« Si tu es bon défensivement, sois le meilleur. Si tu bloques des tirs, deviens un expert. Si tu gagnes des mises au jeu, fais-en ta carte de visite. C’est comme ça qu’on devient indispensable dans la grande ligue. »
Cette phrase, tirée de l’entretien que Mathieu Olivier a accordée à La Presse, n’était pas seulement un constat personnel : c’était un véritable message sans pitié pour tous les joueurs de rôle qui espèrent survivre dans la Ligue nationale de hockey.
Et si l’on tend bien l’oreille, ce message s’adresse directement à Arber Xhekaj, ce colosse du Canadien de Montréal que Martin St-Louis refuse d’inscrire comme régulier tant qu’il n’aura pas prouvé qu’il peut être plus qu’un simple policier sur patins.
Parce que Mathieu Olivier a montré la voie. En 2024-2025, l’attaquant québécois a fait exploser toutes les attentes : 18 buts, 32 points, 306 mises en échec, 15 combats, et plus de 14 minutes de temps de jeu par match.
Ce n’était plus seulement le bagarreur qui se battait pour amuser la galerie : c’était devenu un joueur indispensable, capable de marquer, de frapper, de défendre, et surtout de ne pas mettre son équipe dans le trouble.
Résultat? Une prolongation de contrat de 6 ans et 18 millions de dollars. Voilà la récompense ultime pour un joueur qui a décidé d’élargir son identité.
À l’inverse, Arber Xhekaj regarde ce modèle et doit se mordre les lèvres. Le défenseur du Canadien, lui aussi reconnu pour sa robustesse et sa volonté de protéger ses coéquipiers, en est encore prisonnier : il se bat, il frappe, il intimide.
Mais il ne convainc pas St-Louis de le garder comme pièce centrale.
Pourquoi? Parce qu’en défense, ses erreurs coûtent cher. Parce que contrairement à un attaquant de quatrième trio comme Olivier, un défenseur qui multiplie les revirements devient un danger constant. Tant qu’il restera ce joueur imprévisible dans son territoire, il n’aura jamais le même statut.
Le parallèle entre les deux parcours est brutal. Mathieu Olivier, très tôt dans sa carrière, a compris grâce à son père ,entraîneur de carrière, que son avenir ne passerait jamais par le rôle d’un marqueur de 50 buts.
Plutôt que de s’entêter, il a choisi de bâtir autour de ses forces : être robuste, discipliné, fiable défensivement. Puis il a ajouté une couche supplémentaire : contribuer offensivement juste assez pour devenir une arme crédible.
Dix-huit buts, pour un joueur catalogué comme bagarreur, c’est la différence entre un contrat précaire et une entente de six ans. C’est aussi la preuve qu’il est possible de transformer une « identité de dur » en véritable capital sportif.
Et c’est là que le message explose aux oreilles d’Arber Xhekaj : tu ne peux pas juste te battre. Tu ne peux pas juste être un boxeur. Tu dois marquer, tu dois défendre proprement, tu dois devenir un joueur complet dans ton rôle.
Sinon, ton avenir est ailleurs, dans la Ligue américaine, ou dans une transaction.
À Montréal, le surnom « WiFi » colle à la peau d’Arber Xhekaj. Sa force, ses poings, ses combats spectaculaires lui ont donné une popularité immédiate auprès des partisans. Mais cette popularité est une arme à double tranchant.
Tant que Xhekaj est perçu comme « le bagarreur du CH », il ne franchira jamais le cap vers l’indispensable. Martin St-Louis, lui, ne se laisse pas séduire par les acclamations du public.
Il regarde le jeu défensif, les erreurs en zone neutre, les relances ratées. Et tant que Xhekaj ne corrige pas ces failles, il restera au banc ou sur le marché des transactions.
Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’est pas aveugle à ce qui se joue sous ses yeux. Il voit bien que des joueurs comme Olivier, ailleurs dans la LNH, ont su passer d’une réputation de « tough guy » à celle de joueur incontournable.
