Depuis des semaines, la tension monte à Montréal. Les partisans en ont assez de voir Zachary Bolduc et Ivan Demidov cloués au banc pendant que des joueurs comme Josh Anderson, Brendan Gallagher et Joe Veleno accumulent les minutes sans produire.
Et voilà que Martin St-Louis, après avoir juré qu’il ne lisait pas les critiques, vient d’en livrer la preuve contraire : il les lit. Il les digère. Et il a craqué.
Interrogé sur la gestion du temps de glace de ses jeunes, l’entraîneur du Canadien a admis du bout des lèvres qu’il doit “faire un meilleur travail” pour gérer certains joueurs. Une phrase qui semble banale, mais qui en dit long. Car le contexte ne pouvait être plus clair : la question concernait Zachary Bolduc.
« Je dois être meilleur pour gérer le temps de glace de certains joueurs », a reconnu St-Louis.
« C’est la première fois que je dirige une équipe aussi profonde. Je dois mieux faire pour certains joueurs, mieux gérer le rythme, les affrontements et les pénalités. »
Derrière ce masque d’humilité, le mal est fait. Car avant d'admettre ses erreurs, St-Louis a aussi choisi sa victime. Plutôt que de défendre son jeune attaquant, il l’a envoyé sous l’autobus devant tout le monde.
« Le défi pour Bolduc, en ce moment de la saison, c’est de continuer à courir après des standards élevés. Quand tu fais ça collectivement, tu as l’équipe pour t’aider, mais ça commence individuellement. Si tu veux seulement produire, produire, produire, tu te concentres sur les résultats ; mais si tu te concentres sur le maintien de tes standards et de ta constance, le reste va suivre.»
Voici l'extrait vidéo où en quelques secondes, St-Louis détruit Bolduc... et s'excuse ensuite...
C’est rare qu’un entraîneur-chef avoue publiquement un manque de contrôle sur la gestion de ses effectifs. Mais ce qui choque, c’est la façon de faire. Je m'excuse, mais je t'enfonce.
Après un match où Bolduc a joué à peine neuf minutes et Demidov dix, le discours de St-Louis ressemble moins à une prise de conscience qu’à une tentative maladroite de calmer la tempête.
Et c’est exactement ce que Anthony Martineau (TVA Sports) a dénoncé sans détour :
« Peut-être que Martin St-Louis passe un message à Bolduc, comme quoi, “hé le jeune, t’as pas de tirs, tu frappes personne, il va falloir que tu m’en donnes plus si tu veux jouer plus.” Mais à Montréal, on dirait qu’on aime casser nos jeunes pour ensuite les récompenser. »
Un commentaire sans pitié, mais vraiment proche de la réalité. Parce que ce que vit Zachary Bolduc en ce moment, c’est du sabotage psychologique.
À Ottawa, Bolduc avait été excellent : 15 minutes de jeu, des mises en échec lourdes, un tir menaçant, une énergie contagieuse.
Et pourtant, deux matchs plus tard, il est puni sans raison apparente.
Un traitement à deux vitesses qui commence à irriter.
Ce qui choque le plus, c’est l’incohérence. Comment un coach qui prêche la “méritocratie” peut-il justifier qu’un Bolduc perde son temps de glace alors qu’il performe, pendant qu’un Joe Veleno, sans production ni impact, en joue davantage ?
C’est simple : Martin St-Louis applique deux barèmes.
Un pour les jeunes qu’il adore (comme Jake Evans, qu’il protège coûte que coûte), et un autre pour ceux qu’il ne comprend pas.
Zachary Bolduc entre dans la deuxième catégorie.
Anthony Martineau l’a résumé avec précision :
« Tu ne peux pas constamment niveler vers le bas en disant “je vais t’en donner moins pour que tu m’en donnes plus.” À un moment donné, il faut que tu donnes la chance à tes jeunes de s’exprimer. »
Mais voilà : St-Louis ne fait pas que limiter Bolduc. Il l’humilie indirectement en laissant entendre qu’il n’est pas constant, pas assez complet, pas assez engagé. Or, c’est faux.
