Tremblement à Montréal: Mike Matheson choque le marché des transactions

Tremblement à Montréal: Mike Matheson choque le marché des transactions

Par David Garel le 2025-06-02

C’est désormais officiel : le Canadien de Montréal entre dans la course pour Marco Rossi. Après des semaines à ignorer l’Autrichien, après avoir opposé un refus sec et glacial à l’idée même d’un échange, voilà que la porte s’entrouvre. Et cette ouverture, aussi mince soit-elle, a suffi à embraser la planète hockey.

Six équipes sont sur les rangs, et pas des moindres : le CH, les Flames, les Sabres, les Canucks, les Bruins et les Rangers.

Un mélange explosif d’équipes en reconstruction ou en transition. Et au milieu de ce tourbillon de prétendants : Marco Rossi. Petit gabarit, grand talent, égo meurtri. Un joueur en rupture, qui ne cache plus son amertume, ni ses envies de départ.

Et dans ce décor déjà chargé, une nouvelle couche dramatique s’ajoute : le Combine de la LNH, où les DGs sont réunis dans les couloirs sombres d’hôtels de Buffalo.

Là où les dossiers brûlants s’échangent dans des conversations. Là où Kent Hughes, l’air de rien, aurait finalement glissé un regard du côté du clan Rossi. Un geste infime, mais qui signifie tout : Montréal est maintenant officiellement dans la course.

De l’exclusion au revirement : que s’est-il passé?

Il n’y a pas si longtemps, Kent Hughes et Jeff Gorton envoyaient un message clair et net : Marco Rossi? Non merci. Trop petit, trop fragile, trop peu adapté au style physique que le Canadien veut implanter.

Après des séries où les Capitals ont broyé le CH comme un château de sable, plus question d’ajouter un autre joueur de finesse au gabarit contesté.

Les propos de Hughes étaient sans détour. Montréal voulait un gros centre. Un joueur capable de survivre à la robustesse de l’Est. Rossi, avec ses 5 pieds 9, ne cochait pas cette case.

Les rumeurs liant Mike Matheson à un échange pour Rossi avaient d’ailleurs été sèchement démenties par Hughes lui-même, à The Athletic. Et Mike Matheson en personne, dans une entrevue avec La Poche Bleue, avait carrément ri de la rumeur lancée par David Pagnotta.

Et pourtant, malgré ce mur de refus, le nom de Rossi revient. Encore. Et encore. Pourquoi? Parce que quelque chose a changé.

Le marché s’agite. Et le CH écoute.

Premièrement, Rossi ne veut plus rien savoir du Wild. Son cri du cœur lors du bilan de fin de saison a été entendu. Frustré d’avoir été relégué en troisième, puis quatrième trio durant les séries, il a laissé tomber :

« Je suis en colère ».

Une phrase lourde de sens. Il a même refusé une offre de contrat de cinq ans plus tôt cette saison, selon The Athletic. Les ponts brûlent. Et Rossi, joueur autonome avec compensation le 1er juillet, est prêt à partir. N’importe où. Mais pas pour rien.

Ensuite, le marché bouge. Buffalo veut bouger ses choix. Columbus aussi. Tout le monde cherche son deuxième centre. Et voilà que le CH se rend compte d’un fait implacable : si tu n’agis pas maintenant, tu restes derrière.

L’idée de céder un choix de première ronde, combiné à un défenseur comme Miek Matheson, commencent à circuler à l’interne. Les journalistes le savent. Les agents le savent. Et à Montréal, on commence à rêver.

Rossi n’est pas qu’un « petit joueur ». Il sort d’une saison de 60 points en 82 matchs. Il a piloté un top-6 en compagnie de Kaprizov.

Il est complet, responsable défensivement, intelligent, et capable de jouer en avantage numérique. À 23 ans, il est déjà meilleur qu’Alex Newhook ou Kirby Dach. Il cadre parfaitement dans le noyau des jeunes autour de Suzuki, Caufield, Guhle, Demidov, Reinbacher et Hage.

