40 000 dollars de télévision: Patrik Laine fait jaser

40 000 dollars de télévision: Patrik Laine fait jaser

Par Marc-André Dubois le 2024-12-13

Patrik Laine est un joueur qui ne laisse personne indifférent.

Avec son tir foudroyant et sa capacité à transformer un match à lui seul, il est indéniable que le Finlandais possède un talent brut qui a déjà marqué la LNH.

Ses trois premiers buts cette saison sous le chandail des Canadiens de Montréal ont rappelé à tous pourquoi il fut un temps considéré comme l’un des meilleurs espoirs de la ligue.

Mais derrière les projecteurs et les acclamations, une histoire plus sombre refait surface : celle d’une addiction surprenante, mais coûteuse, qui a laissé des traces indélébiles sur sa carrière.

Laine n’est pas qu’un passionné de jeux vidéo. Il est un joueur qui, à ses débuts avec les Jets de Winnipeg, laissait tout pour son écran après un match.

Mais l’anecdote la plus frappante reste cette manie, presque absurde, de s’acheter une nouvelle télévision chaque fois qu’il était sur la route.

Pas une petite télévision, non. Une énorme. Selon les journalistes Jeff Marek et Greg Wyshynski, la facture pouvait grimper jusqu’à 1000 dollars US minimum par appareil, laissés à l’hôtel une fois son séjour terminé.

Avec 41 matchs à l’extérieur chaque saison, l’addition dépassait facilement les 40 000 dollars. Une somme vertigineuse pour des écrans qu’il abandonnait comme de simples déchets.

Patrik Laine n’a jamais été un joueur comme les autres. Sa personnalité, aussi flamboyante que son tir frappé, a souvent polarisé ses coéquipiers et les partisans.

À ses débuts avec les Jets de Winnipeg, l’ailier finlandais semblait destiné à devenir une pierre angulaire de l’équipe, mais une série de décisions personnelles et d’obsessions l’a rapidement isolé dans un vestiaire.

Au cœur de ce rejet : son refus systématique de se joindre à ses coéquipiers pour des activités sociales, préférant passer ses nuits à jouer à Fortnite.

Les leaders des Jets, notamment Mark Scheifele et Blake Wheeler, tentaient régulièrement d’inviter Laine à sortir pour souper ou simplement pour se changer les idées.

. Que ce soit pour un dîner, une soirée détendue ou simplement pour discuter, les invitations pleuvaient. Mais Laine, fidèle à ses habitudes, déclinait presque systématiquement.

Son excuse? Il avait « autre chose à faire », ce qui, pour ses coéquipiers, signifiait passer des heures devant un écran à jouer à Fortnite.

Ce comportement a rapidement agacé les leaders de l’équipe. Mark Scheifele voyait dans ces refus une forme de manque de respect envers l’esprit d’équipe.

Aux yeux de Scheifele, un joueur qui refuse de se mêler au groupe met en péril la chimie d'une chambre, essentielle à toute équipe aspirant aux grands honneurs.

Les témoignages de certains proches de l’équipe révèlent que Laine pouvait jouer jusqu’aux petites heures du matin, même avant des matchs importants.

Dans les hôtels où logeaient les Jets, il se cloîtrait dans sa chambre. Cette routine, répétée soir après soir, a commencé à créer un fossé entre Laine et le reste de l’équipe.

Les coéquipiers ont fini par abandonner leurs efforts pour inclure Laine dans leurs activités.

« Tu ne peux pas forcer quelqu’un à être une partie de l’équipe s’il ne le veut pas », aurait confié un ancien joueur des Jets sous le couvert de l’anonymat.

L’attitude de Laine a eu des conséquences profondes. Mark Scheifele, irrité par ce qu’il percevait comme un comportement individualiste, aurait exercé une influence négative de la chambre sur Laine, transformant l'attaquant en rejet.

Ce rejet a profondément marqué Laine. Selon des proches, il s’est senti exclu, incompris et jugé. Plutôt que de tenter de se réconcilier avec ses coéquipiers, il s’est renfermé davantage dans ses habitudes.

Sa passion pour Fortnite, autrefois un simple passe-temps, est devenue une échappatoire à un environnement qu’il percevait comme hostile.

Alors que Patrik Laine tente de relancer sa carrière à Montréal, cette période de sa vie reste un rappel puissant des dangers de l’isolation dans un sport d’équipe.

Son obsession pour le jeu vidéo Fortnite a aussi mis à nu un autre aspect de sa personnalité : un compétiteur acharné, parfois excessif, même dans un jeu virtuel.

Laine, connu pour son franc-parler, a toujours été cinglant avec ses mots lorsqu’il critiquait les stratégies des autres, notamment celle de son coéquipier Nikolaj Ehlers.

Au point que les deux en sont venus aux coups dans le vestiaire des Jets.

Les nuits blanches à jouer, les tensions avec ses coéquipiers et les achats compulsifs ont fini par rattraper Laine. À Winnipeg, son jeu devenait de plus en plus irrégulier.

À Columbus, où il a été échangé, il n’a jamais réellement trouvé sa place, enchaînant blessures, baisses de régime et périodes d’introspection.

Les critiques se sont multipliées, mettant en doute sa discipline et son engagement envers le hockey.

Aujourd’hui, à Montréal, Laine semble prêt à tourner la page. Ses premiers matchs avec les Canadiens montrent des éclairs de son talent d’antan.

Mais pour combien de temps? Martin St-Louis et l’organisation devront redoubler de vigilance. Laine n’est pas seulement un joueur à gérer sur la glace. C’est un homme à reconstruire, un compétiteur à canaliser, et un passionné à recentrer.

Dans une ligue où chaque détail compte, l’histoire de Patrik Laine est un rappel brutal des défis auxquels les joueurs peuvent faire face.

Si Montréal peut l’aider à dompter ses démons numériques et à redécouvrir son amour pur pour le hockey, alors peut-être que cette ville sera le théâtre d’une véritable renaissance.

Mais une chose est sûre : Laine n'a pas encore commandé de télé. Mais il n'a pas encore joué un match sur la route.

À suivre...