Une semaine catastrophique à TVA Sports: malaise sur Youtube

Une semaine catastrophique à TVA Sports: malaise sur Youtube

Par David Garel le 2025-04-05
hockey30 tva sports

Parfois, une simple page YouTube peut ressembler à une bouée de sauvetage. Mais quand le navire prend l’eau de toutes parts, il se peut que même la plus belle des chaînes en ligne arrive trop tard.

C’est exactement ce qui se passe actuellement chez TVA Sports.

Dans un geste désespéré qui ressemble davantage à un appel à l’aide numérique qu’à une stratégie bien pensée, le réseau a enfin – ENFIN – lancé sa chaîne YouTube.

En 2025. Oui, en 2025. Pendant que tous les autres grands médias sportifs – RDS, Sportsnet, ESPN, TSN, même des podcasteurs amateurs – exploitent YouTube depuis des années pour capter l’attention du public, TVA Sports traînait la patte. Et voilà que maintenant, au bord du précipice, le diffuseur tente de rattraper son retard.

Mais est-ce trop peu, trop tard?

Rappelons le contexte. TVA Sports vit sa pire semaine depuis sa création. Une semaine noire, un cauchemar corporatif.

D’abord, la bombe : Rogers annonce avoir signé une entente de 11 milliards de dollars pour conserver les droits de diffusion de la LNH au Canada pendant 12 ans.

TVA Sports est exclu de toute discussion sur les sous-licences pour les matchs en français. Aucune mention. Rien. L’humiliation est totale.

Ensuite, La Presse confirme : TVA Sports est officiellement écarté de la course. Selon les analystes financiers, le réseau aurait accumulé plus de 200 millions de pertes depuis sa fondation. 

Et certains parlent même de 300 millions de dollars en fumée.

Pendant ce temps, un analyste de la Banque Nationale, Adam Shine, affirme que TVA Sports ne pourra même pas se permettre de diffuser quelques matchs du Canadien de Montréal lors de la saison 2026-2027 (le contrat de TVA Sports avec Rogers et la LNH prend fin en 2026).

Puis, le couperet : les employés sont en état de panique. Plusieurs craignent une fermeture imminente. La direction se mure dans le silence.

Louis-Philippe Neveu, président de TVA Sports, semble seul contre tous. Même Pierre Karl Péladeau, fidèle à ses employés depuis toujours, n’a pas les moyens de sauver ce qui ressemble de plus en plus à une implosion programmée.

Et c’est dans ce climat de fin du monde que TVA Sports, sans tambour ni trompette, décide de lancer une chaîne YouTube.

Un simple regard suffit à comprendre que c’est récent depuis...une maigre semaine...

Quelques vidéos à peine. Peu d’abonnés. Aucun contenu original marquant. Pas de grandes archives. Pas de stratégie claire. On est loin, très loin, de la puissance numérique de Sportsnet ou RDS.

Mais pourquoi maintenant?

Parce que TVA Sports veut envoyer un signal. À Rogers. À Gary Bettman. À Bell. À tout le monde. Le message est clair : “Donnez-nous une chance. On existe encore. On veut survivre.”

Mais soyons lucides. Ce geste, aussi symbolique soit-il, ne pèse pas lourd dans la balance. Les chaînes YouTube ne sauvent pas des réseaux télé déficitaires de 200 à 300 millions de dollars. Surtout quand on a ignoré cette avenue pendant plus de 10 ans.

L’heure est grave. Si TVA Sports n’obtient pas un minimum de matchs – du Canadien, des séries éliminatoires ou même des matchs de deuxième zone – le réseau est condamné.

Le marché publicitaire est en chute libre. Le hockey est le seul produit d’appel viable. Et sans hockey, il n’y a plus rien. 

Juste une page YouTube qui flotte dans le vide, comme un radeau sans rame.

Il y a quelque chose de tragique dans cette manœuvre de dernière minute. Comme si un empire refusait d’admettre sa chute. Comme si, à la veille de l’effondrement, TVA Sports tentait un dernier tour d’honneur… numérique.

Mais on le sait tous : on ne sauve pas un navire avec une rame de plastique.

Le public est inquiet. Les employés sont terrifiés. Et les dirigeants? Ils lancent une chaîne YouTube.

Un geste aussi symbolique que synonyme de panique.

Car à ce rythme, ce ne sont pas les abonnés qui vont se multiplier. Ce sont les lettres de congédiement.

 Parallèlement, des informations circulent concernant des salaires élevés au sein de TVA Sports, notamment parmi les animateurs et les analystes vedettes.

Cette structure de coûts, combinée aux pertes financières, exacerbe les tensions internes et alimente les spéculations sur d’éventuelles mesures d’austérité.

Le fait que TVA Sports a récemment lancé sa chaîne YouTube est une démarche pertinente, semble tardive en 2025.

Il faut se poser des questions sur la réactivité de la chaîne face aux évolutions numériques et sur sa capacité à capter une audience en ligne déjà sollicitée par de nombreux concurrents.

Face à ces défis majeurs, TVA Sports se trouve à la croisée des chemins. La nécessité d’une restructuration profonde et d’une révision stratégique s’impose pour assurer sa survie dans un paysage médiatique en constante mutation.

Et pour ça, il faudra couper dans le gras. Profondément. Le modèle d’affaires n’est plus viable. TVA Sports a perdu entre 18 à 25 millions par année. C’est intenable.

Il faudra remettre en question les salaires mirobolants de certains visages-phares du réseau. Jean-Charles Lajoie, Renaud Lavoie, Élizabeth Rancourt et compagnie incarnent un réseau lourd, dispendieux, qui n’a plus les revenus publicitaires pour soutenir sa masse salariale.

À talent égal, Bell offre souvent mieux pour moins cher, et la YouTube-isation tardive de TVA Sports est la preuve que l’adaptation aux nouvelles réalités numériques a été bâclée, sinon ignorée.

Il faudra aussi revoir le nombre d’employés, la production, les coûts de plateau, et arrêter de faire semblant que TVA Sports peut continuer comme si de rien n’était. Le chèque en blanc signé à certains animateurs est devenu une menace existentielle.

Il n’y aura pas de miracles.

Si Pierre Karl Péladeau veut sauver son réseau, il devra accepter de sacrifier une partie de son orgueil et rationaliser TVA Sports comme on démantèle un paquebot en feu.

Sinon, la chaîne n’aura plus aucune pertinence dès la fin du contrat actuel, en 2026, et disparaîtra dans l’indifférence généralisée d’un public déjà migré ailleurs.

L’heure n’est plus aux slogans, mais à la restructuration. Sinon, le Québec sportif survivra… mais sans TVA Sports.