Il faut se le dire : ce serait une amélioration instantanée du centre numéro 2. Et si Kent Hughes veut donner à Ivan Demidov un partenaire de feu, Rossi est un choix cohérent, structurant et à coût contrôlé pour plusieurs saisons.

Le nom de Sam Bennett a aussi circulé. Mais ici encore, Hughes a tranché. Non. Trop cher. 9 à 10 millions par saison, sans aucun espoir de rabais pour le Québec.

Comme l’a expliqué le journaliste John Shannon, Bennett préfère de loin la Floride ou Toronto. Montréal? Une option fiscale indésirable pour lui.

Même Sean Couturier, pourtant francophone, ne fait pas l’unanimité. Il traîne un contrat affreux, une hanche réparée au tournevis, et un historique de blessures effrayant.

Le CH le considère uniquement si les Flyers retiennent 50% du salaire ET ajoutent un bonbon (espoir ou choix). C’est dire à quel point Hughes est méthodique.

Dans cette sélection naturelle, Marco Rossi est de plus en plus séduisant. Parce qu’il est jeune. Parce qu’il est talentueux. Et surtout : parce qu’il est accessible.

Tout ce vacarme autour de Rossi n’aurait peut-être pas explosé sans une étincelle médiatique lors de la dernière date limite des transactions : celle de David Pagnotta. Fidèle à lui-même, le journaliste des spéculations a balancé que Mike Matheson serait sacrifié pour faire venir Rossi. Une rumeur sans fondement… mais qui a réveillé tout le monde.

Les dirigeants du CH ont démenti. Fortement. Et pour cause : Matheson est vu comme un pilier de l’équipe, un joueur prêt à jouer parfois 30 minutes par match et à encadrer Lane Hutson.

Mais l’effet Paparazzi de Pagnotta a eu une conséquence inattendue : il a mis le nom de Rossi au centre des discussions. Et depuis, ça ne lâche plus.

Hughes garde sa ligne… pour mieux surprendre?

Pour l’instant, le DG du CH continue de dire non. Mais l’histoire nous a montré qu’il excelle dans l’art de dissimuler ses intentions jusqu’à la toute dernière minute. Il l’a fait avec Kirby Dach. Il l’a fait avec Alex Newhook. Il pourrait très bien le faire avec Marco Rossi.

D’autant plus que les options sur le marché sont rares. Les noms de Matt Duchene, Brock Nelson et Mikael Granlund circulent. Mais aucun d’eux n’offre le même profil d’avenir que Rossi. Granlund a 33 ans. Duchene est vieillissant à 34 ans. Nelson ralentit à 34 ans. Rossi, lui, est en ascension. Et s’il est un pari, c’est un pari calculé.

Et Sidney Crosby dans tout ça?

C’est là que ça devient fascinant. Chaque fois qu’un nom est rayé de la liste (Bennett, Couturier, Rossi?), la rumeur Crosby revient.

Le Canadien rêve toujours en secret du retour du fils prodigue. Et même si rien n’est confirmé, même si Pittsburgh clame haut et fort que Crosby ne bougera pas, l’absence de démenti total laisse un soupçon d’espoir.

Mais pour l’instant, les actions sont claires. Le Combine bat son plein. Les équipes discutent. Et Montréal est officiellement dans la course. Le refus initial pourrait très bien avoir été une diversion. Une stratégie. Ou peut-être une vraie hésitation, qui a fini par s’effondrer sous la pression du marché et la tentation d’un coup d’éclat.

En résumé : tout est possible.

Le CH veut bâtir quelque chose de durable. Pas un feu de paille. Pas une série de transactions tape-à-l’œil. Et dans ce plan, Marco Rossi pourrait bien redevenir pertinent.

Parce qu’il est jeune. Parce qu’il est talentueux. Parce qu’il est disponible.

Et surtout, parce que le CH est officiellement… dans la course.