Transaction Montréal–New York : Zibanejad dans le viseur

Transaction Montréal–New York : Zibanejad dans le viseur

Par André Soueidan le 2025-04-12

À Raleigh, les Rangers de New York ont subi ce qui ressemble à une dissection chirurgicale en plein centre de la glace, un échec retentissant qui vient officiellement les éliminer d’une course aux séries qu’ils espéraient encore renverser à la dernière minute, mais qui, en réalité, leur échappait déjà depuis des semaines.

Pendant que les Hurricanes de la Caroline transformaient leur amphithéâtre en arène de démolition, marquant but après but pour un total de sept, le regard des joueurs new-yorkais s’est lentement vidé de toute conviction, comme s’ils comprenaient enfin, trop tard, que cette saison n’avait plus rien à offrir, sinon un constat brutal d’échec.

Et pendant que le chaos s’installe dans la Grosse Pomme, que les rumeurs enflent autour du sort de Peter Laviolette, que la frustration s’infiltre dans les propos des partisans et que les médias commencent déjà à dresser des listes de joueurs à sacrifier, Kent Hughes, lui, prend des notes, en silence, dans l’ombre, avec le calme d’un homme qui sent que l’opportunité approche.

Parce que c’est exactement dans ces moments-là, quand les fondations craquent et que les dirigeants paniquent, que les vrais bâtisseurs savent intervenir avec lucidité et audace pour faire avancer leur plan.

Le Canadien de Montréal, avec sa jeunesse, son enthousiasme contagieux et son horizon plus dégagé que jamais, n’a pas besoin d’un grand ménage, ni d’une révolution soudaine.

Mais il manque encore une pièce.

Un deuxième centre établi, capable de jouer avec constance, de soutenir Suzuki dans les moments lourds, d’alléger la pression sur Newhook, de forcer Dach à se mériter son poste, au lieu de lui donner un statut sur la base d’un potentiel toujours hypothétique.

Et cette pièce-là, ce n’est pas un rêve, ce n’est pas un projet, ce n’est pas une promesse future.

C’est un joueur bien réel, nommé Mika Zibanejad, 31 ans, sous contrat pour encore plusieurs saisons, et qui pourrait être disponible si les Rangers décident de faire sauter leur noyau pour recommencer.

Car quand on regarde cette équipe, il est clair qu’elle n’a plus la vitesse, la cohésion, ni la motivation pour rivaliser avec les meilleures formations de l’Est, surtout après avoir gaspillé une avance au classement, puis sombré dans un mois de mars catastrophique.

Zibanejad, Panarin, Kreider, Trocheck, tous ces joueurs sont devenus des symboles d’un cycle qui touche à sa fin, d’un groupe qui n’a pas su capitaliser sur ses années de fenêtre ouverte, et qui maintenant risque de devoir payer le prix fort pour réinitialiser son identité.

Et c’est là que Montréal peut entrer dans la danse.

Pas comme un club désespéré prêt à tout donner.

Mais comme une organisation intelligente, patiente, avec des actifs, du capital, de la vision, et surtout un besoin précis à combler.

Zibanejad, dans un environnement plus calme, plus jeune, avec des responsabilités claires et une structure en place, pourrait parfaitement compléter une ligne derrière Suzuki, tout en encadrant la transition des jeunes comme Demidov, Roy ou Heineman.

Ce ne serait pas un geste de panique, ni une trahison du plan initial.

Ce serait l’évolution naturelle d’une reconstruction qui entre dans sa deuxième phase.

Et s’il y a un moment où un joueur comme Zibanejad pourrait être acquis pour un prix raisonnable, c’est maintenant.

Les Rangers, éliminés, démoralisés, et sur le point de subir une tempête médiatique, vont devoir justifier leurs décisions devant un marché impitoyable.

Peter Laviolette, sauf surprise, ne sera plus là en septembre.

Panarin, à 33 ans, ne retrouvera plus sa vitesse d’antan.

Et si les Rangers veulent tourner la page, ils devront accepter que certains visages devront partir, même s’ils ont été les figures de proue d’une époque révolue.

