Incompréhension sur la glace: Zachary Bolduc plié en deux sur le banc

Incompréhension sur la glace: Zachary Bolduc plié en deux sur le banc

Par David Garel le 2025-11-17

Il y a des soirs où l’on sent qu’un entraîneur perd ses repères, qu’il s’accroche à une décision non pas parce qu’elle est logique, mais simplement parce qu’il veut prouver au monde entier qu’il avait raison, coûte que coûte.

Et depuis le début de la saison, c’est exactement le malaise qui se dégage de la gestion de Zachary Bolduc par Martin St-Louis, un traitement incohérent qui atteint un sommet incompréhensible dans cette nouvelle défaite du Canadien à Colmbus. (en tirs de barrage)

St-Louis peut se compter chanceux d'être allé chercher un point. 

Cela fait des semaines que Bolduc navigue entre des rôles qui n’ont aucune continuité. Il a commencé l’année avec des partenaires improvisés, des trios expérimentaux où il se retrouvait toujours avec les plombiers de bas-étage.

Plus tôt cette saison, il a même subi la honte suprême en jouabt avec Owen Beck et Joe Veleno, comme si St-Louis cherchait à le placer dans n’importe quelle situation sauf celle qui lui aurait permis de respirer et d’apprendre.

Et puis, soudainement, sans avertissement, le coach décide de le catapulter sur le premier trio, comme si rien de ce qu’on avait vu auparavant n’avait existé, comme si Bolduc était soudain prêt à affronter les meilleurs éléments adverses pendant quinze minutes par soir minimum.

Le problème, c’est que Bolduc n’était pas prêt. Pas physiquement, pas mentalement, pas dans son "pacing". On l’a vu lutter pour son souffle, incapable de soutenir la cadence, incapable d’avoir de l’impact, incapable même de gérer ses lectures de jeu, tellement il était visiblement dépassé par l’ampleur de la tâche.

Et au lieu de le protéger, au lieu de le replacer dans un rôle où son talent peut respirer, St-Louis en a remis. Il l’a surutilisé jusqu’à l’absurde, au point où Bolduc s’est retrouvé, comme l’un des attaquants les plus utilisés du match, devant Cole Caufield, devant Nick Suzuki après 40 minutes de jeu, devant des joueurs ayant des centaines de matchs d’expérience de plus que lui.

Bolduc n'a pas joué une seule seconde en prolongation et St-Louis est revenu à son premier trio normal en fin de match, "benchant" finalement Bolduc qui n'en pouvait plus.

De toute façon, il est plié en deux sur le banc tellement il cherchait son souffle. Imaginez. Après deux périodes, il était le joueur le plus utilisé.

On parle ici d’un jeune qui apprend encore à gérer son tempo, qui travaille encore son cardio, qui n’a même pas un rythme de tir stable cette saison. (il n'avait pas tiré à des quatre derniers matchs).

St-Louis l’a pourtant lancé dans le vide comme si le jeune allait soudainement se métamorphoser.

Le malaise, c’est que tout ça ressemble à un règlement de comptes déguisé, à une démonstration d’ego. Comme si St-Louis avait entendu pendant des semaines :

« Donne plus de chances à Bolduc », « Tu dois le développer », « Pourquoi tu lui donnes seulement dix minutes ? ».

Et qu’il avait décidé, dans un mélange de défi et d’entêtement, de répondre : « Ah oui ? Vous voulez Bolduc ? Vous allez l’avoir. Et vous allez voir que ce n’est pas si simple. »

C’est exactement la dynamique d’un coach Pee-Wee qui se sent obligé de faire plaisir à un parent trop insistant, sauf qu’ici, le parent, ce sont les partisans, les journalistes, les analystes, tout un environnement qui exige de la cohérence.

Au lieu d’en offrir, St-Louis a offert une caricature de gestion, comme s’il voulait saboter son propre joueur. Comme s'il voulait montrer au Québec en entier que Zachary Bolduc était "out of shape".

Le pire, c’est que ce match aurait dû être un moment où le coach calmé, structuré, cherchait à stabiliser un groupe fragilisé par les défaites.

Mais Martin St-Louis n’a montré que l’inverse : un entraîneur qui panique, qui s’accroche à des décisions impulsives, qui cherche des réponses dans des gestes désespérés.

L’utilisation de Bolduc en est le signal le plus flagrant. Un jeune qui a encore des défis cardio, qui doit apprendre à contrôler sa vitesse, qui a encore du mal à trouver des lignes de tir régulières, s’est retrouvé propulsé comme première option offensive dans un match où le Canadien devait absolument se ressaisir.

Résultat : Bolduc a multiplié les revirements, les erreurs de transition, les séquences où il remettait littéralement la rondelle à l’adversaire, simplement parce que son cerveau n’arrivait plus à suivre son corps. C’était difficile à voir et encore plus difficile à comprendre.

Et la question, maintenant, est celle qui circule déjà dans les coulisses : que fait vraiment Martin St-Louis ? Comment justifier qu’un joueur encore en apprentissage devienne, du jour au lendemain, le joueur le plus utilisé au sein d’un premier trio pourtant conçu autour de Suzuki et Caufield ?

Comment justifier qu’un joueur qui a besoin d’un encadrement finisse surutilisé au point d’en devenir dysfonctionnel ?

Comment un coach réputé pour sa psychologie, son sens de la nuance, son habileté à développer, peut-il commettre une erreur aussi grossière ?

Les partisans voient ce qui se passe. Les journalistes aussi. Ils voient un entraîneur qui donne l’impression d’avoir perdu le contrôle de ses choix, un entraîneur qui semble répondre aux critiques non pas par du coaching, mais par de la confrontation.

Et dans ce contexte, la question à un million de dollars : Martin St-Louis est-il en train de répéter les erreurs de l’an dernier ? Les signes s’accumulent. La gestion des gardiens. La punition incompréhensible envers Ivan Demidov. La surprotection de certains favoris. L’absence de structure en avantage numérique.

Et maintenant, la surutilisation irrationnelle de Zachary Bolduc dans un moment où le jeune avait besoin de protection, pas d’exposition brutale. St-Louis se met dans une position où, très bientôt, la critique va dépasser les questions techniques. On va parler de son jugement. De sa lucidité. De sa capacité à calmer le jeu.

Parce qu’un entraîneur qui place un jeune en situation d’échec pour répondre à la pression extérieure, c’est un entraîneur qui n’est plus en mode contrôle. Et ce soir, St-Louis ne contrôlait rien. Pas son banc. Pas ses rotations. Pas son message. Pas la tempête qui s’en vient.