Le Canadien de Montréal a peut-être frappé un coup de maître en sixième ronde du repêchage 2025. En sélectionnant le défenseur droitier allemand Carlos Händel, le Tricolore n’a pas simplement ajouté un nom de plus à sa banque d’espoirs : il a mis la main sur une denrée rare dans la LNH moderne.
À 6 pieds 1 pouce et 170 livres, Händel n’est peut-être pas encore un géant, mais il incarne exactement ce que les organisations recherchent avec obsession : un défenseur droitier moderne, mobile, intelligent, capable de transporter la rondelle et de lire le jeu à haute vitesse.
Originaire de Erlangen, en Allemagne, Händel a fait le pari ambitieux de poursuivre son développement en Suède, au sein du prestigieux programme des Redhawks de Malmö.
C’est là, entre le J18 et le J20, qu’il a épaté les recruteurs avec 23 points en 37 matchs. Et ce n’est pas un hasard si les Mooseheads de Halifax l’ont ciblé avec insistance au repêchage européen de la LCH, affirmant qu’ils le surveillaient depuis plus d’un an et demi.
« Il nous a éblouis en Allemagne alors qu’il était encore surclassé. Il joue un hockey complet, défend bien, mais ce qui frappe, c’est sa fluidité et sa capacité à attaquer les espaces ouverts », a commenté le DG Cam Russell.
Händel a ensuite confirmé son potentiel en récoltant 26 points en 52 matchs dans la LHJMQ, avec Halifax, tout en tenant son rang au sein de l’équipe nationale allemande U17 et U18.
Même s’il était plus de 22 h en Allemagne au moment de l’annonce, la nouvelle de la sélection de Carlos Händel par le Canadien de Montréal a rapidement fait réagir les médias spécialisés du pays. Les plateformes dédiées au hockey ont aussitôt relayé l’information, parlant d’un « vol » réalisé par le Tricolore.
Dans un pays où chaque joueur repêché dans la LNH est vu comme une victoire nationale, le fait qu’un défenseur droitier aussi moderne et complet que Händel soit réclamé par un club aussi mythique que le CH a provoqué une onde de choc.
Un véritable tremblement de terre dans le petit monde du hockey allemand.
Le fait que Händel soit un défenseur droitier n’est pas anodin. C’est peut-être l’élément le plus stratégique dans cette sélection.
On l’a vu lors du dernier marché des transactions : Kent Hughes a dû payer le prix fort pour obtenir Noah Dobson. Pourquoi? Parce que les défenseurs droitiers, capables de jouer sur l’avantage numérique, de transporter la rondelle et d’assurer des relances efficaces, sont devenus des pièces d’échec aussi précieuses que les centres de premier trio.
Händel, sans être une valeur sûre à court terme, représente une carte à jouer dans cette grande stratégie. S’il perce, le CH pourrait tenir là un vol de sixième ronde. S’il plafonne, il reste un atout pour Laval.
Son style de jeu cadre d’ailleurs parfaitement avec les tendances modernes de la LNH. Händel est un défenseur fluide, qui aime accompagner l’attaque et qui excelle dans les sorties de zone en contrôle.
Il n’a pas peur de se projeter en offensive, et sa vision du jeu lui permet souvent de créer des chances inattendues.
Il n’est pas rare de le voir s’aventurer jusqu’au fond de la zone adverse pour conserver la possession, puis revenir à toute vitesse pour se replacer en couverture.
À Halifax, il a réussi à se faire une place importante dans la rotation défensive, malgré un calendrier d’adaptation qui aurait pu ralentir un joueur de son âge et de son profil.
Mais c’est peut-être sa capacité à apprendre rapidement et à s’adapter à toutes les situations qui en fait un espoir fascinant.
Händel n’est pas seulement un joueur de talent : c’est un joueur à l’éthique de travail impressionnante. Les Mooseheads ont salué sa préparation physique exemplaire, sa compréhension des systèmes nord-américains, et surtout, sa maturité.
« Il agit comme un professionnel à 18 ans. On sent qu’il veut faire les choses correctement, » a confié un entraîneur-adjoint de l’équipe.
Ça tombe bien : le Canadien de Montréal veut construire un noyau où l’engagement et la responsabilité sont non-négociables.