Montréal, lui, est en ascension.

Et si Kent Hughes réussit un coup d’éclat en allant chercher un joueur de centre capable de transformer le rythme d’un match, ce serait le genre de transaction qui, dans quelques années, pourrait marquer un tournant dans l’ère post-reconstruction.

Alors que la saison des Rangers s’éteint dans l’humiliation, le CH, lui, regarde vers les séries.

Et la distance entre les deux équipes ne s’est pas créée par hasard.

Elle est le fruit d’un plan, d’une patience, et peut-être maintenant, d’un échange bien senti.

Mais pour que cette stratégie prenne réellement forme, il faudra d’abord que le Canadien de Montréal accepte de regarder la réalité en face.

Kirby Dach, aussi prometteur soit-il sur papier, demeure à ce jour l’un des plus grands points d’interrogation dans la structure du club, tant à court qu’à moyen terme.

Lors de son acquisition, Kent Hughes savait pertinemment qu’il ne s’agissait pas d’un joueur abouti, mais plutôt d’un projet à réhabiliter dans un environnement plus stable que celui des Blackhawks.

Et à sa décharge, Dach a brièvement laissé entrevoir un potentiel fascinant en évoluant aux côtés de Suzuki et Caufield, dans un contexte où tout semblait enfin s’aligner pour lui.

Or, cette séquence a duré à peine 18 matchs.

Depuis, tout n’est que silences médicaux, incertitudes chroniques, et absence totale de repères quant à son retour réel à un niveau compétitif.

Et le vrai problème n’est pas seulement son absence sur la glace, mais l’incapacité de l’organisation à planifier autour de lui, comme si le flou faisait désormais partie du système.

Ce qu’il faut dire clairement, c’est que l’organisation s’est fait prendre à espérer que Kirby Dach devienne la solution, alors qu’en ce moment, il ressemble de plus en plus à l’origine du problème.

Parce qu’en construisant son attaque autour d’un joueur fragile, on laisse planer une instabilité constante qui empêche le groupe de prendre sa pleine mesure.

Et pendant ce temps, le Canadien avance.

Suzuki évolue. Demidov arrive. Laine cherche un centre de qualité.

Newhook se bat chaque soir pour pallier ce vide.

Mais rien n’y fait : le trou au centre demeure béant, trop important pour être comblé par des demi-mesures ou des solutions temporaires tirées de la AHL.

C’est exactement pourquoi Mika Zibanejad représente une occasion unique d’avancer sans attendre, d’assumer que Dach n’est pas prêt, et que l’équipe, elle, ne peut plus se permettre de freiner sa progression.

Zibanejad, à 31 ans, offre une valeur immédiate.

Il est solide sur les mises en jeu, capable d’évoluer en désavantage numérique, et surtout, il possède encore le coup de patin et la vision pour créer du jeu dans les moments importants.

Il ne viendrait pas voler la vedette à Suzuki, mais bien solidifier un top 6 qui n’attend qu’une étincelle supplémentaire pour devenir redoutable.

Et si un jour Dach revient, retrouve sa forme, et mérite à nouveau un rôle dans cette hiérarchie, tant mieux.

Mais le Canadien ne peut plus faire reposer son avenir sur l’espoir d’un joueur qui, depuis deux ans, n’a rien prouvé de concret, sinon qu’il est, jusqu’à preuve du contraire, fragile.

Dans une ligue aussi compétitive, où chaque point est un combat, on ne peut pas construire une architecture offensive sur un joueur absent.

Il faut de la constance. Il faut de la certitude.

Et Zibanejad incarne précisément ce que Kirby Dach ne peut plus offrir à l’heure actuelle : une réponse fiable, expérimentée, capable de prendre la pression et de la transformer en production tangible.

On y parle maintenant des actifs que Kent Hughes pourrait (ou devrait) mettre sur la table, sans toutefois compromettre l’avenir du CH.

Mais encore faut-il se poser la vraie question, celle qui vient avec toutes les belles idées et les scénarios sur papier : que donnerait le Canadien en retour?

