Un centre géant à Montréal: le coup de circuit de Kent Hughes

Un centre géant à Montréal: le coup de circuit de Kent Hughes

Par Marc-André Dubois le 2025-04-10

Le Canadien de Montréal, depuis quelques années, ne se contente plus de jouer défensif lors du repêchage. On sent chez Kent Hughes un appétit de plus en plus féroce, une volonté de construire un club qui va non seulement participer aux séries, mais qui va écraser ses adversaires physiquement, dominer mentalement, et imposer une présence constante dans les coins, au filet, dans les batailles d’hommes.

Et dans cet esprit-là, un nom émerge de plus en plus fortement dans les coulisses du Centre Bell : Roger McQueen.

Ce nom n’est peut-être pas encore connu du grand public à la hauteur d’un Ivan Demidov ou d’un Lane Hutson, mais dans les bureaux de recrutement, il circule comme une évidence.

McQueen, c’est la nouvelle obsession du Canadien. Un géant de 6 pieds 5, en croissance constante, qui n’a pas peur d’aller au filet, qui possède des mains étonnamment agiles pour un joueur de sa taille, et surtout, qui patine avec une fluidité presque choquante.

C’est la combinaison que les recruteurs rêvent de trouver depuis des années : le centre gros format, mobile, intelligent, capable de faire des jeux et de jouer avec du chien. Roger McQueen, c’est le rêve devenu réalité.

Et ce n’est pas un hasard si le Canadien le vise.

Kent Hughes, ce n’est pas Marc Bergevin. Hughes ne repêche pas avec la peur de se tromper. Il repêche avec la conviction de construire une fondation.

Et si le CH a Ivan Demidov et Lane Hutson en feu, s’il a Juraj Slafkovsky encore en développement, ce qui manque encore, c’est un centre de puissance, un futur pivot qui peut non seulement relayer Suzuki, mais peut-être le surpasser un jour.

Il a terminé la saison avec des statistiques remarquables dans un petit marché, à Brandon dans la WHL, un endroit où peu de joueurs se font valoir sans lutter.

Il a dominé physiquement, tout en démontrant des aptitudes de jeu à la Elias Lindholm. Son tir est lourd. Il a un flair offensif indéniable. Mais ce n’est pas ça qui impressionne le plus chez lui.

Ce qui frappe, c’est sa vision du jeu et son engagement défensif. Oui, tu as bien lu. Ce n’est pas qu’un gros bonhomme qui fonce au filet. McQueen recule, bloque des tirs, intercepte des passes, relance l’attaque avec efficacité.

Il est complet. Et quand on sait que le CH a déjà des ailiers très talentueux – Caufield, Demidov, Slafkovsky,  – ce que ça prend, c’est un centre capable de stabiliser une ligne, de faire jouer les autres à leur meilleur. C’est exactement ce qu’est Roger McQueen.

Pourquoi est-ce que les recruteurs du Canadien sont aussi obsédés par lui?

Parce qu’il est à portée.

Le CH va probablement repêcher autour du 15e ou 17e rang, selon le classement des Flames. Et McQueen, pour des raisons totalement injustifiées, pourrait glisser.

Pourquoi? Parce qu’il joue à Brandon. Parce qu’il n’est pas dans le programme de développement américain. Parce qu’il n’a pas eu l’exposition des tournois internationaux.

Mais ça ne veut rien dire. Sur la glace, il a fait taire tous les doutes. Et les recruteurs les plus intelligents – ceux qui regardent la vraie game, pas les cotes – savent que McQueen va être une aubaine.

À Montréal, on commence à le comprendre. Il a visité les installations du Canadien. Il a rencontré les responsables du développement. Il a laissé une impression forte.

Le genre de présence calme, confiante, professionnelle. Pas un gamin prétentieux. Un futur pro.

Et si tu veux un centre qui peut jouer au Centre Bell, tu dois avoir un gars qui n’a pas peur de la pression. McQueen, c’est exactement ça.

Pas besoin de s’excuser. Pas besoin de chercher des excuses. Il entre, il joue, il frappe, il domine. Le type de joueur qui va faire du bruit dans les coins et qui va marquer des buts laids quand ça compte.

Et maintenant, posons la vraie question : Kent Hughes va-t-il oser?

Oui. Il va oser.

Parce que cette année, le CH ne vise pas un projet à long terme. Il vise à construire un club de séries. Et Roger McQueen, c’est un gars de séries.

Ce n’est pas un joueur de show. Ce n’est pas un flash. C’est un joueur de printemps. Un gars qui va faire mal aux Maple Leafs. Un gars qui va déranger les Panthers. Un gars qui va provoquer des revirements. Et qui va scorer.

Dans un monde où les gérants généraux veulent des joueurs formatés, McQueen sort du moule. Et c’est pour ça que Kent Hughes l’aime. C’est pour ça que Nick Bobrov, son bras droit en recrutement, en parle avec admiration. C’est pour ça que Martin Lapointe a déjà fait plusieurs voyages en Saskatchewan pour l’observer en personne. Ce gars-là, ils veulent le voir dans leur alignement.

La question n’est plus « qui » le Canadien veut, c’est « est-ce qu’il sera disponible? »

Et s’il l’est, Montréal ne doit pas hésiter une seconde.

Parce que si le CH réussit à mettre la main sur Roger McQueen, ce n’est plus seulement une reconstruction. C’est une transformation.

C’est du hockey de séries. Du hockey de domination. Du hockey qui fait mal. Et du hockey qu’on n’a pas vu à Montréal depuis 1993.

La reconstruction est presque terminée. Mais pour qu’elle devienne un plan d’attaque, pour que le CH devienne une force de la LNH, il faut que le prochain joueur repêché ne soit pas juste talentueux, mais qu’il change la dynamique.

Roger McQueen est ce joueur.

Et s’il est disponible, Kent Hughes ne doit pas réfléchir. Il doit foncer. Parce que si le Canadien le laisse passer, une autre équipe va se réveiller, et cette fois, ce ne sera pas le CH qui rira dans cinq ans.

Ce sera une autre équipe. Et on regardera McQueen dominer, ailleurs.

Mais pas cette fois.

Pas si le Canadien fait ce qu’il faut.

Pas si Montréal fait le bon choix.