Bolduc frappe, Bolduc se replie, Bolduc tente. Il ne triche pas. Il paie simplement le prix d’un entraîneur débordé, perdu dans sa rotation et obsédé par ses combinaisons défensives.
Le “complexe de Napoléon” de St-Louis refait surface.
On le sait : Martin St-Louis déteste être contredit.
Et plus les critiques médiatiques montent, plus il se referme. Son ton en conférence de presse, aujourd'hui, trahissait une nervosité qu’on ne lui connaissait pas.
Il disait ne pas écouter le bruit extérieur, mais le simple fait d’aborder le sujet du temps de glace prouve qu’il l’entend.
Et plutôt que de reconnaître calmement le problème, il a laissé son égo dicter la réponse : un mélange de mea culpa et de justification confuse.
La vérité ? Il lit tout. Il sait très bien que les partisans réclament plus de Demidov, plus de Bolduc, moins d’Anderson et tous les autres plombiers.
Mais au lieu d’adapter son coaching, il réagit par orgueil.
Il fait jouer Joe Veleno douze minutes juste pour démontrer que lui, il ne “cède pas à la pression.”
C’est là qu’on voit le complexe du coach qui veut prouver qu’il est plus intelligent que tout le monde, quitte à se tirer dans le pied.
Dans le fond, Bolduc n’est pas le problème.
C’est un joueur en apprentissage, avec du talent, du flair offensif et une éthique de travail réelle.
Mais il est victime d’un coach qui n’a plus le contrôle de sa hiérarchie interne.
St-Louis admet qu’il “se perd entre les unités spéciales et les affrontements à 5 contre 5.”
Mais ce n’est pas un argument. C’est un constat d’échec.
Parce qu’un vrai coach d’expérience, lui, sait équilibrer.
Il trouve le moyen de donner 12-13 minutes à ses jeunes sans nuire à sa structure.
Martin St-Louis, lui, semble incapable d’adapter son plan dès que la partie se corse.
Et pendant ce temps, les joueurs le ressentent.
Bolduc perd confiance. Demidov s’impatiente. Tout le monde le voit.
Tout ça parce qu’un entraîneur se débat avec sa propre gestion.
Lorsqu’un coach commence à répondre à des questions sans qu’on les lui pose, c’est souvent parce qu’il veut se défendre avant qu’on l’attaque.
Et c’est exactement ce qui s’est produit jeudi.
St-Louis a anticipé la question, a tenté de désamorcer le débat… mais il a confirmé qu’il est atteint.
Lui qui répète depuis trois ans qu’il “ne lit rien” vient, pour la première fois, de laisser transparaître qu’il lit tout.
Les critiques l’ont frappé en plein cœur.
Et en voulant apaiser la grogne, il a offert un aveu rare : Martin St-Louis est ébranlé.
La réaction la plus percutante est venue d’Anthony Martineau (TVA Sports).
Sans détour, il a attaqué l’incohérence du message envoyé par St-Louis :
« Je ne suis pas entraîneur, mais tu ne peux pas punir un joueur pour lui apprendre à jouer. À un moment donné, tu dois lui faire confiance. Si Bolduc a frappé tout ce qui bougeait contre Ottawa, pourquoi tu le brimes deux matchs plus tard ? »
Ce commentaire a résonné fort. Parce qu’il exprime ce que tout Montréal pense.
On ne veut pas d’un coach qui “teste” ses joueurs comme dans le pee-wee.
On veut un coach qui comprend le développement, la psychologie, et surtout, l’équité.
St-Louis a beau dire qu’il veut “faire mieux,” il croit toujours avoir raison.
Il parle d’un “apprentissage,” d’un “groupe profond,” de “standards élevés.” Mais derrière ces belles phrases, c’est toujours le même réflexe : protéger ses vétérans, et tenir les jeunes en laisse.
Zachary Bolduc mérite mieux.
Pas seulement plus de minutes.
Mais plus de respect.
Et si Martin St-Louis veut garder son vestiaire soudé, il devra bientôt choisir entre son égo et la logique.
Parce que les partisans, eux, ont déjà choisi.
