36 Ferraris, argent à l'infini: Juraj Slafkovsky défendu par Luc Poirier

36 Ferraris, argent à l'infini: Juraj Slafkovsky défendu par Luc Poirier

Par David Garel le 2025-01-18

Juraj Slafkovsky, premier choix au total du repêchage de 2022, a fait couler beaucoup d’encre, et pas seulement pour ses performances sur la glace.

Sa décision d’acquérir une BMW en Slovaquie, puis une autre à Montréal, a enflammé les débats, particulièrement après les critiques acerbes de Jean-Charles Lajoie.

Lajoie avait tout simplement été cinglant :

« Dans une province où les gens peinent parfois à boucler leurs fins de mois, afficher son argent de cette manière est indécent. »

Ces propos, relayés sur plusieurs plateformes, ont divisé l’opinion publique. Certains ont vu en Slafkovsky un jeune homme flamboyant qui manque de maturité, tandis que d’autres ont défendu son droit de profiter de son succès.

L’homme d’affaires et collectionneur bien connu, Luc Poirier, a pris la défense des amateurs de voitures de luxe.

Propriétaire de 36 Ferrari, Poirier, qui exposera sa collection au Salon de l’Auto de Montréal, n’a pas hésité à commenter la situation au micro de Patrick Lagacé.

« Ce n’est pas parce qu’on affiche sa richesse qu’on doit être jugé. Si on contribue à la société, paie ses impôts, et crée des emplois, je ne vois pas où est le problème. »

Poirier, qui a commencé sa passion pour les voitures avec une Porsche à l’âge de 16 ans, a également souligné l’importance de l’éducation financière, insistant sur la nécessité d’apprendre la valeur de l’argent, même dans un environnement privilégié.

« Moi, mon rêve, à sept ou huit ans, c'était d'avoir une Porsche. Parce que jamais, dans ma tête d'enfant, jamais j'aurais eu l'argent pour acheter une Ferrari. »

Si la BMW de Slafkovsky a fait jaser, il est évident que l’échelle de grandeur diffère grandement de celle de Poirier.

Ce dernier possède une collection impressionnante de bolides rares et coûteux, dont il est fier. Pourtant, il s’interroge : pourquoi les Québécois ont-ils tant de mal avec ceux qui réussissent et le montrent?

« Au Québec, il y a cette mentalité d’envier et de critiquer ceux qui ont de l’argent. Mais la richesse, ce n’est pas une honte. C’est une opportunité de redonner et de contribuer à la société. »

Indirectement, Poirier a également mis en perspective la controverse entourant Slafkovsky :

« C’est un jeune homme qui commence sa carrière. Il fait un bon salaire et il décide de se faire plaisir. Où est le mal là-dedans? On ne peut pas lui reprocher de vouloir profiter de son succès. »

Lajoie n’est pas le seul à avoir critiqué Slafkovsky. Au Québec, l’affichage "flashant" de richesse est souvent mal vu.

Dans une société où l’égalité et la simplicité sont valorisées, l’achat d’un véhicule de luxe peut rapidement être interprété comme un geste d’arrogance.

Mais cette mentalité est-elle toujours justifiée?

Pour certains, le succès de Slafkovsky devrait être célébré, pas ridiculisé. À 20 ans, il gagne bien sa vie grâce à son talent et son travail acharné.

Il est intéressant de noter qu’en Slovaquie, l’achat de sa première BMW avait été perçu très différemment.

Là-bas, les médias l’avaient encensé, le dépeignant comme un symbole de réussite nationale. Mais à Montréal, où l’exigence envers les joueurs du Canadien est démesurée, cet achat est devenu un sujet de discorde.

Alors que la controverse continue de faire parler, Slafkovsky pourrait s’inspirer de Luc Poirier, qui prône une gestion responsable de la richesse tout en refusant de se cacher.

Cependant, pour apaiser les critiques, le jeune joueur devra surtout se concentrer sur ses performances sur la glace.

À Montréal, les gestes parlent plus fort que les mots ou les voitures. Si Slafkovsky parvient à répondre aux attentes des partisans et à justifier son contrat de 7,6 millions $ par saison, il pourra se permettre de rouler en BMW ou en Ferrari sans craindre les regards désapprobateurs.

