Coup de maître à Brossard : Ivan Demidov a passé le premier test de Martin St-Louis

Coup de maître à Brossard : Ivan Demidov a passé le premier test de Martin St-Louis

Par André Soueidan le 2025-09-27

C’est un moment que seuls les vrais comprennent. Une de ces scènes qui passe inaperçue aux yeux du grand public, mais qui fait toute la différence entre un joueur d’élite et un simple figurant.

Le 22 septembre dernier, à Brossard, Martin St-Louis a pris Ivan Demidov à part. Il ne s’agissait pas d’un sermon ni d’une tape dans le dos : c’était une leçon. Un croquis mental. Un plan de match enseigné en langage d’initié.

Devant les caméras d’Anthony Martineau de TVA Sports, le coach du Canadien s’est approché de son jeune prodige russe pour lui dessiner un jeu, là, sur la glace.

Avec les mains, avec les yeux, avec son aura. Il lui a montré comment provoquer l’ouverture du jeu quand il contrôle la rondelle sur le flanc droit en avantage numérique.

Comment attirer l’attention, manipuler les lignes de passe, puis soudainement, frapper. Le genre de passe transversale qui traverse la zone comme une lame de rasoir et atterrit directement sur la palette du franc-tireur.

Dans ce cas-ci : Patrik Laine.

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Il faut avoir joué à haut niveau pour saisir la richesse d’un moment comme celui-là.

Martin St-Louis, c’est pas un coach de PowerPoint. C’est un ancien gagnant du trophée Hart.

Un cerveau offensif qui, même à 48 ans, voit encore le jeu à l’échelle moléculaire.

Et ce qu’il a vu cette journée-là, c’est que Demidov était prêt. Prêt à comprendre. Prêt à apprendre. Prêt à appliquer.

Trois jours plus tard, l’élève a remis sa copie.

Contre les Maple Leafs, dans un match de misère où le CH s’est fait planter 7 à 2, Ivan Demidov a quand même trouvé le moyen de ressortir du lot.

Il a exactement reproduit ce que Saint-Louis lui avait montré.

Possession sur le flanc droit. Vision. Patience. Ouverture du corridor.

Et passe chirurgicale, directement sur la palette de Patrik Laine, qui a marqué le seul but que l’organisation pouvait considérer comme un véritable rayon de lumière ce soir-là.

Il n’y a rien de plus satisfaisant pour un coach que de voir une de ses idées appliquée à la lettre par un joueur.

Et il n’y a rien de plus rassurant pour une organisation que de savoir que ton joyau de 19 ans est capable de comprendre des concepts aussi subtils… et de les exécuter contre les meilleurs.

Ce n’est pas la première fois que ça arrive avec Martin St-Louis.

Rappelons-nous cette fameuse séquence, il y a deux ans, où il avait démontré à Cole Caufield comment feinter le tir sur réception pour ensuite décocher un tir du poignet.

Caufield avait repris cette feinte un mois plus tard dans un match contre Ottawa. Résultat : but. L’idée était sortie directement de l’esprit de Saint-Louis.

C’est ce qui rend ce coach unique. Ce n’est pas un motivateur de vestiaire : c’est un chirurgien cérébral.

Mais ce qui rend le cas de Demidov encore plus fascinant, c’est l’écart de culture. De langue. De repères.

Ce n’est pas facile d’enseigner ce genre de nuances à un jeune qui débarque de Russie. Mais Martin St-Louis a trouvé la fréquence. Et Demidov a capté le signal.

Là où d’autres jeunes se seraient contentés de hocher la tête, lui, il a mémorisé. Il a digéré. Il a osé.

Parce qu’il faut du cran pour tenter une passe de même en match. Tu la rates, et c’est un revirement. Tu te plantes, et tu te fais ramasser dans la presse.

Mais Demidov l’a faite. Et c’était un bijou.

Ce geste-là vaut mille mots. Il prouve que Demidov n’est pas juste un joueur flashy. Il est coachable. Il est intelligent. Il est capable d’absorber les subtilités du jeu nord-américain.

Et il commence déjà à gagner le respect de son entraîneur. Parce qu’ici, on ne donne pas le respect, mon homme. Faut aller le chercher.

En coulisse, on murmure même que ce petit moment d’osmose entre le maître et l’apprenti a changé quelque chose dans la hiérarchie interne du CH.

Que Martin St-Louis, sans l’avoir dit publiquement, voit déjà Demidov comme un joueur d’impact à très court terme.

Qu’il veut l’utiliser, le façonner, et surtout, le protéger.

Et si ce match contre Toronto, malgré l’humiliation du score, était le véritable point de départ de la saison d’Ivan Demidov?

C’est souvent dans les défaites qu’on voit les vraies couleurs.

Les petits détails. Les flashs. Ce genre de passe-là, t’en vois une ou deux par mois en Ligue nationale.

Et Demidov vient d’en réussir une, à 19 ans, dans un match où tout allait mal.

La Ligue est avertie : le petit Russe apprend vite. Très vite.

Et si Martin St-Louis continue de lui injecter ses schémas mentaux comme ça, on va finir par avoir, non seulement un élève doué, mais peut-être un génie du jeu offensif, version 2025.

Un joueur capable de redéfinir l’avantage numérique du Canadien, comme St-Louis le faisait jadis à Tampa Bay.

Ce n’était peut-être qu’un but dans un match perdu.

Mais dans le laboratoire de Brossard, c’est le premier d’une longue série d’expériences à venir.

Martin St-Louis a trouvé son cobaye idéal. Et Ivan Demidov vient de réussir son premier test haut la main.

AMEN