Un million de dollars pour remplacer François Legault: Mario Dumont dans l'eau chaude

Un million de dollars pour remplacer François Legault: Mario Dumont dans l'eau chaude

Par David Garel le 2025-05-15

Il y a des rumeurs qui durent un après-midi. D’autres qui survivent à une semaine. Et il y a celles qui, comme des virus tenaces, reviennent toujours, même après des traitements médiatiques intensifs.

La rumeur qui veut que Mario Dumont remplace François Legault à la tête de la CAQ appartient à cette dernière catégorie.

Elle refuse de mourir. Elle se nourrit du silence. Elle se propage dans les corridors de la CAQ, dans les micros du du réseau Cogeco, et dans le regard inquiet de Dumont lui-même.

Et maintenant, elle éclate.

Jeff Fillion l’avait lancée en premier : 

« Mario Dumont va remplacer Legault, c’est écrit dans le ciel. » 

Puis Jérôme Landry a mis le feu aux poudres, sur les ondes du FM93 à Québec, en disant ce que tout le monde pense tout bas : Mario Dumont pourrait tasser François Legault afin de devenir premier ministre du Québec.

Mais ce que peu de gens osent dire, c’est que Mario Dumont est en colère noire. Pas juste un peu agacé. Pas juste froissé. Furieux. Parce que cette rumeur-là, elle menace tout son écosystème.

Le roi des ondes est pris à son propre jeu.

Mario Dumont, ce n'est pas juste un ex-politicien. C’est devenu une entreprise. Un empire tranquille. QUB Radio le matin. LCN à 11 h. TVA en prime. Une présence médiatique presque aussi stable que celle de Bernard Derome à l’époque.

Selon Landry, il touche un million de dollars par année, sans compter les collaborations, les chroniques, les projets spéciaux.

Un million... de dollars par année. Déjà que Dumont a piqué une colère face aux rumeurs qui le renvoie en politique. Il serait encore plus en furie que son salaire soit étalé au grand jour.

Les propos de Landry ont dû briser le coeur de Dumont:

"Les chèques de paie, si ça fait 10 ans que tu gagnes presque 1 million par année. Je comprends que tu peux te dire que mon argent est fait. 

Il y a ça dans le sang, la politique. Je ne peux pas croire qu'il va finir sa vie à faire un show que les matantes, les mononcles écoutent le matin quand tout le monde travaille."

Sa tranquillité est menacée par une rumeur qu’il n’a pas provoquée et qu’il n’arrive plus à éteindre.

Et c’est peut-être là le nœud de l’explosion. Ce qui rend Mario Dumont furieux, ce n’est pas seulement la rumeur elle-même, mais le fait qu’elle mette sa vie personnelle sur la sellette. 

Le fait que Dumont ferait « environ un million par année », que ses revenus proviennent de QUB, de LCN, de TVA, et qu’il est une véritable vache à lait du système médiatique de Québecor, tout le monde s’est mis à sortir la calculette.

À juger. À comparer. À calculer ce que ça lui coûterait de revenir en politique. Il est en maudit que son intimité salariale soit ainsi jetée en pâture au public. Parce que dans son esprit, ce n’est pas de l’analyse politique. C’est du voyeurisme.

Et ça ne s’arrête pas là. Les chroniqueurs de corridor, toujours affamés de chair fraîche, n’ont pas hésité à ramener Marie-Claude Barrette dans la discussion.

On a insinué que la fortune du couple repose sur un empire discret, mais juteux, où les apparitions télévisées se doublent de commandites bien négociées.

" Les deux, l'argent rentre à plein tuyau. " a-t-on affirmé sur les ondes du FM93, puis sur l'ensemble du réseau Cogeco.

Et ça, pour Mario, c’est la ligne rouge. Parce que maintenant, les rumeurs ne menacent plus juste sa carrière. Elles menacent sa crédibilité. Sa famille. Son intimité. Son équilibre.

Quand Jeff Fillion – qui ne peut pas le sentir– dit que Dumont « a toujours eu la soif du pouvoir », qu’il « ne faut pas croire qu’il en avait fini avec la politique », il le fait avec un ton acide.

Le problème, c’est que Dumont répète qu'il ne veut pas. Il le répète à qui veut l’entendre. 

« Non. Ça ne m’intéresse pas. » 

Il l’a dit publiquement. Privément. En coulisses. Il l’a dit à Guy A. Lepage, il l’a dit à ses proches, il l’a dit à ses collègues de QUB. Mais plus il le nie, plus le feu prend.

Parce qu’on le sait, au Québec, ce qu’on nie trop fort… finit souvent par se réaliser.

La CAQ est en chute libre. 20 % dans les sondages. Derrière le Parti québécois. Derrière les libéraux. Une dégringolade historique.

