Transaction Montréal-San Jose: le prix est fixé

Transaction Montréal-San Jose: le prix est fixé

Par David Garel le 2025-08-31

Le Canadien de Montréal n’a jamais été aussi près de tourner définitivement la page Carey Price.

Le légendaire gardien, dont le contrat pèse toujours lourdement sur la masse salariale malgré son absence des patinoires depuis des années, est au centre d’un scénario qui semble désormais inévitable.

Depuis le tout début de l’été, une seule équipe revient sans cesse comme favorite dans les discussions entourant le contrat de Carey Price : les Sharks de San Jose.

Leur profil correspond exactement à ce que cherche Kent Hughes pour se libérer du poids colossal de Price : une équipe en reconstruction, loin des séries, avec une masse salariale tellement basse qu’elle a besoin d’ajouter des contrats pour atteindre le plancher lorsque le DG Mike Grier va continuer de tout liquider à la prochaine date limite des transactions.

Au tour du journaliste Nicolas Cloutier (TVA Sports) d'affirmer que ce sont les Sharks de San José qui devraient hériter du fameux contrat, moyennant une compensation de la part du Canadien.

Et pour la première fois, on sent que le dossier est prêt à se conclure.

Cloutier a mis cartes sur table :

« Il y a de très bonnes raisons de penser qu’une équipe comme les Sharks acceptera de prendre en charge le contrat de Price, moyennant un “asset”. Un an au contrat seulement, club en reconstruction près du plancher. Pour le CH, début d’une nouvelle ère avec la fin de l’utilisation de la liste des blessés à long terme. »

Cette phrase dit tout. Les Sharks, en pleine reconstruction, n’ont aucun intérêt à viser les séries en 2025-2026. Ils ont de l’espace salarial à revendre et ils savent qu’un contrat « mort » comme celui de Carey Price peut les aider à atteindre le plancher sans compromettre la place de leurs jeunes.

Pour le CH, c’est une bouffée d’air frais : finies les gymnastiques de LTIR (long term injured reserve). On parlera enfin d’une masse salariale réelle, sans dépendre d’un contrat fantôme.

Cloutier ajoute un détail crucial : les Sharks demanderaient un choix de 3e ronde pour absorber le contrat. À première vue, ça peut sembler cher payé pour se débarrasser d’un seul an de salaire fictif. Mais l’histoire récente montre que ce n’est pas anormal.

Rappelons que Kent Hughes avait obtenu un choix de 1ère ronde de la part des Flames simplement pour absorber la dernière année du contrat de Sean Monahan en 2022.

Cette fois-ci, la logique est inversée : Montréal paierait pour se débarrasser d’un boulet. Mais pour Hughes, il s’agit d’un prix modeste pour clore un dossier qui traîne depuis trop longtemps.

Plusieurs équipes ont été évoquées depuis des mois : Chicago, Anaheim, Buffalo, Columbus, Pittsburgh. Toutes avaient, à différents degrés, l’espace nécessaire pour accueillir Price.

Chicago : les Hawks ont finalement refroidi Hughes, préférant régler leurs propres surplus défensifs avant d’absorber un contrat inutile.

Anaheim : trop concentrés sur le dossier Mason McTavish pour se mêler du contrat Price.

Buffalo et Columbus : ces deux équipes visent les séries. Elles ne veulent pas compromettre leur flexibilité avec un contrat mort, même si elles ont de l’espace.

Pittsburgh : un temps évoqué, mais les Penguins jonglent avec leur avenir incertain autour de Crosby et n’ont pas la même marge de manœuvre tant que Karlsson, Letang, Malkin, Crosby, Rust, Rakell et compagnie sont encore sur la masse.

San Jose ressort comme la destination idéale. Ils savent qu’ils seront encore dans les bas-fonds, qu’ils ont besoin d’atteindre le plancher salarial à la date limite des transactions, et qu’ils visent ouvertement les grands noms du repêchage 2026 : Gavin McKenna et Keaton Verhoeff.

Le calcul des Sharks est simple : perdre pour mieux gagner

Ce qui rend ce dossier fascinant, c’est que les Sharks n’ont aucun intérêt à être compétitifs cette saison. Leur plan est clair :

Miser sur Macklin Celebrini et Will Smith, deux joyaux offensifs.

Accumuler les défaites nécessaires pour avoir une chance de repêcher McKenna ou Verhoeff.

Garder leur masse salariale au plancher pour encadrer cette reconstruction sans contraintes.

Dans cette logique, absorber le contrat de Price est un coup de maître. Ils ne paient rien de concret, si ce n’est un poste comptable sur leur masse salariale, et en retour, ils récoltent un choix de 3e ronde offert par Montréal.

C’est exactement le genre d’« asset management » qu’une équipe en reconstruction doit faire.

Pour le Canadien, ce serait le plus gros soulagement depuis le départ de Shea Weber. Enfin, Kent Hughes n’aurait plus à composer avec un contrat sur la LTIR qui, chaque été, brouille les cartes.

Actuellement, le CH fonctionne avec une masse salariale artificiellement gonflée par Price. Tant et aussi longtemps que ce contrat existe, il empêche de réellement mesurer la flexibilité du club.

En envoyant Price à San Jose :

Le CH clarifie sa masse salariale.

Il arrête de dépendre de la LTIR.

Il envoie un message fort : la reconstruction est terminée, on veut bâtir pour gagner.

Symboliquement, ce sera aussi la fin définitive de l’ère Carey Price à Montréal. Le gardien, héros de 2014 et finaliste de la Coupe en 2021, restera une légende. Mais voir son nom associé encore et encore à la liste des blessés du Canadien devenait gênant.

Le fait qu’il termine sa carrière sur une transaction vers un club moribond comme San Jose est triste, mais logique. C’est le reflet d’un destin brisé par les blessures, et d’un contrat devenu plus lourd que glorieux.

Certains diront : pourquoi pas Buffalo ou Columbus, qui avaient aussi de l’espace?

La réponse est simple : ces deux clubs veulent gagner maintenant.

Buffalo mise sur Tage Thompson, Rasmus Dahlin et leur noyau pour briser enfin la séquence de 13 ans sans séries.

Columbus, avec Fantilli, Johnson, Werenski et tous leurs jeunes talentueux, veut au moins se battre pour une place en séries.

Absorber Price aurait nui à leurs plans à court terme. Contrairement aux Sharks, ils n’ont aucun intérêt à « acheter une défaite » supplémentaire.

Et Pittsburgh?

Pittsburgh a aussi été évoqué. Mais avec un Mario Lemieux qui s'est fait rejeter pour la vente des Penguins, de nouveaux propriétaires (la famille Hoffman) et un Kyle Dubas sous pression, ce n’est pas le moment de plomber la masse avec un contrat mort.

Les Penguins veulent donner une dernière chance à Crosby et Malkin. Pas question d’ajouter Price dans l’équation.

Tout porte donc à croire que Carey Price sera un Shark de San Jose dès demain.

Pour Montréal, ce sera la fin d’un fardeau. Pour San Jose, ce sera une étape assumée vers une nouvelle ère, centrée sur McKenna, Verhoeff et leurs jeunes prodiges.

Et pour Carey Price, ce sera un dernier chapitre étrange, mais nécessaire : passer du statut de héros à celui de contrat mort, avant d’entrer au Panthéon du hockey.