Il y a des silences qui hurlent plus fort que les mots. Et dans les studios de Cogeco, le malaise était si épais qu’on aurait pu le trancher au couteau. Tout ça à cause d’un homme qui refuse de lâcher le morceau : Pierre Gervais.
Alors que David Desharnais livrait un témoignage bouleversant sur Marc Bergevin au micro de Mario Langlois, évoquant avec émotion le câlin sincère du DG lors de son départ pour Edmonton, Gervais, lui, n’a rien trouvé de mieux que d’enfoncer encore une fois son ancien patron. Gratuitement. Méchamment. Sans la moindre retenue.
Dans le studio, David Desharnais avait l’air mal à l’aise. Et on le comprend. Comment ne pas ressentir le froid glacial qui s’est abattu sur l’atmosphère quand Gervais a lancé, presque avec plaisir :
« Ce n’est pas parce que tu es une bonne personne que tu as du jugement. »
Une attaque directe, mesquine, indéfendable. Un coup de poignard en plein cœur d’un témoignage sincère.
Pourquoi cet acharnement?
Il veut continuer d'enfoncer Marc Bergevin après tout le mail qu'il lui a fait? Il lui a reproché d’avoir changé radicalement de comportement lors de ses deux dernières années à Montréal, le décrivant comme un homme écrasé, amer, en perte totale d’énergie et d’humanité.
Il a affirmé que Bergevin avait perdu sa joie de vivre, qu’il entrait dans le vestiaire avec la défaite dans les yeux, et qu’il était devenu une version sombre et déprimée de lui-même.
Mais la critique la plus sournoise, c’est lorsqu’il a sous-entendu que Bergevin n’avait « pas de jugement », malgré son bon cœur.
Une attaque déguisée qui a profondément choqué ceux qui ont côtoyé le DG pendant dix ans. Gervais a aussi laissé entendre que Bergevin prenait des décisions émotives, voire adolescentes, et qu’il était en fin de parcours, usé, sans vision.
En somme, il a dépeint son ancien patron comme un homme fini, incapable de s’adapter à la pression du marché montréalais.
Selon plusieurs sources proches du dossier, ce n’est pas le congédiement qui a le plus blessé Marc Bergevin… c’est la trahison humaine de Pierre Gervais.
Après des années à protéger son staff, à faire passer les autres avant lui, à multiplier les gestes de loyauté envers ceux qu’il considérait comme sa famille de travail, Bergevin a été littéralement brisé par les propos de Gervais dans son livre.
On dit qu’il l’a lu une seule fois… et qu’il a eu le souffle coupé. Que cette trahison l’a touché plus profondément que tout ce qu’il a vécu à Montréal. Même plus que les insultes des partisans. Plus que la pression médiatique.
Comme si Gervais savait exactement où frapper. Et comme s’il prenait un malin plaisir à continuer de le faire. Cette douleur-là, ce n’était pas une critique de plus. C’était une amitié brisée. Une blessure morale. Un geste vicieux, sournois, et profondément triste.
La vraie question, la seule qui vaille la peine d’être posée : qu’est-ce que Pierre Gervais cherche exactement?
Pourquoi continue-t-il à salir le nom de Marc Bergevin, des années après son départ? Pourquoi insiste-t-il pour traîner dans la boue Dominique Ducharme, un homme qu’il appelait autrefois son ami?
Pourquoi s’acharne-t-il encore aujourd’hui alors que son livre est sorti, vendu, digéré – ou vomi, selon les opinions?
La réponse se trouve peut-être dans l’ego blessé d’un homme qui n’a pas digéré que Marc Bergevin lui offre un contrat d’un an plutôt que trois.
Oui, la clé de l’acharnement de Pierre Gervais se trouve peut-être dans un détail passé sous silence dans les médias : son contrat de fin de carrière.
Après 35 ans de loyaux services, Gervais voulait partir en beauté, avec un contrat de trois ans qui lui aurait permis de terminer sa carrière tranquillement, avec une transition en douceur.
Mais Marc Bergevin, en pleine refonte de l’équipe et sous pression, a plutôt proposé un contrat d’un an. Une entente courte, symbolique, pour lui permettre de dire au revoir — mais sans prolongation inutile.
Gervais l’a mal pris. Très mal. Certains jeunes préposés à l’équipement menaçaient de partir s’ils ne montaient pas en grade, et Bergevin avait choisi de penser à l’avenir. Gervais s’est senti humilié.
Et c’est là que l’idée du livre a pris racine. Une vengeance déguisée en mémoire. Il a décidé de frapper fort. De frapper là où ça fait mal.
Et de monétiser sa revanche contre ceux qui n’ont pas voulu lui dérouler le tapis rouge jusqu’à sa retraite. Résultat : il a trahi non seulement ses anciens patrons, mais toute la culture du silence et du respect qui règne dans un vestiaire professionnel.
Un homme qui, après 35 ans dans l’ombre du vestiaire, a enfin vu une lumière médiatique… et a décidé de s’y baigner sans retenue. Peu importe les conséquences. Peu importe les trahisons.
Une trahison à tous les étages.
