18 millions de dollars: un centre temporaire à Montréal

18 millions de dollars: un centre temporaire à Montréal

Par Marc-André Dubois le 2025-06-25

Dans la saga estivale qui s’écrit actuellement dans les coulisses de la LNH, un nom attire l’attention et amplifie les les tensions sur le marché des transactions: Pius Suter.

Le centre suisse, qui vient de connaître sa meilleure saison avec les Canucks de Vancouver, est au cœur d’une véritable guerre de séduction entre deux puissances historiques du hockey canadien : les Canadiens de Montréal et les Maple Leafs de Toronto.

Mais contrairement à ce que plusieurs pensaient, ce ne sont pas les Canucks, son ancienne équipe, qui mènent les enchères. Ce sont les Leafs. Et c’est là que la situation devient explosive pour les partisans montréalais.

Ce n’est un secret pour personne : les Maple Leafs de Toronto sont en mode panique. Ils sentent que le château de cartes bâti autour de Mitch Marner (qui va rejoindre les Golden Knights) et John Tavares (qui négocie pour rester) est en train de s’effondrer.

Les rumeurs d’un départ de Marner vers Vegas ou Dallas n’ont jamais été aussi insistantes. Marner a même visité des maisons à Vegas, alors qu'on l'accuse d'avoir déjà parlé aux dirigeants des Knights.

Pendant ce temps, Toronto a besoin d’un plan B, d’un joueur capable de stabiliser son top-9 offensif sans coûter une fortune. Toronto aurait Pius Suter dans la mire.

Mais ce que peu d’observateurs avaient anticipé, c’est à quel point cette poursuite de Suter par Toronto allait compliquer les plans du Canadien.

Montréal a identifié Suter comme une cible discrète, stratégique, presque invisible. Un centre capable de jouer sur les deux premiers trios, tout comme sur le bottom 6 avec de l’expérience, une production stable, et surtout une éthique de travail irréprochable. Une valeur sûre.

Et voilà que Toronto, flairant la même opportunité, vient créer un duel sur le marché des transactions entre les rivaux de toujours.

À Montréal, on connaît les lacunes. L’absence d’un vrai deuxième centre a plombé l’équipe pendant deux saisons. Kirby Dach, malgré un potentiel indéniable, n’a pas été capable de tenir un rôle régulier en raison des blessures.

Christian Dvorak va quitter le CH via le march des agents libres. Kent Hughes le sait : il faut solidifier le centre et rapidement.

Pius Suter coche toutes les cases. À 29 ans, il est à son apogée. Il vient d’enregistrer une saison de 46 points (25 buts), tout en jouant un rôle important sur les unités spéciales.

Il peut affronter les meilleurs trios adverses, gagner des mises en jeu importantes, et il sait produire dans les moments cruciaux. C’est exactement ce que le CH recherche pour entourer Demidov en attendant Michael Hage.

Mais si Toronto s’impose dans cette lutte, cela pourrait être une claque monumentale pour Montréal. Une claque de plus, dans une rivalité déjà frustrante par l’arrogance torontoise et les échecs récents du CH à attirer des joueurs d’impact.

Ce dossier dépasse le simple cas de Suter. C’est une lutte de prestige, un affrontement symbolique. Si Toronto réussit à voler Suter sous le nez du CH, ce sera vu comme une démonstration de force. Et Montréal, une fois de plus, devra se contenter des miettes sur le marché.

D’autant plus que l’intérêt des Leafs est très sérieux. Selon plusieurs sources dans l’entourage de l’équipe, Brad Treliving prépare une offre avoisinant les 4 ans et 18 millions de dollars.

Ce n’est pas rien. Suter, qui a toujours rêvé de jouer pour un marché canadien de premier plan, pourrait être séduit par la puissance médiatique de Toronto et son désir de gagner maintenant. Surtout que ses agents ont établi un objectif de 4,5 M$ par année, exactement ce que les Leafs proposent.

Montréal peut-il tomber dans une surenchère? 

C’est la question brûlante. Kent Hughes est-il prêt à offrir plus 4,5 millions par saison à un joueur qui, malgré son excellente saison, n’est pas une superstar?

On parle quand même d'un plombier de luxe. Le CH a deux choix : soit il passe à l’offensive et tente de battre Toronto avec une offre plus audacieuse, soit il recule prudemment pour ne pas hypothéquer sa flexibilité salariale pour un joueur au talent offensif linit.,

Mais attention : ne rien faire serait un signal terrible envoyé aux partisans. Après avoir raté Trevor Zegras pour des peanuts, et alors que le dossier Crosby reste incertain, ne pas foncer sur un joueur comme Suter pourrait être interprété comme un autre non-geste de perdant. 

Mais le surpayer va être vu comme un geste de panique.

La rivalité entre Montréal et Toronto est historique. Elle s’écrit à coups de gestes symboliques, de signatures qui marquent l’imaginaire. Quand Toronto a signé John Tavares, c’était pour affirmer sa domination.

Marc Bergevin avait fait visiter les installations du CH à Tavares, mais Toronto avait gagné la bataille... encore une fois...

Montréal, depuis, n’a jamais vraiment répliqué sur le marché des transasction.

Le dossier Pius Suter pourrait sembler mineur en surface, mais il symbolise cette tension non résolue entre deux franchises qui veulent s’imposer comme la capitale du hockey canadien.

Et si Suter choisit Toronto, ce ne sera pas un drame, mais une nouvelle preuve que Montréal passe toujours en deuxième, même pour les plombiers de luxe.

Ce sera une défaite psychologique. Une démonstration que même les joueurs moyens préfèrent les Leafs au CH. Une honte à digérer.

Il faut aussi souligner à quel point le profil de Suter est unique sur le marché actuel. Il est droitier, capable de jouer au centre et à l’aile, excellent en infériorité numérique, et surtout très discipliné.

Il ne coûte pas de buts à son équipe. Il ne prend presque pas de pénalités. Il est le joueur idéal pour complémenter un noyau jeune, comme celui de Montréal.

Mais c’est aussi exactement ce que les Leafs recherchent pour stabiliser une structure fragile, autour de laquelle plane le spectre d’une reconstruction déguisée après le départ de Marner.

Suter devient ainsi l’arme tactique dans un affrontement idéologique entre deux visions du hockey : patience et développement à Montréal en attendant Hage, pression et résultats immédiats à Toronto.

Si Kent Hughes laisse filer Suter à Toronto, ce ne sera pas juste une signature manquée. Ce sera une perte d’influence.

Et c’est pour cette raison que ce dossier devient crucial. Il faut comprendre que dans cette bataille, le Canadien n’affronte pas seulement une autre équipe. Il affronte son son éternel rival, son double médiatique et stratégique : Toronto.

Dans les prochains jours, Pius Suter choisira sa prochaine destination. Et à travers cette décision se jouera bien plus qu’un contrat de 18 millions. Ce sera le reflet de l’attractivité réelle du CH, du pouvoir de persuasion de Kent Hughes, et du prestige qu’incarne encore l’uniforme tricolore.

S’il opte pour Toronto, la fracture s’élargira. Et les partisans du Canadien auront une fois de plus l’impression d’avoir été trahis par l’immobilisme.

Montréal ne peut plus se contenter de regarder ses rivaux gagner des batailles dans les coulisses. Il est temps de passer à l’offensive. Sinon, même les Pius Suter de ce monde finiront à Toronto.

Et ça, c’est inacceptable.