La déchéance n’a jamais été aussi ridicule à Toronto.
Dans une ville qui respire le hockey comme d’autres respirent l’air, les Maple Leafs ont commisl’impensable : faire de Mitch Marner un bouc émissaire, lui qui a été depuis près d’une décennie le cœur offensif d’un club trop peureux pour aller jusqu’au bout.
La réalité est que les Leafs vont s'ennuyer du talent offensif de Marner. Aujourd’hui, ce n’est pas un simple changement de direction. C’est une débandade à visage découvert.
Après des années d’échecs répétés, de premières rondes humiliantes, de conférences de presse vides de sens, les Leafs ont un nouveau plan : remplacer Mitch Marner par Brad Marchand, le héros de la finale de la Coupe Stanley.
Le Brad Marchand des années 2010, la peste adorée de Boston, l’homme qui s’est attiré la haine de tout Toronto pendant une décennie.
Sauf qu’on n’est plus en 2011. Marchand a 37 ans. Et selon plusieurs sources, les Leafs seraient prêts à lui offrir un contrat avoisinant les 8 millions $ par saison. Un contrat à long terme. Pour un ailier gauche en fin de carrière. Surpayé. Surutilisé. Surévalué.
Performer avec la Floride en séries est une chose. Justifier un contrat à long terme de 8 millions de dollars par année... sera impossible pour le petit vétéran.
La plan torontois n'a pas de colonne vertébrale.
Le plus inquiétant? Ce n’est pas un coup isolé. On parle d’un buffet complet de vétérans en fin de parcours qui est visé par Toronto : Jonathan Toews et Patrick Kane sont aussi dans le viseur du DG torontois.
Brad Treliving veut changer l’ADN. Mais au lieu de miser sur la vitesse, la jeunesse et l’intelligence du jeu moderne, il replonge dans une époque révolue: celle des vétérans surpayés.
Marchand a encore du chien. Il l’a prouvé avec la Floride en séries. Mais construire une équipe autour de vétérans patchés, c’est une recette qui sent la douleur musculaire et les compresses chauffantes.
Mitch Marner, 27 ans, sort de plusieurs saisons de 90 points et plus. (102 points la saison dernière) Il est électrisant. Créatif. Étincelant à 5 contre 5 comme en avantage numérique. Il est, malgré toutes les critiques, un "gamebreaker". Et pourtant, Toronto veut le sacrifier. Pourquoi? Pour libérer de l’espace salarial et… signer des gars au bord de la retraite?
On nage en plein délire.
Surtout que, selon Elliotte Friedman, Toronto serait aussi sur le point d’accueillir Mika Zibanejad, 32 ans, au contrat paralysant de 8,5 millions $ par année jusqu’en 2031.
Le gars a été bon. Mais il est fini comme centre numéro un. Les Rangers cherchent désespérément s'en débarrasser sans retenir un sou , et Toronto, dans sa panique, se montre intéressé.
On vous parle ici de deux gestes majeurs. Près de 17 millions par année pour deux vétérans en fin de carrière. Deux erreurs monumentales de gestion.
Pendant que Toronto organise son bal des vétérans, Mitch Marner regarde vers l’Ouest. Selon nos informations, trois équipes mènent la course pour l’obtenir : les Golden Knights de Vegas, les Kings de Los Angeles et les Ducks d’Anaheim.
À Vegas, un échange Marner–Shea Theodore a été évoqué l'été dernier, mais Vegas a refusé. Intéressant. Theodore est mobile, fiable, efficace. Mais les Knights savaient qu’ils pourraient signer Marner cet été sans rien donner en retour. Et Marner serait accueilli en héros, loin de la pression étouffante du marché torontois.
Mais c’est Anaheim qui retient tous les regards. Le DG Pat Verbeek a identifié Marner comme priorité numéro un. Il veut le pairer à Leo Carlsson. Il veut accélérer sa reconstruction. Et surtout, Marner veut aller là-bas.
Le marché est doux. La Californie est belle. Les médias sont absents. La pression est nulle. C’est l’endroit rêvé pour relancer une carrière. À Anaheim, Marner redeviendrait le génie qu’il a toujours été. Sans le poids d’un échec collectif sur les épaules.
Voici où ça devient croustillant : si Anaheim obtient Marner, ils n’auront plus besoin de Trevor Zegras. Et qui courtise Zegras depuis des mois? Le Canadien de Montréal.
Un scénario crédible se dessine :
Marner signe à Anaheim.
Zegras est échangé à Montréal.
Logan Mailloux et un des choix #16 ou #17 font le chemin inverse.
Pendant ce temps, Toronto signe Brad Marchand à prix d’or.
Toronto laisse donc une superstar en pleine force de l’âge… pour des joueurs à l’automne de leur carrière.
Ridicule.
Pendant ce temps, les Rangers de New York se transforment en centre de liquidation. Chris Kreider? Échangé. Alexis Lafrenière? Sur le marché. K’Andre Miller? Il a probablement joué son dernier match à New York.
Et c’est là que les choses se corsent pour le Canadien.
Selon Larry Brooks, les Sabres de Buffalo seraient prêts à offrir Bowen Byram pour K’Andre Miller. Les Kings? Jordan Spence. Des défenseurs jeunes, percutants, mobiles. Le CH voulait être dans la course en offrant les choix 16 et 17… mais à ce prix-là, il faudrait maintenant songer à offrir Kaiden Guhle. Et ça, il n’en est pas question.
Pendant ce temps, Jeff Gorton attend son moment de vengeance. Oui, car il ne faut pas oublier : c’est Chris Drury qui a manigancé avec le propriétaire James Dolan pour faire congédier Gorton à New York.
Le marché des transaction est en feu.
En une semaine, la LNH est devenue un bal de bombes. Peterka veut partir. Lafrenière est offert. Zegras est disponible. Zibanejad est donné. Marner s'en va en Californie ou au Nevada. Kreider est parti. Et à travers tout ça, Toronto se ridiculise avec une stratégie de recyclage de vieux guerriers.
Pendant ce temps, Kent Hughes manœuvre.
Mais une chose est claire comme de l'eau de roche: Toronto est en train de s’autodétruire sous nos yeux. Et ce n’est pas Mitch Marner qui va en payer le prix. C’est la crédibilité des Maple Leafs qui se noie à vue d’œil.