base de transaction.

Encore une fois, un joueur établi, intelligent, structuré. Et encore une fois, un Slaf qui devient une monnaie d’échange.

Mais ça, ce n’est pas un hasard. C’est la conséquence directe d’un constat qui fait de plus en plus consensus : on lui a donné son gros contrat trop tôt.

Slafkovsky a signé une entente de huit ans. Un pari gigantesque. Un engagement total. Une marque de confiance indéniable.

Mais depuis, cette signature est devenue un fardeau. Parce qu’il faut maintenant qu’il performe comme un joueur de 7,6 millions par saison. Et il ne le fait pas.

Et quand on ne livre pas… les critiques arrivent. D’abord en silence. Puis de manière chirurgicale. Et maintenant, carrément brutale.

À RDS, dans les bilans de fin d’année, François Gagnon n’a pas hésité à nommer Slafkovsky comme la déception de l’année. Et il n’est pas seul. D’un océan à l’autre, les chroniqueurs se sont passés le mot : il est temps d’arrêter de lui trouver des excuses.

Slaf n’a pas pris l’ascension attendue. Il a stagné. Il est encore maladroit en zone neutre. Il prend trop de temps à réagir. Il manque d’instinct. Et surtout : il ne semble pas apprendre.

Certains le traitent déjà de flop. D’autres se contentent de faire remarquer son absence de progression cognitive sur la glace.

Le terme qui revient partout? Son QI hockey est déficient.

Ce je-ne-sais-quoi. Ce flair. Cette capacité de voir le jeu deux coups à l’avance. Chez Gretzky, c’était inné. Chez Datsyuk, chirurgical. Chez Bergeron, évident. Chez Suzuki, omniprésent.

Chez Slafkovsky? Absent.

Un recruteur anonyme l’a dit crûmen au Journal De Montréal :

« Ce sont des gars qui étaient tellement supérieurs physiquement quand ils étaient jeunes qu’ils n’avaient jamais eu à s’adapter auparavant. »

C’est exactement ça. En junior, Slaf n’avait pas besoin de réfléchir. Il fonçait. Les autres rebondissaient sur lui. Il allait au filet. Il marquait. Il dominait par le simple fait d’être plus gros et plus fort.

Mais dans la LNH, la patinoire rapetisse. Pas physiquement, mais cognitivement. Chaque décision doit être prise dans une fenêtre microscopique. Et Slaf n’y arrive pas.

Il agit comme un joueur qui n’a pas encore trouvé la vitesse cérébrale de la LNH. Et c’est ce qui inquiète.

Le hockey sense : ce n’est pas de l’intelligence générale. C’est plus vicieux que ça.

Le QI hockey, ce n’est pas ton score à un test de logique. C’est ta capacité à sentir le jeu. À anticiper. À comprendre ton rôle dans la séquence en temps réel. Et c’est souvent ce qui sépare les stars des flops.

C’est intangible. Mystérieux. Mais crucial.

Et quand un recruteur dit au Journal de Montréal :

« C’est une des trois choses que je regarde le plus : le QI hockey, le niveau de compétition et le talent brut », ça place Slaf dans une position délicate. Parce que son talent brut est là. Sa compétition? Parfois. Mais son QI hockey? On cherche encore.

Doit-on l’échanger? Ou le réparer?

C’est là toute la question.

Le nom de Slafkovsky circule de plus en plus. Mais personne au sein du CH ne veut vraiment l’échanger. Pas encore. Pas tant qu’on n’a pas tout essayé.

Mais l’intérêt de plusieurs équipes pour lui prouve qu’il possède toujours une valeur marchande importante. Surtout pour des formations qui croient pouvoir le “corriger”.

C’est pourquoi si un nom comme Tage Thompson est mis sur la table, Hughes doit y penser. Sérieusement. Un centre numéro 2 géant, déjà signé pour plusieurs années à un prix raisonnable, avec des habiletés naturelles et un vrai QI hockey? Ça ne court pas les rues.

Mais si tu échanges Slaf, tu dois être sûr de ta shot. Parce qu’il pourrait aussi exploser à 24 ans dans une autre organisation. Et Montréal ne se le pardonnerait jamais.

Pour Martin St-Louis, Slaf est un casse-tête. Le coach croit au développement. Il croit que le hockey sense peut être enseigné. Il croit que placer un joueur dans des situations imprévues, avec de la pression, va forcer son cerveau à s’adapter.

Mais on sent aussi une lassitude. Slaf est l’un des joueurs les plus utilisés. Il a toutes les chances du monde. Et on ne voit toujours pas ce déclic.

Le jeune Slovaque commence sérieusement à perdre patience avec les médias montréalais, et ça s’est vu au bilan de fin de saison.

Devant les caméras, avec un sourire en coin qui ne trompait personne, il a lancé aux journalistes qu’il n’allait “pas s’ennuyer d’eux cet été”.

Une phrase dite sur un ton sarcastique, presque rieur, mais qui trahissait un agacement bien réel. Il a entendu les rumeurs, il a lu les critiques, il sait qu’on parle de lui comme une déception, un possible flop, voire une monnaie d’échange. Et ça l'enfoncd encore plus.

Slafkovsky ne le cache plus : il trouve que certains commentaires ont dépassé les bornes. Dans son langage corporel, dans sa gestuelle, dans ses réponses passives-agressives, on sent un jeune homme sur la défensive. Un colosse de 6’3 qui commence à trouver que les projecteurs montréalais chauffent un peu trop fort.

Ce été est décisif. Pour Slafkovsky. Pour le CH. Pour l’avenir.

Slaf doit revenir en septembre métamorphosé. Son entraînement est déjà scruté à la loupe. S’il passe l’été à faire des squats sur Instagram ou à danser sur TikTok, il est fini à Montréal.

Le public n’aura plus de patience. La presse encore moins. Et Kent Hughes devra trancher.

Mais s’il revient plus rapide, plus intelligent dans ses lectures, avec une touche plus décisive, alors le pari de huit ans pourra être sauvé.

L’été de Juraj Slafkovsky, c’est celui de toutes les tensions. De toutes les attentes. Et de toutes les remises en question.

Soit il s’élève enfin au rang de premier choix. Soit il devient le nom le plus regretté d’un repêchage maudit.

Et c’est ce que tout le monde, partout dans la LNH, surveille maintenant.

Slafkovsky est brûlant. Et pas pour les bonnes raisons.