Il y a des noms qui, lorsqu'ils ressurgissent, provoquent immédiatement un frisson dans le dos des partisans du Canadien de Montréal. Trevor Timmins en fait partie.
L'ancien patron du recrutement du CH, celui qui a laissé passer Claude Giroux en 2006, celui qui a souvent transformé des premières rondes en silences radio, est aujourd'hui de l'autre côté.
Il est maintenant dans la direction des Blue Jackets de Columbus. Et devinez quoi : il a retrouvé ses vieilles habitudes.
En juin dernier, avec le quatrième choix au total, Columbus a ignoré un joueur générationnel, Ivan Demidov, pour jeter son dévolu sur un autre profil, plus nord-américain, plus brut, plus... Lindstrom.
Cayden Lindstrom.
Un colosse de centre, repêché pour son gabarit, son jeu physique, sa projection dans la LNH. Le genre de joueur qui "devrait dominer en séries". Mais voilà : Lindstrom n'a pas joué un seul match depuis presque un an.
La raison? Une chirurgie au dos subie en novembre 2024.
Une réhabilitation longue, préoccupante, entamée à Columbus, puis reprise à petits pas.
Il a recommencé à patiner en février, s’est glissé dans quelques morning skates en avril, et vient tout juste de réintégrer son club junior à Medicine Hat.
Selon Don Waddell, DG des Blue Jackets, Lindstrom pourrait disputer son tout premier match de la saison ce soir, dans le premier duel de la finale de la WHL contre Spokane. Il serait un "game-time decision".
Est-ce une bonne nouvelle? Bien sûr. Mais le timing est catastrophique.
Pendant que Lindstrom apprend à remarcher dans ses patins, Ivan Demidov a électrisé le Centre Bell en séries et en fin de saison.
Il a joué sur la première unité d’avantage numérique et fait déjà partie du noyau du Canadien.
Et ce n’est pas seulement en Amérique du Nord qu’il a impressionné.
En KHL, avec le SKA Saint-Pétersbourg, Demidov a connu une saison spectaculaire.
Il a récolté 49 points en 65 matchs, et tout cela avec du temps de jeu limité.
Il affrontait des hommes, dans une ligue ultra structurée, et s’est adapté avec une facilité déconcertante.
Sa capacité à protéger la rondelle, à déjouer dans des espaces restreints et à lire le jeu à haute vitesse a tout de suite convaincu les recruteurs européens.
Et en séries, il est devenu un des joueurs les plus menaçants du Canadien sur l'avantage numérique, non seulement par son talent brut, mais par sa maturité, sa discipline et son instinct de tueur en zone offensive.
Le contraste est cruel.
Demidov est en train de changer le visage du Canadien.
Pendant ce temps, Columbus attend encore que Lindstrom dispute son premier match.
Et si la situation physique de Lindstrom était connue avant le repêchage, ce choix devient encore plus indéfendable. On savait pour son dos.
On savait que c’était un risque. Mais Trevor Timmins a quand même foncé.
Il a mis de côté le joueur le plus talentueux du repêchage.
Il a ignoré la production, l’intelligence, la vision. Il a, encore une fois, misé sur un "projet physique". Et il est en train de revivre le même scénario qu’à Montréal : celui d’avoir laissé filer un joueur d’impact à la grandeur du sport.
Ce n’est pas juste une erreur de projection. C’est une erreur systémique.
Parce que pendant que Timmins cherche à bâtir autour d’un jeune homme convalescent, Kent Hughes construit autour d’un diamant poli, déjà productif et déjà adoré par les partisans.
Et dans une ligue où chaque année de développement compte, le CH a une avance déjà irrattrapable.
Aujourd’hui, à Columbus, les partisans commencent à murmurer.
Et les journalistes commencent à fouiller. Parce que si Lindstrom ne devient pas un joueur d’impact dès l’an prochain, ce choix deviendra un des pires ratés de l’ére moderne pour l’organisation.
Et pendant ce temps, Trevor Timmins, lui, est dans une tempête bien méritée.
Misère...