Il se bombe le torse. Il regarde les caméras de Radio-Canada avec l’assurance d’un général triomphant. Il parle de « vision à long terme », de « patience » et de « planification stratégique ».
Mais plus les mots sortent de la bouche de Daniel Brière, plus une chose devient claire : ce directeur général est déconnecté de la réalité.
Son équipe est en déroute. Ses décisions sont catastrophiques. Et malgré tout, il s’offre le luxe d’un ton arrogant, comme s’il dirigeait une dynastie en devenir. Mais non. Il dirige les Flyers de Philadelphie, une franchise éclatée, sans avenir clair, et surtout, sans gardien ni centre numéro un.
Brière s’est présenté à Radio-Canada avec l’audace de celui qui pense que personne ne remarquera les ruines qu’il laisse derrière lui.
Il s’est même permis de critiquer, à demi-mot, la construction du Canadien de Montréal, en lançant des flèches claires à l’endroit des petits défenseurs offensifs de l’organisation. Une attaque à peine voilée envers Lane Hutson, dans une tentative grossière de faire mousser la valeur d’un défenseur dont personne ne veut vraiment : Rasmus Ristolainen.
« Tu regardes les équipes qui gagnent dans la LNH, ce sont autour de gros défenseurs comme lui qu’elles bâtissent leur défense. Elles vont peut-être avoir un petit défenseur offensif, mais le reste de la brigade, ce sont tous des monstres en arrière. Donc, on essaie de faire attention. », a-t-il osé dire.
Une phrase qui transpire la stratégie de communication ciblée. Parce que tout le monde dans le milieu l’a compris : Daniel Brière vise Kent Hughes.
Il veut lui faire comprendre que s’il désire Ristolainen, ce gros défenseur droitier au contrat hideux de 5,1 millions $ pour encore deux saisons, il devra payer très cher. Mais cette phrase, répétée dans les médias québécois, avait un autre objectif : humilier la stratégie de construction du CH, qui parie sur la mobilité et l’intelligence au lieu du poids et des mises en échec.
Mais qui est Daniel Brière pour se permettre de donner des leçons à la planète hockey? Cet homme qui s’est littéralement tiré dans le pied en échangeant le choix de premier tour qui allait devenir Zeev Buium, l’un des meilleurs jeunes défenseurs de la planète, une future star qui vient de remporter l’or avec les États-Unis et de jouer en séries avec le Wild du Minnesota?
Brière, dans un geste d’incompétence rare, a préféré reculer d’un rang pour choisir Jett Luchanko, un centre de troisième trio au mieux, en croyant faire un vol.
« J’ai confiance en nos recruteurs. On croit que Jett peut devenir un joueur comme Nick Suzuki », a-t-il déclaré avec sérieux.
Un joueur comme Suzuki? Suzuki dominait le junior avec 100 points en 64 matchs à sa dernière année junior, alors que Luchanko a peiné à dépasser les 50. On nage dans l’illusion. Et cette illusion, Brière tente de la vendre avec un sourire de politicien, comme si personne ne voyait le mensonge dans ses yeux.
Et que dire de la façon dont il a laissé John Tortorella saboter sa propre reconstruction?
Brière aurait dû le congédier l’été dernier. Il le savait. Tout le monde le savait. Mais il a attendu que Torts se disgracie publiquement, qu’il se dispute avec Cam York, qu’il admette lui-même qu’il ne voulait pas « apprendre à diriger dans une saison comme ça ».
Résultat? Philadelphie a gagné trop de matchs en 2024. Assez pour sortir du top 10, assez pour rater Ivan Demidov, assez pour ne pas repêcher un joueur élite. Tout ça à cause d’un DG qui a eu peur de prendre une vraie décision au bon moment.
Et ça, Daniel Brière ne veut surtout pas l’admettre. Il préfère dire que Torts a « établi une culture », qu’il a « rappelé ce que ça veut dire d’être un Flyer ».
Foutaises.
Dans ses propos, Brière a aussi admis ce que tout le monde savait déjà : il n’a pas de centre numéro un et il n’a pas de gardien.
Deux piliers d’une reconstruction. Deux fondations absentes. Il a même affirmé, sans sourciller, qu’il était prêt à payer très cher pour obtenir un centre, mais pas pour un joueur de transition. Il veut quelqu’un pour 7 ou 8 ans.