La différence est cinglante et elle s’est vue aussi sur le ring de boxe : lors de leur furieux combat de poids lourds la saison dernière, Mathieu Olivier a corrigé Arber Xhekaj sans détour.
Un duel à l’image de leur trajectoire respective. Olivier, aujourd’hui multimillionnaire avec son contrat de six ans, est devenu indispensable à Columbus grâce à sa polyvalence et à son intelligence de jeu.
Xhekaj, lui, demeure coincé dans un rôle limité à Montréal, incapable pour l’instant de convaincre qu’il peut suivre ce modèle. C’est toute la métaphore de sa carrière : un colosse populaire, mais qui n’a pas encore franchi le cap nécessaire pour s’imposer comme un vrai pilier de la LNH.
Ce qui rend sa situation encore plus frustrante. Parce que si Mathieu Olivier a pu le faire à Columbus, pourquoi Xhekaj ne pourrait-il pas le faire à Montréal?
Le parallèle contractuel est encore plus cruel. Mathieu Olivier, grâce à sa saison éclatante, a arraché une prolongation de six ans à 3 millions de dollars par saison.
C’est exactement ce qu’Albert Xhekaj rêve de signer l’été prochain. Son contrat actuel de deux ans et 1,3 million est une mise à l’épreuve. S’il prouve qu’il peut devenir un joueur complet, fiable, efficace, il aura sa récompense.
Mais s’il stagne dans son rôle de bagarreur imprudent, le Canadien n’hésitera pas à tourner la page. Le timing n’est pas un détail : Hughes et St-Louis testent sa valeur réelle. Le verdict tombera vite.
Et c’est là où le message de Mathieu Olivier prend tout son sens. Le Québécois ne s’est pas contenté d’occuper un rôle, il l’a transcendé. Il a montré que même un joueur catalogué peut réécrire son destin en se réinventant. Xhekaj, lui, doit encore prouver qu’il peut sortir de son moule.
Ce qui pend au nez de Xhekaj, c’est la réalité impitoyable de la défense montréalaise. Avec Kaiden Guhle, Lane Hutson, Mike Matheson, Noah Dobson et Alexandre Carrier, le CH a déjà une ossature claire.
Reinbacher pousse. Struble est polyvalent. Adam Engstrom est .NHL-ready".
Où est la place de Xhekaj? Nulle part, à moins de devenir autre chose qu’un policier. Et c’est exactement le message de St-Louis : pas de passe-droit, pas de privilège. La LNH n’a plus de place pour les bagarreurs purs. Le hockey a évolué. Les équipes veulent de la robustesse, oui, mais couplée à de l’intelligence et de la constance.
En clair, Xhekaj est dos au mur. S’il ne devient pas, comme Olivier, un joueur complet qui peut marquer, défendre et punir physiquement sans être un danger pour son équipe, il est condamné à sortir du portrait.
Le miroir est cruel mais sans pitié : d’un côté, Olivier sourit, riche d’un contrat de 18 millions et respecté pour sa polyvalence.
De l’autre, Xhekaj lutte pour convaincre qu’il mérite autre chose qu’un rôle de figurant. Ce que Mathieu Olivier dit, ce n’est pas seulement « soyez fier de vos forces », c’est « transformez vos forces en capital ».
Et tant que Xhekaj reste coincé dans son rôle de bagarreur en défense, il ne pourra jamais obtenir la confiance pleine et entière de St-Louis ni le contrat à long terme qu’il convoite.
À lui de comprendre que son avenir ne repose plus sur ses poings, mais sur sa capacité à devenir un défenseur fiable, constant, et, pourquoi pas, capable d’ajouter une touche offensive.
Le message est clair. Le modèle est sous ses yeux. Mathieu Olivier a prouvé que c’était possible. Xhekaj doit maintenant décider s’il veut rester dans la catégorie des joueurs « divertissants mais remplaçables », ou s’il veut franchir le pas vers l’indispensable.
Parce que dans la nouvelle LNH, les poings seuls ne suffisent plus. Et tant que Xhekaj ne comprendra pas cette réalité, il restera un joueur de trop.
Le temps presse.