TVA Sports tire la plogue sur le hockey de la LNH

TVA Sports tire la plogue sur le hockey de la LNH

Par David Garel le 2024-11-13

Un sentiment d'urgence et de fin imminente plane sur TVA Sports.

Un courriel récemment reçu d'un abonné fidèle illustre parfaitement le malaise croissant parmi les téléspectateurs :

"J'ai une question pour vous. Nous sommes le 7 novembre et il y a 12 parties au calendrier de la LNH. Par contre, aucune n'est diffusée à TVA Sports, le diffuseur officiel de la LNH. Savez-vous pourquoi?"

"Aussi, hier, deux parties étaient diffusées à TVA Sports, mais la deuxième a été présentée en cours au milieu de la 2ᵉ période. Pourquoi ne pas diffuser la deuxième partie à TVA Sports 2?"

Ce message est le reflet d'un désarroi généralisé. Malgré un investissement colossal de 720 millions de dollars pour obtenir les droits exclusifs de la LNH, TVA Sports semble abandonner progressivement la diffusion des matchs avant même la fin du contrat en 2026.

Cette décision étonne de nombreux abonnés, surtout lorsqu'on sait que la chaîne a investi autant d'argent pour s'assurer les droits exclsuifs francophones jusqu'en 2026.

Mais la réalité est cruelle : les cotes d'écoute sont si basses que TVA Sports juge qu'il n'est plus rentable de payer des employés pour diffuser des matchs que presque personne ne regarde.

Les amateurs de hockey constatent avec tristesse que la chaîne est en train de s'effacer du paysage télévisuel québécois.

On peut sentir la frustration des amateurs de hockey qui ne comprennent pas pourquoi la chaîne spécialisée semble se désengager de sa mission première.

La réponse est malheureusement simple : les audiences sont en chute libre. 

Les chiffres récents confirment cette tendance alarmante. Lors du match très attendu entre les Canadiens de Montréal et les Maple Leafs de Toronto, diffusé simultanément sur TVA et TVA Sports, les cotes d'écoute ont été décevantes.

Seulement 570 000 téléspectateurs en moyenne à la minute ont suivi la rencontre, répartis presque également entre les deux chaînes.

Bien que ce soit légèrement supérieur à la moyenne habituelle de 400 000, c'est bien en-dessous des attentes pour un tel événement.

Ce rejet du public a des conséquences directes sur la programmation.

Si le Canadien de Montréal, un samedi soir, attire à peine 400 000 téléspectateurs. Imaginez un match de la LNH n'incluant pas le CH pendant la semaine. Les chiffres sont tout simplement catastrophiques.

Diffuser un match de la LNH nécessite des ressources humaines et techniques importantes : équipes de production, commentateurs, analystes, techniciens, sans oublier les frais de diffusion eux-mêmes.

Lorsque l'audience n'est pas au rendez-vous, les coûts engagés ne sont plus justifiés. TVA Sports, déjà fragilisée par des pertes financières avoisinant les 300 millions de dollars depuis sa création, doit donc faire des choix stratégiques pour limiter l'hémorragie.

La décision de réduire le nombre de matchs diffusés, malgré les droits exclusifs, est le symbole d'une chaîne en difficulté.

Les téléspectateurs, de plus en plus nombreux à se tourner vers d'autres plateformes ou diffuseurs anglophones comme Sportsnet, contribuent à accentuer le cercle vicieux du déclin des audiences.

De plus, la concurrence des services de streaming et des nouvelles technologies modifie les habitudes de consommation, rendant la tâche encore plus ardue pour TVA Sports.

Cette désaffection du public est d'autant plus préoccupante que TVA Sports traverse une crise financière majeure.

Depuis sa création en 2011, la chaîne n'a jamais été rentable, accumulant des pertes avoisinant les 300 millions de dollars.

Les efforts pour redresser la situation tombent dans le beurre, et les signes d'un effondrement irréversible se multiplient.

La décision de ne pas diffuser certains matchs de la LNH, malgré le statut de diffuseur officiel, renforce le sentiment que TVA Sports est sur le point de capituler.

Paradoxalement, pendant que la chaîne s'effondre, les dirigeants de Québecor continuent de percevoir des salaires de fou.

Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction, a empoché 4,9 millions de dollars en 2023, une augmentation de 57 % par rapport à l'année précédente.

Les cinq plus hauts dirigeants de l'entreprise se sont partagé 13,8 millions de dollars, doublant ainsi leurs gains en un an.

Cette disparité choque, surtout en considérant les vagues de congédiements qui ont touché des centaines d'employés de Groupe TVA, incluant TVA Sports.

