15 millions de dollars à la banque: Jeff Gorton et Kent Hughes au paradis

15 millions de dollars à la banque: Jeff Gorton et Kent Hughes au paradis

Par David Garel le 2025-05-23

La nouvelle a eu l’effet d’une onde de choc dans le monde du hockey : les Islanders de New York étaient prêts à offrir à Jeff Gorton les clés de l’organisation, en lui conférant le double rôle de président et de directeur généralavec les pleins pouvoirs.

Un contrat XXL, un trône dans une des grandes places du hockey américain, et surtout, un salaire à la hauteur du prestige de Gorton, possiblement le plus lucratif de l’histoire pour un cadre de la LNH.

Mais Geoff Molson a dit non. Il a refusé à Gorton la permission de parler aux Islanders.

Pourquoi? Parce que le CH n’a pas l’intention de perdre son stratège en chef. Parce que Gorton n’est pas juste un VP, il est l’architecte du projet actuel.

Parce qu’il dirige le Canadien comme un président le ferait, même sans en avoir le titre officiel. Et parce que, selon Elliotte Friedman, Jeff Gorton ne voulait pas partir.

Mais attention… Le contrat de Jeff Gorton se termine à l'été 2026. Et si on ne veut pas qu’il parte, il va falloir sortir le chéquier. Parce que les chiffres dont on parle sont vertigineux.

Selon ce qui circule, le Canadien veut faire de Gorton le dirigeant le mieux payé de l’histoire du circuit. On parle sérieusement d’une prolongation à 10 millions de dollars par année. (il empoche présentement 5 M$ par année).

Oui, 10 millions. Pratiquement le triple de ce que touche actuellement Julien BriseBois (3,5 M$) à Tampa Bay, pourtant considéré comme la référence dans le monde des DG.

Et pourtant, ce ne serait pas un cent de trop. Jeff Gorton est convoité par toute la ligue. Il a été dans la mire des Blue Jackets, puis des Islanders, et d’autres suivront.

Le CH ne peut pas se permettre de le perdre. Parce que derrière les succès de Martin St-Louis et de Kent Hughes, il y a l’œil, la vision et la colonne vertébrale de Gorton.

Mais si on parle de salaire, on ne peut pas éviter le sujet qui fait le plus mal : Kent Hughes.

Le cas de Hughes est aussi choquant que révélateur. Nommé en janvier 2022 avec un contrat de cinq ans, Hughes a hérité d’une franchise en ruine. Trois ans plus tard, le CH est en séries, et deux ans en avance sur son calendrier de reconstruction.

Pourtant, il touche autour de 1,7 million de dollars par année, selon FrontOfficeSports.com.

C’est ridicule. C’est indécent. C’est insultant. Car on parle d'un rendement hors normes pour des peanuts. Surtout quand on regarde le salaire de ses collègues:

Kyle Dubas (Penguins de Pittsburgh) – ~5,7 M$

Julien BriseBois (Lightning de Tampa Bay) – 3,5 M$

Jim Nill (Stars de Dallas) – 3,2 M$

Doug Armstrong (Blues de St. Louis) – 3,0 M$

Don Sweeney (Bruins de Boston) – 2,9 M$ (il a signé un nouveau contrat de deux ans et a reçu une augmentation assurément)

Kelly McCrimmon (Golden Knights de Vegas) – 2,4 M$

Rob Blake (Kings de Los Angeles) – 2,3 M$

Bill Guerin (Wild du Minnesota) – 2,2 M$

Bill Zito (Panthers de la Floride) – 2,1 M$

Daniel Brière (Flyers de Philadelphie) – 2,0 M$

Tom Fitzgerald (Devils du New Jersey) – 1,9 M$

Steve Yzerman (Red Wings de Detroit) – 1,8 M$

Barry Trotz (Predators de Nashville) – 1,7 M$

Kent Hughes (Canadien de Montréal) – 1,7 M$

Tout ça pendant que Martin St-Louis touchera 5 millions de dollars dès la saison prochaine, et que Jeff Gorton, son supérieur, est déjà à 5 millions par an.

Le paradoxe est choquant : le DG est payé moins que son coach. Moins que son VP. Et moins que Marc Bergevin, qui faisait plus de 3 millions et qui a laissé derrière lui un cimetière de mauvais contrats (Gallagher, Anderson, Drouin…).

Il est donc inévitable que, comme Gorton, Hughes doive être prolongé — et surtout, payé à sa juste valeur.

Un monstre à deux têtes à… 15 millions par an?

Si Montréal souhaite garder ses deux cerveaux, il faudra aligner les zéros.

Jeff Gorton : 10 M$ (nouvelle entente à signer)

Kent Hughes : 5 M$ (prolongation qui triplera son salaire)

Total : 15 millions de dollars par année dès 2026-2027. Un précédent dans la LNH. Un chiffre que même les plus grandes organisations n’ont jamais osé franchir pour leur haute direction.

Mais c’est le prix à payer pour l’excellence. Pour garder le duo qui a relancé le Canadien, redonné espoir à une base de partisans désabusée, et redonné une âme à une franchise moribonde depuis 1993.

Et si tout éclatait en 2026? Voilà le cauchemar qu'il faut éviter.

Le contrat de Gorton se termine en 2026. Celui de Hughes aussi. Et si l’un ne reste pas, l’autre pourrait suivre.

Gorton veut du pouvoir. Hughes pourrait vouloir plus de liberté décisionnelle. Et s’il ne l’obtient pas, il y a 10 autres clubs qui le lui offriront.

On a vu les tensions entre les deux, notamment dans la gestion d’Arber Xhekaj, du style d’équipe. Gorton aime la robustesse. Hughes aime les stats avancées. Leur vision du hockey diverge parfois, sérieusement.

Pour l’instant, le duo fonctionne. Mais est-ce viable à long terme? Est-ce qu’en 2026, le « monstre à deux têtes » ne se transformera pas en choix déchirant? Selon nous, les deux amis vont continuer de fonctionner ensemble, car il n'y a rien de mieux que deux chums qui se challengent.

Le Canadien de Montréal est à la croisée des chemins. Il doit prendre une décision qui marquera l’histoire de la franchise. Geoff Molson doit allonger les billets pour garder son duo et ainsi éviter qu'ils pensent à d'autres opportunités. 

Il devra bel et bien sortir le chéquier et créer le premier duo de direction à 15 millions de dollars par année dans la LNH,

Sinon, il regardera ses deux meilleurs cerveaux quitter, l’un pour un poste convoité, l’autre pour un rôle à sa hauteur.

Le temps des économies est terminé. Si Geoff Molson ne veut pas que 2026 rime avec implosion, il doit agir maintenant.

Parce qu’après tout… les grandes équipes ne se bâtissent pas avec des miettes. Elles se bâtissent avec des millions.