La commotion ne vient pas toujours d’un coup de poing sur la glace.
Parfois, elle prend la forme d’une photo anodine, partagée sur les réseaux sociaux.
Un visage amaigri, une barbe poivre et sel, des cheveux entièrement gris. Et soudain, le Québec se demande : Guillaume Latendresse va-t-il bien?
Une photo... mille réactions...
Tout est parti d’une image. Guillaume Latendresse, flanqué de sa famille, le regard apaisé, la silhouette transformée.
Le corps est plus mince, le teint plus pâle, les traits marqués. Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont fusé. Certains l’ont félicité pour sa transformation physique spectaculaire. D’autres se sont inquiétés : est-il malade?
La réponse, aussi simple que puissante, tient en quelques chiffres : Guillaume Latendresse parcourt entre 40 et 50 kilomètres de vélo par jour.
C’est sa nouvelle routine. Son nouveau combat. Il a tourné le dos aux plateaux, aux micros, aux caméras. Il a pris soin de lui, pour la première fois depuis très longtemps.
Et il faut le rappeler : ce départ n’a pas été provoqué par un burn-out soudain ou par une querelle d’ego. Ce fut un geste volontaire. Une décision lucide. Celle d’un homme qui a trop longtemps repoussé le moment de se soigner.
« J’aurais dû le faire avant »
Dans un message publié il y a plusieurs mois, Latendresse a tout avoué. Sans filtre. Sans détour.
« C’est une situation récurrente depuis quelques années, probablement un symptôme de mes commotions durant ma carrière. »
« Je prendrai donc une pause de toutes mes activités professionnelles, La Poche Bleue, TVA et Le Bataillon. »
« C’est quelque chose que j’aurais peut-être dû faire depuis quelques années, mais que j’ai toujours repoussée. »
Ce n’était pas une simple pause. C’était un aveu. Un appel à l’aide. Un moment de vérité.
Évidemment, les rumeurs ont circulé. Beaucoup se sont demandé : Latendresse et Lapierre sont-ils en froid? Y a-t-il eu une rupture d’amitié? Un clash d’orgueil?
La réponse est non. Maxime Lapierre et Guillaume Latendresse sont toujours liés par cette amitié forgée dans les vestiaires... et la bière froide...
La suite, on la connaît. La Poche Bleue, le balado si populaire parmi toute une génération d’amateurs de hockey, a continué… sans lui. Pascal Leclaire a remplacé Guillaume. Les micros ont continué de tourner. Mais l’âme, elle, s’est évaporée.
Car soyons honnêtes : La Poche Bleue, ce n’était pas juste une émission. C’était une amitié mise en onde. Un duo complémentaire. Maxime, le stratège intense. Guillaume, le cœur sur la table. Les deux formaient un tout. Un équilibre fragile, mais magique.
Et depuis son départ, La Poche Bleue n’est plus que l’ombre d’elle-même.
La vente de l’émission pour 8,8 millions à Playmaker Capital avait déjà brisé l’authenticité du projet. Mais l’absence de Guillaume l’a vidée de sa substance.
Le ton a changé. Le contenu est rendu pareil que celui des médias traditionnels. Les délires se sont évanouis. Les discussions sont devenues prudentes, prévisibles, lisses. Le balado est passé du statut de phénomène culturel à celui de simple podcast parmi d’autres.
Il y a lieu de se demander si le scandale Mike Ward est venu ternir encore davantage la réputation de La Poche Bleue. Rappelons les faits.
Invités à Sous écoute, Lapierre et Latendresse, éméchés, ont complètement dérapé : gestes déplacés, attouchements non consentis, propos douteux. Mike Ward a été clair :
« Ils voulaient me montrer qu’ils étaient capables de boire comme des hommes, mais à la place, ils ont bu comme des enfants. »
L’épisode a été retiré. La controverse a éclaté.
Depuis, plusieurs ont tenté de ranimer la flamme. Steve Bégin. André Roy. Éric Bélanger. Même Jean Perron. Mais tout cela n’a fait qu’aggraver le malaise. La Poche Bleue est devenue un monstre hybride, perdu entre nostalgie et désorientation.
Jadis symbole d’authenticité, d'humour et de gars chauds, La Poche Bleue s’est repliée après l’incident. Ce qui faisait son charme, les confidences non censurées, les anecdotes crues, les rires de taverne, a été remplacé par un ton plus prudent, plus formaté.
Fini les brosses à micro ouvert.
Fini les moments spontanés qui faisaient exploser les réseaux sociaux.
Fini le chaos maîtrisé.
Après le scandale, les fondateurs ont voulu devenir sages. Le contenu est devenu plus lisse. Les angles plus sages. Le ton plus tiède. Par peur de la prochaine controverse, La Poche Bleue s’est anesthésiée.
Latendresse a décidé de s’éloigner. Et avec lui, La Poche Bleue a perdu son équilibre.
Maxim Lapierre (toujours aussi excellent) a continué, certes. Mais l’émission n’a jamais retrouvé la magie d’avant. Ce n’est pas une question de talent. C’est une question de duo. Guillaume incarnait l’émotion, la vulnérabilité, le lien humain. Il était la demi-âme invisible de l’émission. Sans lui, c’est un décor sans décorateur.
La suite? Une lente agonie déguisée en continuité.
Malgré l’arrivée de Pascal Leclaire, malgré les nouveaux segments, malgré les invités prestigieux, La Poche Bleue ne fait plus vibrer. Les chiffres stagnent, l’excitation a disparu.
Et cela a commencé exactement après le scandale Mike Ward. Le moment charnière. Le point de rupture.
Parce qu’en plus de faire fuir une partie de l’auditoire, l’incident a forcé l’équipe à changer son ADN. Le naturel a été remplacé par la gestion d’image. Le rire par la retenue. Le chaos joyeux par une structure prévisible.
C’est là que le Québec a compris : La Poche Bleue d’avant est morte ce soir-là.
Et seule la résurrection de Guillaume pourrait raviver la flamme. Mais à quel prix?
Car pendant ce temps, Guillaume pédale.
Il traverse les routes. Il affronte ses démons. Il ne parle plus à travers un micro, mais à travers ses silences. Il se reconstruit. Il apprend à redevenir lui-même. Pas la mascotte. Pas le personnage. L’homme. Le père. Le fils.
Latendresse a compris qu’il ne fallait plus repousser l’urgence de vivre.
L'ancien du CH est plus qu’un ancien joueur de hockey. Il est le symbole d’une génération de sportifs qui osent maintenant parler de santé mentale, de blessures invisibles, de douleurs persistantes.
Il a eu le courage de tout arrêter pour se soigner. Le courage de se montrer vulnérable. Le courage de pédaler vers l’inconnu.
Pendant ce temps, La Poche Bleue cherche encore sa route. Elle tourne en rond. Elle parle, mais ne dit plus rien.
Et nous, tout ce qu’on veut, ce n’est pas un podcast. Ce n’est pas du contenu.
C’est ce moment rare où deux chums rient à gorge déployée. Ce lien indestructible entre deux hommes.
Pour que La Poche Bleue renaisse... Guillaume doit revenir...