Pendant ce temps, la famille Péladeau continue de consolider son emprise sur Québecor. Pierre Karl Péladeau contrôle près de 76 % des droits de vote de l'actionnariat grâce aux actions à votes multiples, avec une valeur de ses actions estimée à 2,4 milliards de dollars.

Ses frères, Jean B. Péladeau et Érik Péladeau, occupent également des postes de haute direction, percevant respectivement 1,9 million de dollars et 920 700 $ en 2023.

Cette concentration de richesse au sein de la famille contraste fortement avec les difficultés financières de TVA Sports et les sacrifices imposés aux employés.

La déconnexion entre les sacrifices des travailleurs et l'enrichissement des dirigeants est non seulement choquante, mais elle menace également la viabilité à long terme de l'entreprise.

Les vagues de congédiement successives ont non seulement un impact sur les familles des employés, mais elles brisent également la confiance et la loyauté au sein de l'entreprise.

Les appels à l'aide du gouvernement pour soutenir les "vrais médias" semblent hypocrites lorsque les dirigeants refusent de sacrifier une partie de leurs rémunérations pour sauver des emplois...ou pour diffuser le hockey de la LNH à ses abonnés.

Les téléspectateurs désertent, les pertes financières s'accumulent, et l'entreprise continue de saigner ses ressources humaines et financières.

À moins d'un revirement spectaculaire, il est difficile d'imaginer un avenir où TVA Sports retrouverait sa place dans le paysage médiatique québécois.

Pierre Karl Péladeau, dans son refus de lâcher prise, risque d'entraîner avec lui non seulement TVA Sports, mais aussi une partie de l'héritage médiatique du Québec.

Son entêtement, qu'il s'agisse d'orgueil ou de passion, pourrait bien précipiter la chute de ce qu'il a mis tant de temps à construire.

Les employés, les téléspectateurs et l'industrie médiatique tout entière regardent ce navire qui sombre, en espérant que des leçons seront tirées de cette débâcle.

Il est temps pour Québecor de repenser sa stratégie, de faire preuve d'humilité et de responsabilité sociale. La survie de TVA Sports, et plus largement de l'écosystème médiatique québécois, dépend d'une prise de conscience urgente de la réalité économique et des besoins du public.

L'acharnement de Pierre Karl Péladeau à maintenir TVA Sports à flot, malgré les pertes financières colossales, suscite de nombreuses interrogations.

Sa récente rencontre avec Geoff Molson, propriétaire des Canadiens de Montréal, et Louis-Philippe Neveu, directeur général de TVA Sports, montre qu'il veut renouveler les droits de diffusion de la LNH en 2026.

Cette détermination, perçue par certains comme de l'entêtement, contraste avec la réalité économique difficile que traverse l'entreprise.

Les critiques sont cinglantes. Beaucoup se demandent pourquoi continuer à investir dans une chaîne qui ne parvient pas à attirer les téléspectateurs, alors que des employés perdent leur emploi et que les ressources pourraient être allouées à des secteurs plus prometteurs.

Le décalage entre les sacrifices des travailleurs et les rémunérations élevées des dirigeants accentue le malaise.

Le courriel de l'abonné met en lumière un problème fondamental : l'élimination de la confiance et de l'engagement du public envers TVA Sports.

L'absence de diffusion de matchs importants, l'incohérence dans la programmation et le manque de communication claire alimentent la frustration.

Les amateurs de hockey se tournent vers d'autres options, laissant TVA Sports dans une position de plus en plus précaire.

Il est difficile de ne pas voir dans ces événements les signes annonciateurs de la fin pour TVA Sports. La combinaison de pertes financières importantes, de cotes d'écoute décevantes et de mécontentement des téléspectateurs crée une tempête parfaite.

À moins d'un revirement spectaculaire, la chaîne pourrait bien cesser ses activités avant même l'expiration du contrat actuel avec la LNH.

L'avenir de TVA Sports est plus incertain que jamais. Les décisions prises dans les prochains mois seront cruciales pour déterminer si la chaîne peut se réinventer ou si elle disparaîtra du paysage médiatique québécois.

Les téléspectateurs, quant à eux, attendent des réponses et des actions concrètes pour redonner vie à une chaîne qui était supposée une référence pour les amateurs de sport.

Une chaîne supposée être le diffuseur exclusif francophone de la LNH. 

Imaginez la tête de Gary Bettman en apprenant que les matchs n'y sont pratiquement plus diffusés. Disons que ça ne va pas améliorer la relation déjà tendue avec Pierre-Karl Péladeau.

N'allez pas chercher plus loin pour savoir pourquoi les Nordiques ne sont jamais revenus et ne reviendront jamais. Bettman n'a jamais fait confiance à Péladeau.

Avec raison...