Zachary Bolduc est arrivé à Montréal comme un bonus inattendu dans une transaction qui, sur papier, visait à solidifier le TOP 6 du CH.
On ne s’en cache pas : quand tu acceptes de sacrifier Logan Mailloux dans un échange, il faut que tu reçoives quelque chose de gros.
Et dans cette optique, Bolduc, c’était le nom québécois dans le lot, celui qui allait peut-être devenir le chaînon manquant, le joueur d’impact à gauche, ou au moins un atout dynamique dans le top 6.
Mais plusieurs semaines après le début de la saison, on est forcé de poser la question qui dérange : qu’est-ce qu’on fait avec Zachary Bolduc?
Tout avait bien commencé. Trois buts en trois matchs, une implication offensive rapide, une chimie prometteuse avec des éléments autour de lui.
On se disait : « Bon sang, ce gars-là n’attendait que l’occasion pour éclore. »
Mais depuis ce départ canon, le soufflé est retombé. Un seul but dans les neuf matchs suivants. Au total : quatre buts, deux passes en douze rencontres.
Les chiffres ne disent pas tout, mais dans le cas de Bolduc, ils racontent une trajectoire qui s’essouffle.
Son temps de jeu a été graduellement coupé. Il est passé de 16-17 minutes par soir à une maigre 13 minutes 31 secondes, hier.
Et le plus inquiétant, c’est cette présence quasi fantomatique en avantage numérique.
Oui, Bolduc est officiellement sur la deuxième vague… mais cette deuxième vague ne voit presque jamais la glace.
Une formalité. Un mirage. Il attend au banc pendant que la première vague étire ses présences et monopolise les 90 % du temps de supériorité.
Pour un joueur avec son profil offensif, c’est un message clair : « On ne compte pas vraiment sur toi. »
Hier pourtant, contre les Sénateurs d’Ottawa, Zachary Bolduc a essayé quelque chose.
Un geste qui voulait dire : je suis ici, je ne vais pas disparaître. Il a démarré le match avec une mise en échec explosive sur Jake Sanderson.
Le défenseur des Sens a été projeté par-dessus la bande, directement dans le banc du Canadien.
Un geste spectaculaire qui a réveillé le Centre Bell, qui a mis Ottawa en désavantage numérique quand Kurtis MacDermid a décidé de jouer au shérif et s’est rué sur Bolduc.
Mauvaise idée. Résultat : Bolduc reste sur la glace, MacDermid disparaît du match gracieuseté de Travis Green, et le Canadien obtient un avantage numérique.
Ironiquement, Bolduc n’a pas vu une seule seconde de cette séquence.
C’est tout le paradoxe Bolduc. Un joueur qui veut s’impliquer, qui cherche à prendre sa place, mais à qui on ne donne pas les outils pour y arriver.
Un joueur entre deux identités : trop offensif pour le bottom six, pas assez établi pour le top six.
On dirait que le vestiaire ne sait pas quoi faire avec lui… et qu’il commence à ne plus savoir quoi faire avec lui-même.
Mais heureusement, pendant ce temps, Logan Mailloux ... l’autre morceau de cette transaction ... se cherche lui aussi.
Il est à Saint-Louis, rayé de l’alignement à quatre reprises depuis le début de l’année.
Il n’a pas été capable de s’imposer dans une défensive qui manque pourtant de cohésion.
Son différentiel? Presque à moins-9. Et ce, avec un temps de jeu moyen de seulement 12 minutes 24 secondes.
Autrement dit, il s’écrase tranquillement, match après match.
Alors, si on regarde cette transaction avec un peu de recul, on se dit : ni Bolduc ni Mailloux ne sont devenus ce qu’ils devaient être.
Mais au moins, Bolduc est à Montréal. Il apprend le système. Il est impliqué. Il ne rechigne pas.
Il ne joue peut-être pas beaucoup, mais il ne traîne pas les pieds non plus. Il garde le sourire, il se présente chaque jour, il tente de faire ce qu’on lui demande.
Mais combien de temps un joueur peut-il survivre dans ce flou-là avant de se briser?
Zachary Bolduc, c’est un joueur sans territoire. Il n’est ni le filet de sécurité d’un désavantage numérique, ni le sniper naturel d’un avantage numérique.
Il ne joue pas sur la première ligne, il ne joue pas sur la quatrième. Il ne brille pas dans les mises au jeu, il ne domine pas les replis défensifs.
Ce n’est pas un maillon faible… mais ce n’est pas un moteur non plus.
Et pourtant, plusieurs espéraient qu’il soit la pièce manquante sur un trio offensif.
Imaginez-le avec Ivan Demidov, par exemple. Un deuxième trio excitant, rapide, imprévisible.
Il aurait pu grandir aux côtés du jeune prodige russe. Ça aurait pu être une histoire d’alchimie, de complémentarité.
Mais à Montréal, on est prudent avec Demidov. On le fait jouer avec Kapanen, avec Newhook, avec des joueurs qui le couvrent.
Pas question de l’associer à un autre jeune. Pas maintenant.
Bolduc est donc seul dans son couloir. Il ne sait pas trop où aller, et personne ne lui indique la direction.
Et quand t’es un jeune joueur qui veut faire sa place, c’est le pire endroit où tu peux te retrouver : entre promesse et oubli.
Martin St-Louis ne l’a jamais critiqué publiquement. Il ne l’a pas encensé non plus. Dans ses conférences de presse, son nom n’est pas mentionné. Et ça, c’est souvent plus révélateur que des mots.
Il faut qu’on le dise : le CH ne sait pas ce qu’il veut faire avec Zachary Bolduc.
Et ça, c’est dangereux. Parce qu’un joueur qui ne se sent pas identifié, pas valorisé, pas compris, peut très rapidement s’éteindre.
Et Montréal a vu trop de jeunes talents s’éteindre avant lui pour ne pas reconnaître les signes.
Cette transaction-là, celle qui l’a amené ici, était censée lui donner un nouveau souffle.
Mais aujourd’hui, elle ressemble à un mirage.
On pensait qu’il trouverait sa place dans un système où la jeunesse est valorisée. Mais il semble bloqué entre deux vitesses, entre deux trios, entre deux philosophies.
Et pendant ce temps, les points ne viennent pas.
Il faut que quelque chose change. Que ce soit son rôle, son utilisation, son trio, ou même son positionnement stratégique dans l’organisation.
Mais le statu quo actuel mène droit au mur. Parce qu’un gars comme Zachary Bolduc ne peut pas se contenter d’être un figurant. Il a trop de talent pour ça. Il a trop de fierté pour ça.
Et surtout, il n’a pas été échangé ici pour ça.
À suivre...
