Le hockey, c’est une question de moments.
Ces instants où l’émotion est à son comble, où l’aréna vibre sous l’excitation, où les joueurs entrent sur la glace avec la tension à son paroxysme.
Ces moments, sacrés pour les amateurs, sont des pièces maîtresses de la mise en scène sportive.
Mais à TVA Sports, on semble avoir oublié cette règle de base.
Dans un moment qui restera sans doute comme un des pires placements de produit de l’histoire du hockey, la chaîne a réussi un exploit télévisuel d’un ridicule absolu.
Alors que l’équipe des États-Unis faisait son entrée sur la glace, avec une intensité dans le tapis, les cris de la foule et l’adrénaline qui montait…
Boom.
"Et maintenant, un message d’IGA !"
Et comme une hallucination collective, Ricardo est apparu à l’écran.
Avec son éternel sourire et son enthousiasme débordant, il a soudainement remplacé les joueurs américains sous les projecteurs, comme si un steak de bœuf bio du terroir allait faire oublier les enjeux de la rencontre.
Pendant que la foule scandait "USA! USA! USA!", Ricardo, imperturbable, livrait son message commercial :
"Chez IGA, on a le local à cœur…"
Sérieusement ?
Le sommet de l’intensité, le climax du spectacle, sacrifié pour du placement de produit aussi absurde qu’inapproprié. Un placement de produit qui frôle l’insulte aux fans
On comprend que TVA Sports est en chute libre financièrement. Que la chaîne a désespérément besoin de "cash". Mais il y a une façon de faire de la publicité sans insulter l’expérience des téléspectateurs.
La chaîne frôle l’infopub en continu, avec des placements de produits de plus en plus maladroits :
Ozempic en surimpression pendant le jeu, comme si une seringue de médication diabétique pour perdre du poids était aussi importante qu’un avantage numérique.
Sans oublierLes pizzas Salvatore imposées en direct plus tôt cette saison, mettant Élizabeth Rancourt dans une situation gênante où même ses collègues n’osaient plus regarder la caméra.
Et maintenant, Ricardo et IGA qui prennent en otage un moment de tension pure, le genre de scène où un diffuseur sérieux ajoute du prestige, pas une recette de cuisine.
La publicité est une nécessité, mais quand elle en vient à détruire le spectacle, c’est un échec absolu. Un symbole du naufrage de TVA Sports
Ce qu’on a vu samedi n’est pas juste une erreur de régie. C’est le symptôme d’un diffuseur au bord du gouffre, prêt à tout pour un peu de revenus publicitaires, quitte à massacrer ce qui fait la beauté du sport.
Depuis des années, TVA Sports accumule les déficits. Créée en 2011 pour concurrencer RDS, la chaîne a toujours eu du mal à s’imposer.
Son manque de contenu exclusif, son incapacité à diversifier son offre et son monopole sur les matchs des Canadiens (acquis à grands frais) l’ont mise dans une situation précaire.
Et maintenant que Bell et RDS la regardent s’enfoncer sans bouger, on assiste à des stratégies de survie dignes d’une télé de fin de soirée, où chaque seconde d’antenne devient une opportunité pour vendre n’importe quoi.
Il faut être honnête : TVA Sports n’a jamais été rentable. En 2014, la chaîne comptait 1,8 million d’abonnés. Aujourd’hui, selon les données du CRTC, elle peine à en conserver un million. À titre de comparaison, RDS, qui était à 3,3 millions d’abonnés en 2014, en a encore 1,7 million aujourd’hui.
La différence ? RDS ne demande pas à Michel Therrien de se déguiser en pizza ou ne coupe pas un moment-clé pour parler de brochettes de saumon.
Car RDS a quelque chose que TVA Sports n’a jamais eu : la classe.
Une erreur qui fait jaser… pour les mauvaises raisons.
Sur les réseaux sociaux, le fou rire collectif a été immédiat. Les moqueries ont fusé :
"Ricardo est turn off en tab..."
"Ça fait tu ti counne !!"
"Il devrait se garder une tite gêne aux prix double de ses aliments lui lol"
Même les fans frustrés par la prestation de l’hymne national canadien n’en revenaient pas :
"Le pire, c'est que j’ai aimé mieux la pub que l’hymne…"
Quand une publicité devient plus marquante qu’un match international, c’est un désastre.
Et au-delà des rires, ce genre de faux pas détruit la crédibilité d’un diffuseur.
Vers une chute inévitable ?
Avec un contrat de diffusion qui se termine en 2026, plusieurs experts estiment que TVA Sports ne survivra pas. Québecor devra choisir entre vendre la chaîne, la fermer ou s’associer avec un géant du streaming comme Amazon, qui deviendra bientôt un acteur clé dans la diffusion de la LNH.
Mais avec des décisions aussi catastrophiques, qui voudrait investir dans ce Titanic du sport télévisé ?
La publicité doit servir le spectacle, pas le tuer. Si TVA Sports veut vraiment survivre, il faudra revoir de fond en comble sa stratégie marketing, son respect du contenu, et surtout son respect des fans.
Parce que sacrifier un moment de sport intense pour une recette de Ricardo, c’est une erreur impardonnable.
Mais à ce rythme-là, qu’est-ce qui nous attend pour la suite ?
Un Ricardo picture-in-picture pendant les tirs de barrage ?
Une pub d'Ozempic en pleine séquence de power play ?
Ce soir, on a touché le fond.
TVA Sports doit se ressaisir avant que la chaîne ne devienne définitivement une parodie d’elle-même. Il y a des erreurs qui se pardonnent.
Et il y a celles qui laissent un goût amer en bouche, un peu comme une recette complètement ratée. Ce samedi, TVA Sports a réussi un exploit digne d’un chef-d’œuvre du malaise télévisuel.