Parce qu’aussi séduisante soit l’idée d’aller chercher Mika Zibanejad pour stabiliser le centre du top 6, les Rangers, même dans le chaos, ne vont pas simplement le donner contre une poignée de bâtons cassés et une promesse enrobée d’optimisme.

Ce serait là que le travail de Kent Hughes prendrait toute son importance, en trouvant un équilibre entre la valeur perçue des actifs qu’il possède et la réalité d’un marché qui pourrait exploser d’ici juillet.

Et parmi les noms qui ressortent naturellement, il y en a deux qui reviennent de façon insistante : Logan Mailloux et Joshua Roy.

Le premier, Logan Mailloux, reste l’un des projets défensifs les plus intrigants de l’organisation, avec un gabarit imposant, une capacité offensive au-dessus de la moyenne, mais aussi des lacunes défensives et un développement qui, jusqu’à maintenant, demeure plus lent que prévu, malgré une première saison professionnelle encourageante à Laval.

Ce n’est pas un joueur dont on se débarrasse à la légère, mais c’est aussi exactement le genre de joueur qui attire les équipes en reconstruction, surtout une équipe comme les Rangers qui n’a pas encore défini clairement qui remplacera Jacob Trouba à long terme.

Quant à Joshua Roy, il commence à sentir que la lune de miel est terminée avec l’organisation.

Son éthique de travail est remise en question de façon récurrente, son implication défensive laisse à désirer, et même si son talent offensif est réel, il semble que le CH n’ait plus l’intention de lui dérouler le tapis rouge pour lui faire une place dans le top 9.

Quand on additionne le tout, on obtient deux joueurs avec une valeur réelle, mais surtout une valeur qui pourrait convaincre une équipe comme New York de céder un vétéran établi, dans une transaction visant à injecter de la jeunesse à coût contrôlé.

Ce n’est pas un vol. Ce n’est pas un échange panique.

C’est un compromis intelligent entre les besoins des deux formations.

Et si on ajoute à cela un choix de deuxième ronde, ou même un choix de première conditionnelle selon le rendement de Zibanejad à Montréal, on parle alors d’un deal crédible, faisable, et surtout bénéfique pour les deux camps.

Maintenant, pourquoi les Rangers accepteraient-ils de céder leur deuxième centre dans un tel échange?

Parce qu’en dehors des noms ronflants, le malaise dans ce vestiaire est réel, et que leur noyau, bâti pour gagner maintenant, a échoué lamentablement.

Il ne s’agit pas ici d’une équipe en ascension, mais plutôt d’un club vieillissant, qui cherche désespérément à renouveler sa banque d’espoirs sans faire exploser sa masse salariale.

Et dans cette optique, recevoir deux jeunes joueurs encore sous contrôle, avec du potentiel offensif, peut devenir plus attirant qu’on le pense, surtout si la pression médiatique pousse Chris Drury à frapper fort pour calmer la grogne de Manhattan.

Dans tous les cas, le Canadien n’a pas besoin de casser sa structure pour s’améliorer.

Il suffit d’avoir le courage de sacrifier quelques pions secondaires pour solidifier une faille majeure, sans compromettre le noyau qui fait vibrer le Centre Bell depuis décembre.

C’est exactement le genre d’échange qui ne fait pas la une immédiatement, mais qui, six mois plus tard, peut redéfinir complètement l’équilibre d’une saison.

Et pendant que tout le monde se demande encore ce que vaut vraiment Kirby Dach, Kent Hughes, lui, pourrait déjà avoir trouvé la réponse ailleurs.

Parce qu’à un moment donné, il faut choisir entre espérer que les blessures finissent par guérir un jour… ou bâtir un vrai club de hockey.

Et ce soir, alors que les Rangers viennent d’imploser, que leur coach est sur un siège éjectable, et que leurs vétérans regardent la glace avec le regard vide d’un film déjà vu, c’est peut-être le moment idéal pour faire sauter la banque, en silence, mais avec une précision chirurgicale.

Parce que si Kirby Dach, c’est le futur…

Zibanejad, lui, pourrait bien être le présent que Montréal attend depuis trop longtemps.

Amen