3,6 millions $ envolés : Kent Hughes battu par l’impôt

3,6 millions $ envolés : Kent Hughes battu par l’impôt

Par André Soueidan le 2025-06-02

Quand Yanni Gourde a paraphé un contrat de 6 ans avec le Lightning de Tampa Bay pour une somme moyenne de 2,33 millions $ par saison, plusieurs ont sourcillé.

Pourquoi un joueur encore aussi utile, avec une feuille de route aussi garnie, accepterait-il un aussi petit pactole à l’âge de 33 ans?

C’est là qu’entre en jeu un détail que plusieurs préfèrent ignorer : la Floride n’a jamais imposé l’impôt sur le revenu des particuliers. Jamais.

Ce n’est pas nouveau, ce n’est pas depuis 2021. C’est une réalité fiscale bien ancrée dans l’ADN de l’État, enchâssée dans sa constitution depuis 1968.

C’est-à-dire que, pendant que le gouvernement du Québec vous siphonne jusqu’à 25 % de vos revenus au provincial, Yanni Gourde, lui, garde tout ce qu’il gagne... ou presque.

En comparaison, s’il avait accepté ce contrat de 14 millions $ à Montréal, avec l’impôt combiné fédéral-provincial, il lui serait resté environ 3,6 millions $ de moins dans ses poches nettes.

Autrement dit, signer à Tampa Bay lui a rapporté ce que le fisc québécois lui aurait volé.

Et c’est là qu’on réalise que Julien BriseBois ne fait pas de magie.

Il profite d’une fiscalité avantageuse pour offrir des contrats sur mesure à des vétérans qui veulent gagner tout en continuant à bien vivre.

À Montréal? Kent Hughes ne peut pas compétitionner. Même s’il sortait son plus beau sourire et promettait du temps de jeu à 5 contre 3. Ça ne suffit pas.

Comparez Gourde à Brendan Gallagher (6,5 M$) ou à Josh Anderson (5,5 M$). Des contrats qui pèsent lourd sur la masse du CH, pour des performances qui ne sont plus à la hauteur du salaire.

Gourde, à 2,33 M$ par année, c’est une aubaine. C’est la définition même d’un joueur de troisième trio payant à rabais.

Et que dire de Christian Dvorak, toujours sur le payroll pour 4,45 M$? Ce n’est même pas comparable.

Gourde est utile sur 200 pieds, il peut jouer au centre, sur les ailes, sur l’avantage et en désavantage numérique.

Il est aimé dans le vestiaire, il frappe, il bloque des tirs. Il est ce que le CH rêve d’avoir sur sa bottom six, mais ne peut se permettre.

Pas parce qu’il ne sait pas repérer ce genre de joueur. Pas parce qu’il n’est pas bon pour négocier. Mais parce qu’au Québec, tu es condamné à surpayer pour attirer ou retenir.

3,6 millions $. C’est ce que Kent Hughes n’a pas pu offrir.

C’est ce que Julien BriseBois, lui, n’a pas eu à sortir de sa poche. Et tant que la réalité fiscale ne changera pas, les équipes canadiennes continueront de jouer avec un bâton plus court.

On a beau rêver d’un CH champion, mais tant que le fisc continuera de nous poignarder dans le dos, Julien BriseBois et ses complices fiscalement bénis du Sud auront toujours une longueur d’avance.

C’est pas un vol. C’est juste les règles du jeu. Et Kent Hughes, lui, joue sur une patinoire en pente.

Pendant ce temps, Kent Hughes et Jeff Gorton doivent se gratter la tête comme deux vendeurs de chars usagés qui essaient de convaincre un client que le vieux char rouillé vaut son prix.

Parce qu’à Montréal, pour faire avaler un contrat à un joueur autonome, tu ne peux pas juste brandir le chèque.

Tu dois aussi lui vendre le traitement royal : des bonus de performance bien placés, des accommodements fiscaux, des « deals » de logement, du support familial, des suivis médicaux de calibre olympique, des options d’après-carrière… bref, tout ce qui n’apparaît pas sur Puckpedia.

Et quand viendra le moment de signer Lane Hutson ou Ivan Demidov à long terme, ces jeunes vedettes vont sortir leur calculette bien avant leur chandail du CH.

Parce qu’ils savent qu’ailleurs, à salaire égal, ils garderaient plus de millions dans leurs poches.

À Montréal, faut compenser autrement. Et c’est là que Hughes et Gorton devront être plus que des DG : ils devront être des illusionnistes.

La vérité, c’est que tant que le fisc québécois siphonne chaque sou comme un vampire dans une banque de sang, le Canadien de Montréal part avec deux prises dès l’annonce de la mise au jeu.

Julien BriseBois n’a pas besoin d’être un génie : il a juste besoin d’habiter un paradis fiscal comme la Floride.

Pendant ce temps, au Québec, Hughes et Gorton doivent monter un cirque de promesses pour attirer les mêmes vedettes… et encore.

Yanni Gourde, lui, n’a pas signé un contrat. Il a signé un vol légalisé de 3,6 millions $ qu’il n’aurait jamais pu rêver ici.

Et nous, on regarde ça, impuissants, pendant que nos jeunes finissent par se dire qu’ils seraient peut-être mieux en t-shirt au soleil qu’en complet-cravate dans un bureau de Revenu Québec.

Le problème, ce n’est pas la passion du hockey à Montréal. C’est le prix qu’il faut payer pour la vivre.

Misère...