C’est un samedi après-midi à Buffalo que tout a basculé. Tandis que les yeux du monde du hockey se braquaient sur les tests physiques du Combine, une phrase prononcée par un colosse tchèque de 6 pieds 6 pouces a fait vibrer l’écosystème du Canadien de Montréal comme une onde de choc :
« C’est avec eux que j’ai parlé le plus, probablement, parmi toutes les équipes. »
Boum. Le genre de déclaration qui fait trembler les murs du complexe d’entraînement du CH à Brossard. Oui, Radim Mrtka vient littéralement de pointer du doigt le Tricolore comme l’équipe qui a le plus investi sur lui cette saison. Et ce n’est pas rien.
Tout commence bien avant que le géant ne foule la glace des Thunderbirds de Seattle. À l’époque, Mrtka est encore en Tchéquie, et c’est Michal Krupa, le recruteur du CH pour l’Europe de l’Est, qui ouvre le canal de communication. Mrtka ne cache rien :
« J’ai vu beaucoup leur gars de la Slovaquie quand j’étais en Europe. »
Krupa, c’est l’homme de confiance de Kent Hughes pour dénicher des joyaux bruts à l’est du continent. Celui qui a vu Ivan Demidov avant tout le monde, celui qui murmure des noms dans les couloirs de l’aréna alors que personne ne les connaît encore. Il semble bien que Radim Mrtka soit son nouveau bijou.
Et on comprend pourquoi. Mrtka a tout du défenseur générationnel que les équipes rêvent de développer dans leurs rangs. Solide comme un roc, fluide sur patins, calme sous pression, doté d’un excellent instinct offensif… et surtout, d’une confiance inébranlable.
« Je n’ai pas de grandes faiblesses dans mon jeu, vraiment. »
Une phrase qui résume toute sa posture : celle d’un futur top 2 en LNH. Il cite Victor Hedman et Moritz Seider comme comparables, et il ne tremble pas en le disant. Avec ses 35 points en 43 matchs dans la WHL, il démontre une montée rapide de ses instincts offensifs, tout en dominant physiquement.
Le problème : il ne sera pas là au 16e ou 17e rang.
C’est là que ça devient compliqué pour le Canadien. Mrtka est classé autour du 14e rang sur la plupart des listes, mais certains voient Pittsburgh sauter dessus au 11e rang.
Les Penguins sont même allés soupçonner Kyle Dubas lui-même d’avoir organisé un souper avec lui cette semaine. L’image du DG montrée à Mrtka a d’ailleurs fait rire tout le monde, mais le message ne pourrait pas être plus clair : les Penguins sont sérieusement intéressés.
Ce qui est fascinant, c’est que l’état-major du Canadien a dit à Mrtka qu’ils ne s’attendent pas à pouvoir le sélectionner. Mais on connaît le modus operandi de Kent Hughes et Jeff Gorton : ils adorent cacher leur jeu. Ils l’ont fait avec Ivan Demidov, ils pourraient le refaire avec Radim Mrtka.
Tout est aligné.
Ils ont les actifs : le 16e et le 17e choix, des espoirs comme Logan Mailloux, Joshua Roy, Owen Beck, et même des joueurs de soutien à Laval ou des choix de 2e ronde.
Montréal pourrait très bien tenter de monter au 12e, 13e ou même 10e rang, sans payer le prix exorbitant qu’exigerait un saut dans le top 5 pour un joueur comme Caleb Desnoyers.
Le Victor Hedman du futur au Centre Bell?
Un défenseur droitier de 6’6’’ avec du flair offensif, un sang-froid digne des plus grands, un potentiel top-2, et une maturité émotionnelle rare chez un joueur de son âge.
C’est un moment qui pourrait être hautement symbolique pour Martin St-Louis. Lui qui pris un géant suédois recrue du nom de Victor Hedman, pourrait aujourd’hui boucler la boucle en accueillant à bras ouverts Radim Mrtka, un défenseur de 6 pieds 6, qui se compare lui-même à Hedman et qui rêve de faire honneur à la tradition des grands arrières européens.
Pour St-Louis, ce serait plus qu’un simple choix stratégique. Ce serait un retour en arrière émotif, un clin d’œil à une époque où il était le grand frère d'un Hedman qui allait dominer la ligue, année après année. Aujourd’hui, c’est lui qui pourrait façonner de ses propres mains un monstre similaire. Et ça, c’est le genre d’histoire qui dépasse le repêchage. C’est un destin à écrire.
Dans tous les cas, le défenseur est en amour avec les dirigeants du CH.
Ce que Mrtka aime par-dessus tout, c’est le respect qu’il a senti du côté du Canadien de Montréal tout au long du processus.
« Ils me traitaient comme un pro. On parlait hockey, mais aussi de vie. Ils m’ont demandé comment je gérais la pression, comment je dormais avant un match important. »
C’est le genre de détail que peu d’organisations prennent le temps de vérifier. Et dans le cas de Mrtka, ça l’a marqué. Il a même confié à un journaliste local qu’il sentait une forme de respect rare et authentique venant de l’état-major du Tricolore.
Normal de le traiter dans la ouate. Radim Mrtka est peut-être la pièce manquante de la défensive du CH dans trois ans. Pas un « projet », mais un investissement à long terme qui pourrait transformer la dynamique de la brigade montréalaise.
Surtout que David Reinbacher n’a pas encore confirmé ses promesses. Et que Logan Mailloux est un point d’interrogation défensivement. Mrtka viendrait stabiliser la structure, à la manière d’un Hedman ou d’un Chris Pronger moderne.
Contrairement à Caleb Desnoyers, qui nécessiterait un échange massif avec Nashville ou Utah, monter de quelques rangs pour Mrtka est faisable. Il pourrait suffire d’offrir un des choix 16 ou 17, un espoir comme Mailloux ou Roy et/ou peut-être un choix de 2e ronde pour grimper au 11e ou 12e rang.
Et surtout, ce serait un coup stratégique intelligent. Pendant que tout le monde regarde Desnoyers, Hughes pourrait frapper un coup de circuit silencieux et efficace avec Mrtka.
Le plus émouvant dans tout ça, c’est la façon dont Mrtka parle, agit, se présente. Il est posé, calme, respectueux, mais extrêmement confiant.
Il incarne exactement ce que Martin St-Louis et Gorton veulent voir dans la nouvelle culture du CH : du leadership tranquille, de la robustesse, de l’intelligence.
Un défenseur qui n’a pas besoin de faire le spectacle pour dominer. Exactement dans le moule de Kent Hughes.
Le nom de Radim Mrtka est désormais sur toutes les lèvres à Montréal. Et ce n’est pas un hasard. Il coche toutes les cases, il a parlé avec le Canadien plus que n’importe quelle autre équipe, et il pourrait être celui qui fera basculer la reconstruction dans une nouvelle ère.
La question maintenant :
Kent Hughes va-t-il appuyer sur la gâchette avant que Kyle Dubas ou un autre DG ne le fasse à sa place?
C’est le moment ou jamais.