D’autant plus que l’arrivée de Noah Dobson change radicalement la donne. Le CH est en train de transformer sa ligne bleue en un modèle de polyvalence et de relance.
Avec Dobson, Hutson, Guhle, Reinbacher et maintenant Händel dans la filière, Kent Hughes a posé les fondations d’une unité défensive qui pourrait dominer la LNH dans quelques années.
Il reste encore beaucoup de travail, certes, mais chaque pièce du puzzle semble soigneusement choisie. Händel, avec son flair européen, son intelligence situationnelle et son instinct offensif, complète admirablement ce tableau.
Et puis, il y a le facteur allemand. De plus en plus, la LNH s’ouvre aux talents venus d’Allemagne. Leon Draisaitl, Moritz Seider, Tim Stützle ont démontré que le pays est capable de produire des joueurs d’impact.
Händel n’a pas ce profil de superstar, mais il partage avec eux ce même désir de faire sa place dans le circuit Bettman.
Il l’a répété lors de ses entretiens avec les recruteurs du CH : il est prêt à faire les sacrifices nécessaires, à gravir chaque échelon, et à apprendre au quotidien.
En repêchant Händel, le Canadien ne mise pas sur un coup éclatant, mais sur un pari intelligent. C’est exactement le genre de décision qui permet à une organisation de se bâtir une profondeur durable.
Si Händel se développe comme prévu, il pourrait très bien devenir un quatrième ou cinquième défenseur capable de jouer des minutes spécialisées, voire un substitut fiable en cas de blessure.
Mais son potentiel offensif laisse aussi entrevoir une surprise. Certains recruteurs n’ont pas caché qu’ils le voyaient comme un quart-arrière potentiel sur une deuxième unité d’avantage numérique.
Pour l’instant, Carlos Händel se concentre sur la suite : le camp de développement, puis une deuxième saison encore plus dominante à Halifax.
Il sait que rien ne lui sera remis sur un plateau. Mais avec sa vision du jeu, sa capacité à distribuer la rondelle sous pression et son sens de l’anticipation, il a tout ce qu’il faut pour étonner.
Ce n’est pas pour rien que plusieurs détecteurs parlent de lui comme d’un « sleeper pick » : un joueur qu’on oublie trop facilement, mais qui finira par forcer la porte du show.
Carlos Händel est peut-être un nom discret aujourd’hui. Mais si l’on en croit ceux qui l’ont vu jouer, ce nom pourrait résonner plus fort qu’on ne l’imagine dans les prochaines années.
Que ce soit à Montréal ou à Laval.
Les deux derniers choix du CH passent dans le beurre
Le Canadien de Montréal a utilisé son autre choix de sixième ronde pour repêcher un joueur beaucoup plus mystérieux : Andrew MacNiel, un défenseur des Rangers de Kitchener dans l’OHL.
Ce grand droitier de 6’2”, mais encore très frêle à 170 livres, n’a disputé que 33 matchs cette saison à sa première année complète dans le junior majeur, récoltant trois passes et affichant un différentiel de -6.
Il est totalement absent des classements de plusieurs recruteurs, et il n’existe pratiquement aucun profil étoffé de lui.
Tandis que Händel faisait la une de certains médias européens spécialisés et qu'il a même été invité au Combine de la LNH, MacNiel passait dans l’ombre la plus complète. Un pari pur de projection pour le Tricolore, qui espère peut-être avoir flairé un diamant brut caché dans les coulisses de l’OHL.
Et pour clore cette séance de repêchage en toute discrétion, le Canadien a jeté son dévolu sur un autre défenseur totalement inconnu du grand public : Maxon Vig, un arrière gaucher de 19 ans évoluant dans la USHL.
Sélectionné au 209e rang, Vig affiche un gabarit intéressant à 6 pieds 2 pouces et 212 livres, et il poursuivra son développement dans la NCAA avec Bemidji State en 2025-26.
Peu de recruteurs avaient un œil sur lui, aucun rapport public ne le classait dans les espoirs notables, mais son profil physique et sa progression tardive ont visiblement convaincu les éclaireurs du Tricolore de lui offrir une chance.
Avec Andrew MacNiel au 189e et Maxon Vig au 209e, le CH termine son repêchage avec deux projets bruts, passés complètement sous le radar.
Il ne faut jamais dire jamais...