En attendant, les débats continueront, car à Montréal, rien ne passe inaperçu, surtout quand il s’agit des joueurs du Canadien.

La saga entourant Juraj Slafkovsky et sa BMW ne se limite pas à une simple question de goût ou de choix personnel.

Elle met en lumière une tension récurrente dans la société québécoise : la perception de la richesse et le malaise face à son affichage.

Jean-Charles Lajoie a été cinglant en critiquant l’achat de la voiture de luxe par le jeune attaquant.

Pour l'animateur de TVA Sports, montrer sa richesse comme ça, c’est insultant pour bien des gens au Québec qui travaillent fort pour joindre les deux bouts. Quand tu es un joueur du Canadien, tu dois être conscient de l’impact de tes actions. 

Ces propos, bien qu’exprimant une frustration partagée par une partie des partisans, contrastent fortement avec l’attitude de figures publiques comme Luc Poirier, qui défend l’idée que la réussite mérite d’être célébrée, pas critiquée.

Pour Poirier, dont les 36 Ferrari sont à l’affiche du Salon de l’Auto de Montréal, la richesse n’est pas un tabou. Il s’étonne même de la polémique autour de la BMW de Slafkovsky.

Il faut avouer qu'une BMW, ce n’est rien comparé aux voitures qu'il possède. Mais que ce soit une BMW ou une Ferrari, je suis d'accord avec Poirier.

Je ne comprends pas pourquoi les gens se sentent menacés par ça. On devrait encourager les jeunes à aspirer à ce genre de succès. 

Cette divergence d’opinions reflète un contraste culturel entre une société qui valorise l’humilité et des personnalités comme Poirier ou Slafkovsky, qui ne voient pas de mal à afficher leurs réussites.

Cependant, ce débat ne se limite pas aux critiques sociales. Il touche aussi à la pression immense qui pèse sur les épaules de Slafkovsky, premier choix au repêchage et désormais détenteur d’un contrat de plus de 60 millions de dollars.

Pour un jeune joueur qui peine à répondre aux attentes sur la glace, chaque geste hors du cadre sportif est amplifié.

Acheter une BMW est devenu, pour certains, un symbole de distraction ou d’arrogance, alors que ses performances restent inconstantes.

La critique de Lajoie prouve le malaise québécois face à l'argenté Surtout que l'animateur empoche 400 000 dollars par année et vit aussi comme un roi, même à moindre échelle.

Alors que Slafkovsky cherche à s’affirmer dans la LNH, des choix qui pourraient sembler anodins pour d’autres joueurs prennent une dimension démesurée à Montréal, où chaque détail est scruté.

Le Québec, terre de valeurs collectives et d’égalité, a toujours eu une relation ambivalente avec la richesse.

L’affichage "prétentieux" de celle-ci est souvent perçu comme une provocation, surtout dans un contexte où de nombreux Québécois luttent pour maintenir un niveau de vie confortable.

Luc Poirier, bien qu’il défende Slafkovsky, reconnaît que cette mentalité est profondément ancrée :

Au Québec, on aime les histoires de succès, mais seulement si elles restent discrètes. Si tu montres trop que tu as réussi, les critiques pleuvent. 

Juraj Slafkovsky, à seulement 20 ans, incarne cette tension entre aspirations personnelles et attentes collectives. Alors que certains voient en lui un jeune homme profitant de son succès, d’autres estiment qu’il devrait afficher plus de modestie.

Mais en fin de compte, la vraie réponse viendra de la glace. Si Slafkovsky parvient à justifier son statut de premier choix et à livrer des performances à la hauteur de son contrat, les critiques sur sa BMW et son style de vie pourraient rapidement s’éteindre.

Pour l’instant, cependant, il reste une cible facile pour ceux qui sont jaloux des gens riches.

Dans une ville comme Montréal, où le hockey est une religion et où les attentes sont démesurées, Slafkovsky devra apprendre à jongler entre sa vie publique et sa carrière sportive.

Une chose est sûre : tant que les performances ne suivent pas, la BMW continuera de rouler sous le feu des projecteurs.

À lui de prouver qu’il peut être plus qu’un symbole de controverse et devenir enfin le joueur d’impact que tout le monde espère.