La Fédération française de hockey se retrouve, une fois de plus, dans une situation embarrassante qui reflète son incapacité chronique à promouvoir sérieusement ce sport en France.
Alors que le Canadien de Montréal se montre prêt à fouler la glace de l’Accor Arena de Paris en octobre 2025, le projet semble suspendu en grande partie à cause de l’incompétence financière et organisationnelle de la Fédération française de hockey.
Pierre-Yves Gerbeau, le président de la Fédération, est cinglant lorsqu'il admet que la France n’est tout simplement pas capable de payer les frais exorbitants exigés par la LNH pour organiser un match de saison régulière.
Ce constat est non seulement décevant, mais il met en lumière un problème plus profond : l'absence de vision et de préparation sérieuse pour faire de la France un acteur qu'on pensait plus crédible dans le monde du hockey sur glace.
Si la Suède, la Finlande ou l'Allemagne parviennent à organiser de tels événements, pourquoi la France, un pays au rayonnement international, en est-elle incapable ?
Ce manque d’ambition de la Fédération risque de retarder le développement du hockey dans l'Hexagone. Alors que d'autres nations européennes saisissent les opportunités offertes par la Global Series de la LNH pour populariser leur sport, la France se complaît dans une médiocrité administrative qui l'empêche de s’imposer sur la scène internationale.
La réalité est simple : tant que la Fédération française de hockey ne se dote pas des moyens financiers et structurels nécessaires, la France ne sera jamais un pays de hockey.
C'est une honte de voir une telle opportunité ratée alors que les Jeux olympiques de Paris viennent tout juste de démontrer l'intérêt grandissant des Français pour le sport et que les jeux Olympiques d'hiver en 2030 seront dans la Alpes françaises.
Si la Fédération continue dans cette voie, il est fort à parier que même les matchs de préparation ne viendront pas à Paris, reléguant le hockey français au rang des sports marginaux dans un pays qui ne manque pourtant pas de potentiel sportif.
En fin de compte, la question est de savoir si la LNH devrait insister davantage pour réaliser ce projet. La réponse est mitigée.
Pourquoi pousser pour entrer sur un marché où la Fédération elle-même semble douter de sa propre capacité à accueillir l’un des événements sportifs les plus prestigieux ?
En approfondissant la situation, il devient évident que les lacunes de la Fédération française de hockey dépassent simplement une question de moyens financiers.
Selon Pierre-Yves Gerbeau, même si l’Accor Arena de Paris, avec sa capacité de plus de 20 000 spectateurs, était remplie à pleine capacité, cela ne suffirait pas à générer les revenus nécessaires pour couvrir les frais exigés par la LNH.
Comparé aux marchés déjà établis en Suède ou en Finlande, où la passion pour le hockey est profondément ancrée, la France semble loin de pouvoir atteindre ces standards.
La Ligue nationale de hockey est une entreprise, et comme l’a rappelé Gerbeau, en trevue avec le journaliste de Radio-Canada, Marc-Antoine Godin, « ils sont là pour faire des revenus ».
En d’autres termes, la LNH n’est pas simplement intéressée par le fait de jouer des matchs en Europe pour promouvoir le sport, mais elle cherche également des marchés rentables.
À cet égard, la Fédération française n’a pas réussi à démontrer que la France pourrait devenir un marché viable. Les exemples de l'Allemagne, de la Suisse ou de la Finlande, qui sont régulièrement inclus dans la Global Series, montrent que d'autres nations ont su mieux exploiter les opportunités que la LNH leur offrait.
En dépit de cela, le souhait du Canadien de Montréal reste intact. France Margaret Bélanger, présidente Sports et divertissement du Groupe CH, a exprimé l’intérêt continu du club à jouer à Paris, soulignant que, même si le projet est retardé, il demeure une priorité.
Le Canadien n’a plus disputé de match en Europe depuis 1992, lorsqu’il avait affronté les Blackhawks de Chicago à Londres. Ce retard supplémentaire ne fait qu’accentuer l’impatience de l’équipe et de ses partisans.
Pourtant, la LNH ne semble pas particulièrement pressée de concrétiser ce projet, préférant se concentrer sur des marchés comme Londres, la Suisse et l'Allemagne, déjà inclus dans la Global Series 2024.
Le commissaire adjoint Bill Daly a mentionné que, bien que Paris soit une destination intéressante, elle n’a pas été priorisée. Les récentes retombées positives des Jeux olympiques de Paris auraient pu jouer en faveur de la ville, mais apparemment, cela n’a pas suffi à convaincre la LNH.
Un autre aspect problématique est l’incapacité de la Fédération française à proposer des solutions alternatives. Un modèle économique plus accessible, tel que l'organisation de matchs préparatoires, pourrait être une étape logique pour se préparer à accueillir des matchs de saison régulière.
Cependant, cette option semble avoir été à peine explorée, ce qui reflète une certaine inertie de la part des dirigeants français.
Un événement de ce type pourrait pourtant stimuler l'intérêt pour le hockey en France, surtout en vue des Championnats du monde de hockey qui auront lieu en 2028 à Paris et Lyon.
En parallèle, la France pourrait tirer parti de l’arrivée potentielle de Hockey Canada pour organiser des matchs de préparation avant les Championnats du monde de 2026 ou 2027.
La collaboration avec l'une des puissances mondiales du hockey serait une occasion idéale pour la Fédération française de démontrer sa capacité à organiser des événements de haut niveau.
Pourtant, même sur ce front, peu d’efforts concrets ont été rapportés, ce qui renforce l’impression d’une fédération dépassée par les événements.
Le constat est donc accablant : malgré la croissance récente du nombre de joueurs licenciés en France et un intérêt croissant pour le hockey, la Fédération française est incapable de capitaliser sur ces acquis.
La France a beau être un pays hôte pour des événements prestigieux comme les Jeux olympiques d'hiver de 2030 ou les Championnats du monde de hockey de 2028, tant que la Fédération continuera à être freinée par son manque de vision et de ressources, le hockey ne décollera pas véritablement en France.
La position de la France dans le tournoi de qualification olympique pour les Jeux de 2026 pourrait offrir un dernier espoir.
Si la Russie reste exclue des compétitions, la France obtiendrait une place à Milan, ce qui pourrait redorer un peu la popularité du hockey français.
Mais encore une fois, cette réussite ne sera que temporaire si la Fédération n’adopte pas une stratégie plus audacieuse et plus proactive pour attirer de grands événements de hockey sur glace sur le territoire français.
L’échec de ce projet à Paris est synonyme d’un malaise plus profond au sein du hockey français. Si la Fédération ne redresse pas la barre rapidement, la France restera un pays de bas-étage dans le monde du hockey, et les fans français continueront à être privés d’un spectacle de haut niveau sur leur sol.
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