Tristesse à Brossard: Patrik Laine abandonné par le groupe

Tristesse à Brossard: Patrik Laine abandonné par le groupe

Par David Garel le 2025-04-29

C’est un moment qui résume toute la descente aux enfers de Patrik Laine à Montréal.

Ce matin, à l’entraînement du Canadien, alors que le club joue sa survie en séries éliminatoires, une scène a figé les observateurs : Laine, seul dans son coin, évité par ses coéquipiers, les bras croisés, la tête baissée. Isolé. Complètement mis à l’écart.

Martin McGuire, qui ne verse pas souvent dans le commentaire émotionnel, a été choqué par ce qu’il a vu.

« Il bougonne un peu, il est tout seul dans son coin. Il n'y a pas beaucoup d'interactions avec les autres joueurs », a-t-il dit, presque mal à l’aise sur les ondes du 98,5 FM.

Puis la phrase qui résume tout :

« Au niveau de son langage corporel, c'est comme si les stores étaient fermés. »

Les stores sont fermés. Voilà où on en est rendu.

Ce n’est plus seulement un désintérêt. C’est un mur. Une barrière. Un joueur qui ne veut plus, qui ne peut plus, qui n’essaie plus. Et autour de lui, une équipe qui ne veut plus faire semblant.

Tout renvoie à cette scène dans l’avion du Canadien: tous les joueurs jouent aux cartes, jasent, rient… sauf Laine.

Lui regarde dehors, complètement perdu dans ses pensées, comme un enfant enfermé dans une bulle. Certains ont voulu excuser ça par la différence culturelle, par la personnalité réservée. Mais à un moment donné, ça ne passe plus. Parce qu’à force de s’isoler, on se fait oublier. Puis on se fait rejeter.

Depuis la chicane avec Brendan Gallagher lors du deuxième entracte à Washington lors du 2e match — cette explosion dans le vestiaire où Gallagher aurait carrément sauté une coche contre Laine devant tout le monde — rien ne va plus.

Ce n’était pas un simple accrochage. C’était un moment de rupture. Gallagher, qui a passé une journée de congé chez le dentiste à cause de deux doubles-échecs reçus en plein visage, n’a pas toléré une seconde de plus l’attitude méprisante de Laine.

Il y a des jeunes dans cette équipe. Il y a des recrues comme Hutson et Demidov qui observent. Et ce qu’ils voient en Laine, c’est exactement ce qu’on ne veut pas apprendre : un joueur de talent qui ne se bat pas, qui ne se salit pas, qui joue pour lui, pas pour l’équipe.

Et là, tout éclate. Le malaise n’est plus silencieux. Il est sur la glace. Il est visible. Il est capté par les journalistes. Il est ressenti par tous les partisans.

Même à son anniversaire, on dit que très peu de joueurs lui ont parlé ou célébré avec lui. Ce détail, anodin en apparence, en dit long.

Dans une chambre de hockey, l’anniversaire est un moment de camaraderie. Une tape dans le dos. Une raison de sortir. Une part de gâteau. Pour Laine? Rien.

Et aujourd’hui, c’est comme si tout ça prenait une forme physique. Une mise à l’écart complète. Un homme seul, au milieu d’un groupe qui prépare son match le plus important de l’année.

Il ne jouera pas mercredi selon McGuire. Selon le journaliste, on le sait déjà. Ce n’est même plus une rumeur. Il ne reviendra pas dans l’alignement pour le match #5.

Et selon plusieurs, dont Maxim Lapierre, Antoine Roussel et Georges Laraque, il ne remettra plus jamais le chandail du Canadien. À ce point-ci, Laine est fini à Montréal. Ce n’est plus une question de performance. C’est une question de rupture.

Ce qui est le plus cruel dans tout ça, c’est qu’il ne semble même pas réaliser à quel point la terre s’effondre sous ses pieds.

Comme si ça lui glissait dessus. Il ne sourit pas, il ne grimace pas. Il est absent. Éteint. Et quand Martin St-Louis dit qu’il a pris les décisions qui, selon lui, pouvaient aider son équipe, et qu’il ne nomme même pas Laine… c’est que même l’entraîneur veut tirer un rideau.

Une page se tourne, mais elle se tourne dans la gêne, dans le froid, dans l’échec. Ce joueur que certains rêvaient de voir relancer sa carrière ici, ce tireur d’élite qu’on croyait capable de 35 ou 40 buts par année, est maintenant un corps en trop sur la glace d’un club qui tente de survivre.

Les joueurs vont donner tout ce qu’ils ont demain. Mais Laine, lui, ne sera même pas une pensée. Il ne sera ni héros, ni espoir. Il sera dans les gradins. Avec son capuchon. Invisible.

La suite est inévitable. Il sera racheté. Le dossier est trop lourd. Trop embarrassant. Trop toxique. Mais d’ici là, chaque jour est un rappel : le vestiaire du Canadien, lui, est déjà passé à autre chose.

Patrik Laine ne s’attendait pas à vivre une telle descente aux enfers à Montréal. On lui avait promis un rôle majeur, une chance de se relancer dans un marché qui allait célébrer son tir foudroyant. Ce qu’il a reçu à la place? Une exclusion progressive, un désintérêt croissant de ses entraîneurs… et un isolement qui, aujourd’hui, crève les yeux.

À l’entraînement, il n’y a plus de sourires. Plus de complicité. Même Martin St-Louis, d’habitude si humain, si rassembleur, semble éviter le contact.

Et Laine, lui, s’éloigne encore davantage. Il ne fait plus partie du groupe. Il ne fait plus partie du projet. Peut-être n’a-t-il jamais vraiment voulu en faire partie.

Le hockey est un sport cruel quand l’enthousiasme n’y est plus. Quand le lien entre le joueur et l’équipe est rompu, il ne reste qu’une question de temps.

Le regard de Martin St-Louis sur le banc, son silence, son choix de l’écarter à un moment crucial… tout ça parle plus fort que n’importe quelle déclaration.

Et ce regard-là, Patrik Laine ne l’oubliera jamais.