Dans l’univers bouillonnant du Canadien de Montréal, chaque décision devient un sujet de débat national.
Chaque signature, chaque ligne de contrat, chaque mot en conférence de presse est décortiqué, suranalysé, débattu comme s’il s’agissait d’un traité de paix international.
Alors quand Jayden Struble a signé un contrat de 1,4125 M$ par saison sur deux ans, un peu plus que les 1,3 M$ d’Arber Xhekaj, plusieurs ont crié au scandale.
« Comment ose-t-on payer plus un défenseur de profondeur que le chouchou du Québec au surnom de Shérif? » scande une partie de la foule.
Et déjà, les réseaux sociaux s’enflamment, les débats éclatent sur les ondes de BPM Sports, et les théories du complot s’accumulent sur les forums de partisans.
Mais au fond… tout ça n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Et Kent Hughes? Il doit rire dans son coin, caressant son plan à long terme comme un maître d’échecs qui vient d’enchaîner un centième coup d’anticipation parfait.
Car oui, le même pourcentage exact de la masse salariale a été alloué aux deux joueurs au moment de leur signature. 1,48 %. Pas plus, pas moins.
Arber Xhekaj : 1,3 M$ sur un plafond de 88 M$ = 1,48 %
Jayden Struble : 1,4125 M$ sur un plafond de 95,5 M$ = 1,48 %
Il n’y a pas de « manque de respect », pas de favoritisme envers l’un ou l’autre. Juste une brillante manœuvre comptable, masquée par la hausse du plafond salarial, et exploitée à merveille par le DG du CH.
Et c’est là tout le génie de Kent Hughes : il connaît les émotions du marché montréalais, et il sait que chaque détail est amplifié, transformé, brandi comme un symbole.
Mais pendant que les journalistes s’acharnent à comparer des pommes avec des oranges, lui, il manipule les chiffres avec une finesse chirurgicale.
Jayden Struble avait des droits d’arbitrage. Ce simple détail modifie radicalement l’équilibre des forces en négociation.
En acceptant un contrat avant même d’avoir à se présenter devant un arbitre, il évite au club un processus souvent désagréable, parfois humiliant, et toujours risqué. En retour, il obtient un petit surplus. Ce n’est pas inhabituel. C’est même logique.
Arber Xhekaj, lui, n’avait aucun levier du genre. Blessé au mauvais moment, ballotté dans l’alignement, sans droit à l’arbitrage… il a signé un contrat raisonnable, basé sur sa situation à ce moment-là.
Et n’oublions pas : c’est un contrat de deux ans, sécuritaire, qui pourrait lui rapporter bien plus à l’échéance, si jamais il explose.
Mais ce n’est pas leur différentiel salarial qui fait jaser. C’est le contexte dans lequel il s’inscrit : une ligne bleue embouteillée à craquer, un poste de trop à gauche, et une guerre imminente pour survivre au camp d’entraînement.
Parce qu’il faut appeler un chat un chat. Le CH a trop de défenseurs gauchers.
Lane Hutson
Kaiden Guhle
Mike Matheson
Arber Xhekaj
Jayden Struble
Adam Engström (qui pousse)
Il y a une réalité mathématique qui dépasse les débats sentimentaux : ça ne rentre pas. Pas tous à la fois. Quelqu’un devra partir. Et ce sera entre Matheson, Struble... et Xhekaj...
C’est ici que l'huile est jetée sur le feu. Le nom qui revient sans cesse? Arber Xhekaj. L’enfant chéri du peuple. Celui dont la simple évocation soulève les foules… et les débats.
Mais soyons lucides. Struble vient de signer. Guhle est intouchable. Hutson est un prodige. Engström est vu comme un futur pilier.
Et pendant que tous capotent à comparer les contrats de Struble et Xhekaj, Kent Hughes doit avoir un sourire en coin.
Il a évité l’arbitrage. Il a respecté son plafond interne. Il a gardé son alignement intact. Et il a déclenché un orage médiatique qui détourne l’attention des vraies questions.
Parce que, dans le fond, le camp d’entraînement 2025-2026 va être une guerre ouverte.
Alors où Xhekaj trouvera-t-il sa place? Ce n’est plus une question d’argent. Ce n’est même plus une question de mérite. C’est une question de structure. De profondeur. D’avenir.
Et Hughes le sait. Il n’a pas besoin de parler. Pas encore. Il ne fait pas de conférence de presse. Il ne sort pas pour apaiser les tensions. Il attend. Il regarde. Et il sait qu’au moment opportun, il aura toutes les réponses en main.
Il dira alors calmement aux journalistes :
« Vous vous rappelez la controverse? Struble et Xhekaj, deux contrats pareils? C’était du bruit. Juste du bruit. »
Et pendant ce temps, il aura tranché.
Dans un peu plus d'un mois, ce sera le début du camp. Et là, les gants tomberont. Littéralement.
Parce que Xhekaj n’abandonnera pas sans se battre. Parce que Struble veut prouver qu’il mérite de rester. Parce qu’Engström veut s’imposer.
Parce que Matheson, s’il n'accepte pas un contrat à rabais, sera échangé.
Il y aura trop de talent, trop de caractère, trop de pression… et pas assez de postes.
Et pendant que les partisans perdent la tête sur le fait que Xhekaj est payé 125 000 dollars de moins que Struble, Kent Hughes, lui, avance ses pions. Calmement. Stratégiquement. Mécaniquement.
Il sait qu’il ne pourra pas garder tout le monde. Il sait qu’il devra trancher dans le vif. Mais il sait aussi qu’il a créé la meilleure forme de concurrence : celle qui pousse les jeunes à se dépasser, qui force les vétérans à rester affamés, et qui transforme chaque entraînement en duel.
Dans un marché aussi fébrile que Montréal, il faut parfois laisser la controverse s’auto-alimenter. Il faut parfois laisser les gens crier, pendant qu’on peaufine son plan en silence.
Et Kent Hughes, une fois de plus, a prouvé qu’il est le maître de ce jeu d’échecs à ciel ouvert. Il a signé deux contrats identiques, sans que personne ne le voie venir. Il a conservé tous ses pions. Il a préparé le théâtre de la bataille finale… et il n’a pas dit un mot.
Le jour où il parlera, ce sera pour clore la discussion. Avec un échange. Une signature. Un rappel.
Mais pour l’instant, il se contente d’observer la tempête médiatique qu’il a laissé s’installer.
Et il doit trouver ça franchement divertissant.