Et là, l’idée fait son chemin. Un remplacement express. Comme les libéraux fédéraux l’ont fait avec Justin Trudeau et Mark Carney. Legault se retire. Dumont entre. On sauve les meubles. On sauve la CAQ.

Un blitz médiatique. Un scénario rêvé. Et un nom familier. Assez neuf pour inspirer confiance, assez ancien pour rassurer les boomers.

Mais le problème, c’est que Mario ne veut pas. Ou plutôt, il prétend qu'il ne veut rien savoir.

Pas parce qu’il n’aime pas le Québec. Pas parce qu’il n’a plus d’ambition. Mais parce qu’il sait ce que ça implique. Rentrer dans la fournaise politique, c’est dire adieu à sa liberté. À son horaire. À son confort. À sa vache à lait.

Et surtout… à son anonymat fiscal.

Si Mario Dumont revient en politique, il n’est pas seul à plonger. Il entraîne dans la tempête Marie-Claude Barrette, sa conjointe, qui fait de l'argent comme de l'eau avec ses projets de balado et de TV.

Et là, on voudrait le replonger dans la jungle de la politique, en sachant que chaque geste de sa femme sera encore plus scruté, amplifié, instrumentalisé ?

Pas étonnant qu’il soit dans une colère noire.

Pas étonnant qu’il dise à ses proches : « C’est de l’acharnement. »

Pas étonnant qu’il ait failli tout envoyer promener.

Et le plus ironique ? C’est que Mario Dumont a lui-même été témoin du calvaire médiatique de Martin St-Louis.

Souviens-toi de ce moment bouleversant à Tout le monde en parle. Mario arrive sur le plateau, voit St-Louis, et lâche du fond du cœur :

« Je suis intimidé. C’est plus que ça. Je suis fier de Martin. »

Un moment d’authenticité. De vulnérabilité. De respect. Dumont regardait un homme qui avait survécu au lynchage médiatique, au doute, aux rumeurs de congédiement lancées partout au Québec.

Et maintenant, c’est lui qui subit ça. Lui, qui est vu comme le sauveur d’un parti en ruine. Lui, qui devrait revenir comme si 2008 n’avait jamais existé.

Peut-être qu’il devrait appeler Martin St-Louis pour lui demander : 

« Comment tu fais pour tenir quand tout le monde veut décider à ta place ? »

Parce qu’en ce moment, le Québec veut décider pour Mario Dumont.

La vérité, c’est que le Québec veut un sauveur.

François Legault est épuisé. Le regard vide. Le ton monotone. Il n’a plus de jus. Il n’a plus de feu. Et même dans son propre parti, on parle de lui au passé.

« Il ne veut plus être là. Il ne se représente pas. »

On prépare déjà le 7 juin, au Conseil jeunesse de la CAQ, comme une répétition générale d’un congrès funéraire. Et pendant ce temps-là, des gens dans l’ombre, proches du pouvoir, parlent déjà de Dumont comme du “Plan A”.

Et si ce n’est pas lui ? Qui ?

Bernard Drainville ? Crédibilité carbonisée.

Sonia LeBel ? Trop technique. Trop froide.

Éric Girard ? Invisible, sauf quand il a donné plus de 5 millions de dollars aux propriétaires millionnaires des Kings de Los Angeles.

Il reste qui ?

Il reste Mario Dumont.

L’homme qui a quitté la politique en 2008 sur un goût amer. Après avoir frôlé le pouvoir. Après avoir conduit l’ADQ à l’opposition officielle. Après avoir été humilié par une dégelée électorale imprévue.

C’était la blessure de trop.

Et maintenant ? On lui demande de revenir. Comme Carney. Comme Trudeau. Comme un Patrick Roy politique, qu’on imagine revenir pour sauver la saison du Canadien.

Et si c’était maintenant ou jamais ?

Le Québec veut du changement.

20 % pour la CAQ. Troisième position. Legault est fini. La seule chose qui le retient encore, c’est son orgueil. Mais même ses plus proches savent qu’il n’ira pas jusqu’en 2026.

Et les scénarios se bousculent : départ au mois d’août. Élection déclenchée à l’automne. Remplacement en mode éclair. Nomination sans course à la chefferie. Un Carney-Trudeau local.

Et à chaque scénario, le nom de Mario Dumont revient. Encore. Encore. Et encore.

Et lui, il explose. Il peste. Il rage. Il nie.

Mais il ne peut plus fuir. Parce que le Québec a déjà voté. Pas sur un bulletin. Mais dans sa tête.

Le prochain premier ministre s’appelle Mario Dumont.

Et il n’a plus le droit de choisir. Parce que quand le Québec choisit un sauveur… il l’impose.