« On est ouverts à payer le prix pour un joueur, mais pas pour un joueur qui va boucher un trou pendant deux ou trois ans. »
Daniel Brière a sacrifié un prodige générationnel comme Zeev Buium pour aller chercher ce qu’il croyait être son centre numéro un : Jett Luchanko.
Or, quelques mois plus tard, il admet lui-même en conférence de presse qu’il n’a toujours pas trouvé son centre d’avenir. Il ouvre la porte à payer cher pour combler ce trou, comme si la transaction catastrophique avec le Wild n’avait jamais eu lieu. Une incohérence monumentale, presque gênante pour un DG qui aime bomber le torse devant les caméras.
On croirait entendre un DG d’expansion. Pas un patron d’une équipe qui tente de se remettre d’une décennie de chaos.
« C’est comme si, pendant des années, l’organisation ne s’était pas souciée d’assurer une relève au centre après Claude Giroux et Sean Couturier. »
Et devant le filet? Il parle de Samuel Ersson comme d’un projet d’avenir, mais il avoue lui-même qu’il doit être protégé. Traduction? Il n’est pas prêt. Il n’est pas solide. Il n’est pas fiable.
Et que fait-il? Il évoque Jake Allen ou Anton Forsberg comme options potentielles. Des gardiens de relève, dans une équipe sans avenir immédiat.
Et pendant ce temps, Rasmus Ristolainen est toujours là. 5,1 millions. Deux saisons encore. Un contrat qui pèse lourd. Et plutôt que de l’assumer, Brière décide de manipuler le marché, de tenter de le vendre comme un modèle de robustesse, une perle rare dans une LNH qui ne croit plus aux défenseurs unidimensionnels.
Il envoie le message à Kent Hughes : si tu veux ton gros droitier, tu vas payer. Il pousse même l’audace jusqu’à s’en prendre aux petits défenseurs mobiles, pourtant la norme dans le hockey moderne, pour tenter de créer une demande là où il n’y en a pas.
« Les équipes gagnantes sont bâties autour de gros défenseurs. »
Une phrase digne des années 1990. Une stratégie digne d’un DG désespéré.
À force de défendre l’indéfendable, Daniel Brière est en train de détruire sa crédibilité. Il prétend que tout est sous contrôle. Il laisse entendre que tout était prévu. Il oublie que Cam York régresse, que Jamie Drysdale ne se développe plus.
Justement, que dire de l’autre gaffe monumentale de Daniel Brière? Échanger Cutter Gauthier, un attaquant explosif et convoité, contre Jamie Drysdale, un défenseur droitier constamment blessé, incapable de trouver son rythme et qui régresse dangereusement.
Ce n’est pas une transaction, c’est un désastre en deux actes. D’un côté, Gauthier fait flamber les projecteurs à Anaheim, devient l’un des jeunes les plus électrisants du circuit. De l’autre, Drysdale peine à compléter une séquence de cinq matchs sans être renvoyé à l’infirmerie ou au banc.
Brière a vendu un diamant brut pour un joueur en morceaux, et les partisans des Flyers, déjà frustrés par la sélection de York devant Caufield, ont eu l’impression de revivre le même cauchemar.
Brière oublie que la vraie catastrophe, c’est qu’il a failli à la mission principale de tout DG en reconstruction : maximiser ses actifs.
Brière a été chanceux avec Matvei Michkov. Il a profité de la peur du CH et des autres équipes. Mais autour? C’est le néant.
Et pourtant, il se présente à la télévision avec le menton relevé, prêt à donner des leçons à Kent Hughes, à la LNH entière, comme s’il venait d’inventer le hockey moderne.
Daniel Brière est peut-être le DG le plus surestimé de la LNH. Il se prend pour un bâtisseur, mais agit comme un illusionniste. Il camoufle ses erreurs avec des citations préparées. Il se donne des airs de stratège alors qu’il navigue à vue.
Et s’il croit que Kent Hughes va tomber dans son piège pour Ristolainen, il risque d’être surpris. À Montréal, on ne paie pas pour ramasser les erreurs des autres. On les regarde s’effondrer avec un sourire.
C’est ce qui attend Daniel Brière.
Et ce jour-là, il ne restera plus que la vérité.
Et la vérité, c’est que Brière n’a jamais été prêt pour ce poste.
Jamais.