On le sentait venir. Et maintenant, c’est indiscutable. Jacob Fowler n’est plus un espoir prometteur : il est une menace directe.
En remportant avec autorité ses deux premiers matchs professionnels en séries avec le Rocket de Laval, le jeune prodige de 20 ans vient de lancer un message cinglant à la direction du Canadien de Montréal. Il est prêt.
Prêt pour la Ligue nationale. Prêt à assumer des responsabilités. Prêt à pousser un vétéran vers la sortie. Et malheureusement pour Samuel Montembeault, toutes les flèches pointent dans sa direction.
Fowler n’a pas seulement gagné deux matchs. Il a dominé. Il a calmé le jeu. Il a respiré la sérénité. Il a joué comme un gardien NHL-ready.
Tous les entraîneurs du Rocket sont unanimes : on ne voit même pas ses 20 ans. Son calme, sa technique, son positionnement, son énergie... c’est du haut calibre.
Les chiffres sont là pour le confirmer. Imaginez.
Match 1 : 23 arrêts sur 25 tirs – taux d'efficacité de 0.920
Match 2 : 20 arrêts sur 20 tirs – taux d'efficacité parfait de 1.000
Il domine déjà en séries dans la Ligue américaine pendant que les projecteurs de la LNH s’intensifient à Montréal. Et pendant ce temps-là, Samuel Montembeault soigne une déchirure musculaire à l'aine et voit la planète hockey tourner sans lui. Ça fait mal. Et ça change tout.
Depuis des mois, on crie à l’injustice dans le dossier Montembeault. Il a été l’un des piliers de la saison miraculeuse du Canadien. Il a disputé plus de 62 matchs.
Mais au moment où il aurait dû être en train de vivre sa consécration — un premier printemps en séries éliminatoires comme gardien numéro un —, le sort lui a réservé une blessure cruelle. Une blessure qui le sort de la photo. Et voilà qu’un phénomène nommé Jacob Fowler prend toute la lumière.
On ne le dira jamais assez : le contrat de Samuel Montembeault, négocié par Paul Corbeil, est devenu l’un des pires coups d’agent de l’année.
À 3,15 M$ pour trois saisons, alors que son rendement aurait pu lui valoir 5 M$ par année sur cinq ans, Montembeault a perdu plus d'une dizaine de millions.
Ce contrat l’a attaché à Montréal à bas prix, et pourrait maintenant en faire une cible de choix sur le marché des transactions.
Un gardien fiable, québécois, reconnu pour sa personnalité et son professionnalisme, payé au rabais pour encore deux saisons? Un club comme les Oilers d’Edmonton rêve éveillé.
La série contre les Kings a été tendue. Stuart Skinner a flanché, encore. Calvin Pickard a tenu le fort de manière louche, mais tout le monde sait que ce n’est pas une solution durable.
Edmonton est en mission Coupe Stanley, et leur fenêtre commence à se refermer. Leon Draisaitl entre dans sa dernière année de contrat. Connor McDavid est au sommet de sa carrière. Et pourtant, ils n’ont toujours pas de gardien de confiance.
Samuel Montembeault, lui, est là. Disponible. Payé 3,15 M$. Pas cher. Québécois, humble, apprécié de tous. Capable de voler un match. Capable de jouer 55-60 matchs. Le profil parfait pour un club aspirant.
Et si les Oilers s’effondrent en deuxième ronde, Ken Holland va devoir bouger. Et pourquoi pas dans un scénario où Ryan Nugent-Hopkins pourrait être sacrifié pour libérer du cap et rééquilibrer la formation?
Nugent-Hopkins, c’est exactement ce dont le Canadien a besoin : un centre gaucher, two-way, vétéran, capable de produire, de jouer sur l’avantage numérique, de supporter Nick Suzuki et de stabiliser le top-6.
Il lui reste quatre ans de contrat à 5,125 M$. Il a 32 ans. Il prouve encore cette année qu'il est un joueur de séries. Il ne cadre peut-être plus dans la ligne du temps d’Edmonton, mais il cadrerait parfaitement à Montréal. Le Canadien a de l’espace. Et une opportunité. Il faudra voir si Kent Hughes est prêt à sacrifier Montembeault dans ce scénario.
Mais ce qui rend ce scénario réaliste, c’est Jacob Fowler.
Depuis sa signature de contrat d’essai avec le Rocket, il fait tout correctement. Il est calme, souriant, impliqué. Il donne confiance à tout le monde.
Et il y a une réelle admiration mutuelle entre lui et Marco Marciano, l’entraîneur des gardiens à Laval. L’organisation l’a protégé.
Elle n’a pas voulu brûler une année de contrat. Elle ne l’a pas envoyé à Montréal pour créer une crise à trois gardiens. Kent Hughes a été ferme.
Et aujourd’hui, il est récompensé. Fowler prend feu, et il pourrait très bien gagner la Coupe Calder. Ce n’est pas exagéré. Ce serait le scénario parfait pour lui.
Et pendant que Jacob Dobes a connu de très bons moments avec le CH en séries, même si la défaite a été cruelle, il demeure un gardien déjà rodé pour la LNH. Il a tenu le fort. Il a gagné des matchs cruciaux. Il s’est montré digne du rôle de numéro deux, voire mieux.
C’est donc simple : Fowler, Dobes, Primeau (bientôt échangé à Philadelphie ou ailleurs). Il ne reste plus de chaise pour Montembeault. Et pourtant, c’est lui qui a sauvé la saison.
Il est là, le drame.
Montembeault a tenu le fort. Il a joué blessé. Il a affronté les critiques. Il a résisté aux doutes. Il a pris l’équipe sur ses épaules. Et maintenant qu’il est à l’écart, les rumeurs s’intensifient. C’est cruel, mais c’est la réalité du sport. On ne garde pas un vétéran à 3,15 M$ par année si deux jeunes peuvent livrer la marchandise à 925 000 $.
La blessure à l’aine, qu’il a subie en séries, pourrait bien être le tournant final de son histoire à Montréal. Il ne pourra même pas revenir cet été, même si le CH allait loin.
Son nom va circuler à la fin de la saison. Et il le sait. Sa famille le sait. Et son agent, Paul Corbeil, va devoir porter ce poids : celui de ne pas avoir négocié mieux quand c’était le temps de “cash in”.
Jacob Fowler est en feu.
Montembeault est coincé.
Kent Hughes a les cartes.
Et maintenant, tout est en jeu. Au point d'obtenir enfin notre centre gaucher?
Prions le ciel...