C’est un chiffre qui fait sursauter. Un nombre qui résume à lui seul l’indécence d’un système politique déconnecté de la réalité des Québécois.
Pablo Rodriguez, nouvellement couronné chef du Parti libéral du Québec, sans jamais avoir été élu à l’Assemblée nationale, va empocher 230 591 $ par année.
Et pendant ce temps, Stéphane Robidas, entraîneur adjoint du Canadien de Montréal, un poste exigeant, prestigieux, exposé médiatiquement car Robidas remplace souvent Martin St-Louis devant les journalistes, gagnerait autour de 200 000 dollars US si on se fie à ESPN.
Selon le réseau américain, un entraîneur adjoint qui n'est pas renommé ou qui n'a pas le poste d'entraîneur associé gagne bel et bien autour de ce montant.
On parle d’un homme qui œuvre dans la plus grande institution sportive du Québec, qui travaille chaque jour à faire progresser de jeunes joueurs et à maintenir une culture d’excellence.
Et on lui offre un peu plus que le salaire d’un politicien parachuté, désavoué par une partie du peuple, dont le passé soulève plus de questions que de réponses.
Pablo Rodriguez n’a pas été élu. Il n’a pas affronté le suffrage universel.
Mais pendant qu’il se promène en province pour « définir les orientations stratégiques du parti », les contribuables québécois vont lui verser un quart de million de dollars.
Tout ça parce que, selon Me Rafael Primeau-Ferraro, président du PLQ, « le rôle de chef de parti commence dès qu’on porte la responsabilité de rassembler ».
Vraiment? À ce compte-là, chaque directeur de campagne bénévole devrait recevoir un chèque. Et surtout, chaque joueur du CH, chaque entraîneur adjoint, chaque éducateur sportif qui bâtit, lui aussi, une équipe et une culture, devrait être honoré à la même hauteur.
La comparaison avec Stéphane Robidas fait mal. Un ancien défenseur respecté, un homme discret, travailleur, humble, qui a décidé de revenir au Québec pour aider la relève et participer à la reconstruction du Canadien.
Son rôle ne se limite pas à pousser des cônes sur la glace : il participe à l’analyse des performances, à la préparation des matchs, à la gestion de jeunes athlètes millionnaires dans un marché impitoyable.
Il travaille de longues heures, loin des caméras, pour permettre à une équipe emblématique de redevenir un espoir collectif.
Alors pourquoi accepte-t-on qu’un homme comme Pablo Rodriguez, dont les états de service récents sont plus qu’embarrassants, touche autour du même salaire?
Pourquoi personne ne bronche quand on apprend qu’il a vendu son condo de Gatineau juste avant son ascension, pour 345 000 $ ?
Et on lui donne 230 000 dollars sur un plateau d'argent?
Pourquoi accepte-t-on qu’il gagne autant alors qu’il était le lieutenant québécois d’un gouvernement fédéral qui a doublé la dette canadienne, cumulé plus de 650 milliards $ de déficits, et fracassé tous les records d’ingérence provinciale?
Rodriguez n’a pas été un acteur discret ou effacé de ce gouvernement. Il en était l’un des architectes québécois. Il était au cœur des décisions, des ratés, des contradictions.
C’est lui qui défendait les « portes ouvertes » de Trudeau sur l’immigration. C’est lui qui a appuyé toutes les mesures controversées du cabinet, même celles qui heurtaient de plein fouet les champs de compétence du Québec : garderies, santé, immigration, environnement.
Et aujourd’hui, sans avoir fait son mea culpa, sans avoir démontré la moindre capacité à rallier l’électorat francophone, il devient le grand patron d’un parti moribond, payé par nous, avec un chèque aussi gras que honteux.
Pendant ce temps, Stéphane Robidas n’a pas de tribune médiatique. Il n’a pas de budget pour des consultants en image. Il ne se donne pas en spectacle à la télévision.
Il est au travail, chaque jour, dans l’ombre, à bâtir un avenir pour une équipe qui fait vibrer tout le Québec. Lui aussi est un rassembleur. Lui aussi porte une vision. Mais on ne lui donne pas 230 000 $ alors qu'il n'est pas encore en poste..
Si Robidas, Letowski ou tout autre adjoint du CH sortait demain dans les médias pour se plaindre de leur sort, ils seraient vite étiquetés comme capricieux ou ingrats.
Mais Pablo Rodriguez, lui, peut débarquer dans un parti en ruines, avec un passé fédéral lourd à porter, et exiger sans rougir une rémunération égale à celle d’un chef de l’opposition officiel.
Et ce n’est pas une hypothèse. En 2013, Philippe Couillard, lui aussi chef du PLQ avant d’être élu, avait accepté un salaire de 150 000 $, déjà vu comme élevé à l’époque.
Rodriguez, lui, pousse l’indécence encore plus loin. À une époque où les familles québécoises peinent à joindre les deux bouts, où les taux d’intérêt étranglent les jeunes ménages, où les services de base sont coupés à droite et à gauche, le PLQ a l’audace de présenter ça comme un « investissement ».
Un chef payé avant même d’être élu. Un poste virtuel à salaire royal.
Ce n’est pas seulement une erreur politique. C’est une gifle. Une claque à tous ceux qui croient encore à l’éthique, à la modestie, à l’effort. Une gifle à ceux qui ont vu les erreurs du gouvernement Trudeau s’accumuler et qui maintenant doivent récompenser l’un de ses fidèles lieutenants.
Pire encore, Rodriguez refuse toute remise en question. Lorsqu’on lui demande ce qu’il aurait fait différemment dans le gouvernement fédéral, il prend la fuite.
Lorsqu’on lui parle de la déconnexion avec les régions, il récite un discours creux sur la modernité. Et quand on évoque les résultats catastrophiques du PLQ chez les francophones (à peine 10 % d’appuis!), il préfère parler d’optimisme et de « ralliement ».
Et c’est cet homme-là qu’on paie 230 591 $ par année. Pour quoi, au juste? Pour éviter qu’il parte? Les élections sont 2026. Alors pourquoi lui donner un salaire immédiat? Pour sa notoriété? Le Parti libéral du Québec est-il devenu une émission de variétés?
En comparaison, Stéphane Robidas ne demande rien. Il travaille. Il se présente au camp. Il encadre les jeunes. Il défend une culture d’effort et de sérieux. Il accepte, lui, de ne pas être le centre de l’attention. Il est payé comme un ouvrier du hockey, pas comme une vedette de la politique.
Il est temps que quelqu’un le dise haut et fort : le salaire de Pablo Rodriguez est une honte. Et tant que le Parti libéral du Québec cautionnera ce genre d’indécence, il restera ce qu’il est devenu : un club fermé, déconnecté, incapable de comprendre les priorités du peuple québécois.