C’est une scène qui a glacé tout le Centre Bell.
Trevor Zegras, sourire en coin, a planté le clou final en tirs de barrage. A ralenti, il a mangé Samuel Montembeault les yeux fermés.
Un tir bas, précis, chirurgical. Le geste d’un joueur né pour briser les élans adverses. Le geste d’un artiste qui aurait pu, qui aurait dû, porter le chandail du Canadien de Montréal.
Ce soir, Zegras a encore livré une prestation éclatante : deux passes, une séquence magique sur le but de Cam York...
Et le tir vainqueur en fusillade.
C’est lui qui a orchestré la relance des Flyers, encore lui qui a dynamisé l’avantage numérique avec son toucher unique et sa vision de jeu surnaturelle.
Philadelphie l’a compris : avec Zegras, chaque présence peut devenir un moment de spectacle. Pendant ce temps, Montréal se contente de regretter. Parce qu’au-delà du résultat du match, c’est l’erreur historique de Kent Hughes qui a éclaté en plein visage du public.
Le DG du CH payer cher... son manque de courage...
Zegras n’est pas seulement un joueur talentueux : c’est le meilleur de l'histoire en fusillade de toute la LNH. À chaque duel, il semble lire le gardien avant même que la rondelle quitte sa palette. Et hier, il a encore démontré pourquoi il est considéré comme un génie offensif moderne.
Mais ce que les partisans montréalais retiennent surtout, c’est le fait qu'il ne soit pas un membre du CH.
Car Trevor Zegras aurait pu être à Montréal. Oui, il aurait pu être le joueur qui faisait lever le Centre Bell. Le Canadien avait la main sur le dossier, les Ducks cherchaient à s’en départir, et l’offre était dérisoire : un centre défensif et un choix de deuxième ronde.
Daniel Brière a flairé l’occasion et a envoyé Ryan Poehling, le 45ᵉ choix et un 4ᵉ tour à Anaheim. Trois miettes pour un joyau. Kent Hughes, lui, a reculé. Parce qu’Anaheim voulait Jake Evans. Et le DG du CH a refusé de céder son « shutdown center ».
Hier soir, on a vu le résultat de ce manque de guts. Evans a touché le poteau sur sa seule vraie chance du match, pendant que Zegras, lui, décidait de l’issue de la rencontre. Montréal a choisi la sécurité, Philadelphie a choisi le talent. Et une fois de plus, la prudence a perdu.
Ce qui rend la chose encore plus incompréhensible, c’est la proximité entre Zegras et Cole Caufield. Les deux amis ont passé l’été ensemble à s’entraîner, à jouer au golf, à rire ensemble.
Ils ont même habité sous le même toit pendant près d’un mois. Leur complicité est naturelle, fluide, irrésistible. Avant le match, on les a vus échanger un sourire complice sur la patinoire.
Deux enfants devenus stars, deux âmes jumelles du hockey offensif. Imaginez ces deux-là dans le même uniforme, dans le même avantage numérique, nourris par les passes de Suzuki et la créativité de Hutson et Demidov.
Juste imaginez le... sur le même trio que Demidov. C’était le rêve parfait. Kent Hughes, lui, a préféré le casser net.
Il faut dire que Zegras n’a plus rien du jeune homme dispersé d’Anaheim. Celui qu'ont traitait de joueur fini.
À Philadelphie, il a trouvé un environnement qui croit en lui. Rick Tocchet, un entraîneur réputé pour son exigence, lui a tendu la main :
« Tu n’as pas besoin d’être parfait, tu as juste besoin d’être toi-même », lui aurait-il dit en début de saison.
Zegras rayonne. Quatre buts, onze passes, quinze points en treize matchs. Mais au-delà des chiffres, c’est sa maturité qui frappe.
Il joue avec une intensité nouvelle, il revient en zone défensive, il communique, il entraîne ses coéquipiers. Il est devenu ce que Montréal cherche désespérément : un joueur capable de créer et d’inspirer à la fois.
Pendant ce temps, Kent Hughes et Martin St-Louis continuent de parler de « culture ». Ce mot qui revient comme sans cesse. La fameuse culture du vestiaire.
Celle qui sert d’excuse chaque fois qu’un joueur trop talentueux, trop expressif, trop différent ne cadre pas dans le moule.
Zegras n’entrait pas dans la définition rigide de cette culture. Trop flamboyant, trop libre, trop imprévisible. Montréal veut des soldats, pas des artistes.
Mais ce soir, cette philosophie a pris un coup. Devant 21 000 spectateurs médusés, le « bad boy » qu’on jugeait ingérable a offert une "masterclass" de hockey moderne.
Sa passe aveugle sur le but de York, son tir précis en fusillade, son contrôle du jeu en avantage numérique : tout y était. Et la différence avec le manque de "swag" de Jake Evans... donne mal au coeur..
La vérité, c’est que Montréal a tout ce qu’il faut pour accueillir un joueur comme Zegras. Une ville passionnée, une équipe jeune, un entraîneur censé comprendre les esprits créatifs.
Martin St-Louis, lui-même un artiste du hockey, aurait pu canaliser Zegras mieux que quiconque. Mais à force de prêcher l’humilité et la structure, il a fini par effacer la spontanéité qui faisait de lui un joueur unique. Et c’est ce même réflexe de contrôle qui a empêché le Canadien de saisir la chance Zegras.
Hier, on a vu deux philosophies s’affronter. D’un côté, Daniel Brière et les Flyers : audacieux, assumés, prêts à miser sur le talent pur. De l’autre, Kent Hughes et les Canadiens : prudents, calculés, obsédés par l’image.
Et quand la fusillade s’est terminée, la différence faisait mal. Zegras, avec son sourire narquois, célébrait au centre de la glace. Evans, lui, regardait le vide.
Pendant ce temps, une seule question qui hante les partisans ce soir : comment ça, Trevor Zegras n’est pas un membre du Canadien de Montréal ?