Car c’est bien de trahison qu’il s’agit. Pierre Gervais a trahi son vestiaire. Il a trahi les codes tacites, sacrés, qui unissent une équipe, un personnel, un groupe. Il a trahi Marc Bergevin, qui lui avait fait confiance. Il a trahi Dominique Ducharme, qu’il a publiquement humilié dans son livre.
Il l’a qualifié de coach désorganisé, dépassé, et dont le message « ne passait pas » auprès des joueurs. Selon Gervais, Ducharme annonçait les changements de trios à la dernière minute, ne respectait pas les horaires d’entraînement et prenait de mauvaises décisions sans consulter ses joueurs vedettes.
Il va même jusqu’à affirmer que Shea Weber modifiait les stratégies du coach en cachette, tellement le vestiaire n’avait plus de respect pour lui.
Et comme si ce n’était pas assez, il ajoute que Ducharme n’aurait jamais dû être prolongé après la finale de 2021, le présentant comme un coach de niveau junior, incapable de gérer une chambre de la LNH. Ces attaques, livrées sans filtre, ont profondément blessé Ducharme, qui a déclaré publiquement qu’il considérait Gervais comme un ami… avant de découvrir ces critiques dans un livre vendu en librairie.
Et il a trahi le public. Car sous prétexte de « dire les vraies affaires », il s’est adonné à un défoulement personnel, un règlement de compte à peine déguisé, dans le seul but de vendre des copies et flatter son ego.
Il n’a pas écrit un livre pour témoigner. Il a écrit un livre pour régler ses comptes.
Chantal Machabée l’a elle-même avoué : il y avait un malaise. Un malaise profond, généralisé. Les joueurs du Canadien, qui avaient d’abord promis de se présenter au lancement du livre de Gervais, ont tous annulé à la dernière minute. Aucun n’est venu. Pas un seul.
Même Martin St-Louis, présent par pure politesse, avait l’air mal à l’aise. Et Machabée, en bonne communicatrice, a été forcée d’expliquer que « les joueurs aimaient Dominique Ducharme et Marc Bergevin. »
Gervais a franchi une ligne rouge.
Ducharme, de son côté, ne lui a jamais répondu. Il a été clair : il s’est senti trahi. Et quand il a obtenu un poste à Vegas, il n’a même pas pris la peine de répondre au texto de Gervais.
Et il a eu raison. Comment peut-on prétendre à une relation amicale quand on salit l’autre en public, pour faire du cash?
Ce qui rend tout cela encore plus malaisant, c’est que Gervais continue de cracher son venin deux ans plus tard dans un studio où régnait la retenue, la gêne, et le non-dit.
Même Mario Langlois, d’habitude plus incisif, s’est contenté d’écouter. Parce que la tension était palpable. Parce que personne n’osait affronter Gervais de front.
Mais ce que les auditeurs ont ressenti, eux, c’est le poids du malaise. La lourdeur d’un règlement de compte sur les ondes.
La gêne de Desharnais, qu’on sentait pris entre le respect pour Bergevin et l’obligation de ne pas contredire un « collègue » dans le même studio. C’était gênant. C’était froid. C’était indécent.
Gervais se cache derrière 35 ans de loyaux services. Il joue la carte de l’homme de confiance, du témoin privilégié.
Mais quel témoin digne de ce nom utilise sa position pour traîner dans la boue ceux qui lui ont permis de monter aussi haut? Quel témoin digne de ce nom tire profit des secrets d’un vestiaire pour écrire un livre à scandale afin d'obtenir un emploi à la radio pour continuer de dévoiler des secrets de chambre?
Aucun.
Gervais a joué les espions de l’intérieur. Et maintenant qu’il est dehors, il s’en met plein les poches.
Il faut dire les vraies choses : le livre de Pierre Gervais est un torchon sensationnaliste. Un ramassis d’anecdotes croustillantes balancées sans filtre, sans contrepartie, sans droit de réponse.
Et le pire, c’est que ça marche.
Parce que le public adore les « coulisses ». Parce que le vestiaire du Canadien, c’est sacré. Et quand un ancien « insider » y va de ses révélations, ça vend. Peu importe si ça blesse. Peu importe si c’est faux. Peu importe si ça détruit des réputations.
Jean-Charles Lajoie l’a bien résumé : Gervais s’est vengé. Parce qu’il voulait un contrat de trois ans. Parce que Bergevin ne le lui a pas donné. Parce que les jeunes de son équipe menaçaient de partir s’ils n’étaient pas promus. Alors Gervais a décidé de partir… en éclaboussant tout le monde.
Son livre, c’est une vengeance déguisée en hommage. Un règlement de compte emballé dans du papier cadeau. Un lynchage public au nom de la vérité.
Mais la vérité, elle, n’a jamais eu besoin d’être monétisée.
Le pire dans tout ça? C’est que les vrais témoins, les vrais joueurs, ceux qui ont partagé le vestiaire avec Gervais pendant toutes ces années… se taisent.
Pas parce qu’ils n’ont rien à dire. Mais parce qu’ils respectent encore ce code de silence, cette pudeur, ce respect que Gervais, lui, a piétiné.
Et c’est peut-être ça, la plus grande trahison.