Tremblement à New York : Félix Auger-Aliassime écrit une page d’histoire

Tremblement à New York : Félix Auger-Aliassime écrit une page d’histoire

Par André Soueidan le 2025-09-01

Il y a des moments où le sport dépasse la simple logique d’un tableau de tournoi, où un nom gravé sur une affiche devient soudain un symbole plus grand que lui.

Et aujourd’hui, à New York, c’est Félix Auger-Aliassime qui provoque ce séisme.

Tremblement à Flushing Meadows : le Québécois vient d’écrire une nouvelle page d’histoire en éliminant Andrey Rublev, et le voilà de retour en quart de finale de l’US Open, quatre ans après sa demi-finale magique de 2021.

Oui, quatre ans plus tard, Félix est de retour sur cette même scène, comme si le temps avait bouclé la boucle, comme si le destin lui offrait une seconde chance.

Mais cette fois, ce n’est pas le même garçon qui foule le court Arthur Ashe.

C’est un homme meurtri par les échecs, écorché par les critiques, mais transformé par l’adversité. Et c’est précisément pour ça que cette victoire a l’allure d’un tremblement.

Pendant des mois, Auger-Aliassime a traîné une réputation de joueur fragile.

Fragile mentalement, fragile physiquement, fragile émotionnellement depuis sa rupture avec son agent historique Bernard Duchesneau en 2024.

On se souvient de l’hécatombe : éliminations précoces à Wimbledon, à Roland-Garros, à l’Open d’Australie… quatre tournois majeurs sans dépasser la première semaine.

Il était devenu une cible facile, un joueur qu’on présentait comme un « talent gâché », incapable d’assumer les attentes placées sur ses épaules depuis ses débuts.

Et voilà qu’à New York, sous les projecteurs les plus impitoyables du tennis, il se transforme.

Face à Rublev, son bourreau à Madrid l’an dernier, Félix a non seulement gagné, il a dominé.

Trois manches nettes : 7-5, 6-3, 6-4. Avec des coups droits claqués comme des uppercuts, des aces foudroyants au moment opportun, et surtout un calme glaçant.

Comme si toutes les années de chaos venaient soudain de converger vers ce moment de grâce.

Et c’est là que la dimension historique prend toute son ampleur.

Car ce n’est pas seulement un quart de finale de plus dans sa carrière.

C’est le premier depuis quatre ans. Le premier depuis que Félix avait atteint les demi-finales de 2021, battu par Daniil Medvedev au terme d’une aventure qui avait enflammé le Québec entier.

On croyait que ce parcours allait le propulser définitivement dans l’élite, qu’il allait se battre pour les Grands Chelems année après année. Mais la suite a été une traversée du désert.

Aujourd’hui, son retour dans le dernier droit de l’US Open n’est pas un simple « comeback ».

C’est un signe que le Félix qu’on avait cru perdu n’a jamais disparu. Qu’il a simplement attendu le bon moment pour réapparaître.

Il faut aussi mesurer l’exploit à l’aune de son adversaire.

Rublev n’est pas n’importe qui. Un top 15 mondial, un joueur qui menait 7-1 dans les duels face à Félix avant ce match.

Un adversaire qui incarnait jusqu’ici le miroir cruel des limites d’Auger-Aliassime.

Et pourtant, sur ce court, c’est le Russe qui a explosé, fracassant sa raquette, multipliant les fautes directes, incapable de contenir la puissance retrouvée du Québécois.

Ce match n’était pas seulement une victoire. C’était une démonstration. Un message lancé à toute la planète tennis : Félix est de retour, et il veut sa revanche sur l’histoire.

Bien sûr, il faut tempérer.

Les plus cyniques diront : « On l’a déjà vu briller pour s’écrouler après. » Ils n’ont pas tort.

L’inconstance a été son talon d’Achille. Mais justement, c’est ce qui rend cette victoire encore plus marquante.

Car cette fois, Auger-Aliassime a tout l’air d’avoir appris de ses erreurs. Il ne s’emballe pas, il ne surjoue pas. Il avance, point par point, comme un joueur qui sait que chaque occasion est peut-être sa dernière.

Et ce quart de finale, c’est plus qu’un simple match à venir.

C’est une chance unique de réécrire son histoire.

S’il passe, il retrouvera les demi-finales, quatre ans après sa première, dans un scénario qui ressemble à une rédemption.

Et s’il gagne encore, pourquoi ne pas rêver à une finale historique, à un titre qui effacerait des années de doutes?

Il y a une symbolique forte dans ce timing.

En 2021, Félix avait 21 ans, un jeune prodige encore naïf, émerveillé de se retrouver parmi les grands.

En 2025, il a 25 ans, l’âge où les grands champions forgent leur légende. Novak Djokovic avait 24 ans quand il a commencé à dominer.

Rafael Nadal avait déjà ses 10 Roland-Garros. Pour Félix, c’est maintenant ou jamais.

Et le décor ne pouvait pas être mieux choisi : New York, ville de tous les excès, de toutes les histoires folles, de tous les tremblements. Le public adore les récits de renaissance, les come-back improbables.

Et si Auger-Aliassime offre un autre chapitre digne de 2021, il pourrait bien redevenir le chouchou du tournoi.

Il ne faut pas oublier non plus ce que cette victoire signifie pour le tennis québécois et canadien.

Depuis l’explosion de Bianca Andreescu en 2019, depuis les éclairs de Leylah Fernandez, le pays attend un champion durable.

Auger-Aliassime avait été désigné héritier, mais il avait failli. Aujourd’hui, il porte à nouveau cet espoir.

Et il le porte dans un contexte plus dur que jamais : critiqué pour sa résidence à Monaco, accusé par la presse française de « fuyant fiscal », malmené dans les médias pour ses choix personnels, il avait besoin d’une réponse sur le terrain.

Et cette réponse, il l’a donnée avec fracas.

Alors, est-ce que c’est « là », comme disent les fans?

Est-ce que c’est enfin le moment où Félix brise le plafond de verre et s’installe définitivement dans le cercle fermé des prétendants aux Grands Chelems?

Personne ne peut le prédire. Mais une chose est certaine : avec cette victoire, il s’est offert une nouvelle légitimité.

Plus qu’un tremblement, c’est peut-être un début de séisme qui pourrait secouer toute la hiérarchie du tennis.

Parce que si Félix Auger-Aliassime retrouve ses demi-finales de 2021, quatre ans plus tard, c’est l’histoire qui se répète. Et l’histoire, parfois, aime offrir une deuxième chance.

Ce qui est sûr, c’est que le message est clair : Félix n’est pas fini, il n’est pas enterré. Il a encore faim, il a encore du feu. Et à New York, ce feu est en train de prendre des allures d’incendie.

Tremblement à New York : Auger-Aliassime écrit une page d’histoire. Et si ce n’était que le début?

À suivre ...