Martin St-Louis avait été envoyé sous l'autobus dans les médias après sa ameuse publicité d’Hydro-Québec diffusée durant l’hiver 2023-2024.
Une publicité anodine à première vue. Une campagne à saveur écologique où l’entraîneur-chef du Canadien lançait son célèbre : « Tout le monde joue sa game dans la game ».
Mais derrière la caméra, une bombe à retardement s’activait : un cachet estimé entre 250 000 $ et 300 000 $ versé par la société d’État au coach.
En pleine crise inflationniste, avec les hausses tarifaires qui s’accumulaient sur le dos des contribuables, la révélation a fait l’effet d’une claque au visage.
Et c’est St-Louis qui a été catapulté sous les roues de l’autobus. Pas les stratèges marketing d’Hydro. Pas les décideurs en haut de la pyramide. Lui.
Mais un an plus tard, les rôles se sont inversés.
Le temps a passé, les performances du Canadien se sont améliorées… et Martin St-Louis est maintenant le favori pour remporter le trophée Jack-Adams, remis à l’entraîneur de l’année dans la LNH.
Ironie du sort, alors qu’il avait été cloué publiquement pour avoir accepté un cachet publicitaire, voilà qu’on le considère aujourd’hui comme méritant son salaire de 5 millions de dollars par année.
Actuellement, Martin St-Louis touche un salaire annuel de 2,9 millions $ US, ce qui le place déjà dans le top 10 des entraîneurs les mieux payés de la LNH, malgré son inexpérience relative.
Mais dès la saison 2025-2026, son nouveau contrat de 5 millions $ par année le propulsera directement au 3e rang des entraîneurs les mieux rémunérés, juste derrière Mike Sullivan (6,5 M$), Rick Rochett (5,5 M$) et Jon Cooper (5,3 M$), mais devant Jared Bednar (4,9 M$) et Bruce Cassidy (4,5 M$).
Le 5 M$ de St-Louis ne choque plus personne. Ce n’est plus un salaire excessif, c’est une reconnaissance. Une validation. Une revanche contre ceux qui le traitaient de coach pee-wee.
Et voilà sa 2e revanche, alors que la controverse d'Hydro-Québec ne le concernait pas personnellement. Il a juste été le bouc-émissaire tout désigné.
Surtout quand on réalise que le président d’Hydro-Québec, Michael Sabia, celui-là même qui a supervisé la gestion douteuse des primes, a lui aussi vu sa rémunération grimper en flèche.
Selon plusieurs rapports internes, la rémunération des grands patrons d’Hydro-Québec a bondi de 28 % en un an. Des bonis comme celui de 625 000 $ octroyé à Maxime Aucoin pour compenser une prime perdue à la Caisse de dépôt n’ont fait qu’aggraver le malaise.
Et pendant ce temps, le scandale médiatique qui avait explosé autour de St-Louis pour une publicité devient, avec le recul, un épisode ridiculement amplifié.
C’est au tour d’Hydro-Québec de rendre des comptes.
Comparé aux véritables fortunes versées à l’interne chez Hydro-Québec… son fameux 250 000 $? Ce n’était que des peanuts.
Pendant que St-Louis se faisait crucifier pour avoir accepté un cachet payé avec l’argent public, Hydro-Québec versait en douce 40 millions de dollars en bonis à ses employés pour l’année 2024.
Oui, 40 millions. Un record absolu.
Et ce, alors que les profits de la société d’État chutaient de 19 %, passant à 2,66 milliards de dollars. Moins d’exportations, sécheresse prolongée dans le Nord… mais les primes, elles, ont monté.
Les chiffres donnent le vertige :
3,5 M$ pour la haute direction
23,4 M$ pour les cadres
13,1 M$ pour les professionnels et autres employés admissibles
Environ 10 250 $ par employé ayant reçu une prime (soit 3900 personnes)
Et pourtant, aucun scandale national. Aucun tollé comparable à celui vécu par Martin St-Louis.
Pourquoi? Parce que c’est devenu la norme. Parce qu’Hydro-Québec, chaque année, graisse la patte de ses gestionnaires, même lorsque les résultats financiers ne suivent pas.
Selon ce qui circulait en coulisses, Hydro-Québec voulait répéter le coup en 2024. Refaire appel à Martin St-Louis pour une deuxième campagne publicitaire.
Mais l’enquête du Journal de Montréal, les critiques virulentes dans les médias et la colère palpable de la population ont refroidi les ardeurs de la société d’État.
Mais depuis, suite aux nombreux scandales d'Hydro-Québec, St-Louis a été sauvé malgré lui. Il n'est plus le grand méchant de l'histoire.
Déjà, certaines sources laissent entendre qu’Hydro pourrait revenir à la charge pour 2025. La question : Martin Saint-Louis acceptera-t-il de replonger dans ce bourbier médiatique maintenant qu’il est devenu un entraîneur crédible, respecté, et plus que jamais en contrôle de son image?
Si on est Chantal Machabée, on lui conseille de se tenir loin d'Hydro-Québec, car on parle d'un véritable cirque.
Le plus troublant dans tout ça, c’est qu’Hydro-Québec continue de préparer en douce des hausses tarifaires qui dépassent largement le plafond de 3 % promis par le gouvernement.
Selon ses propres calculs, la société d’État affirme avoir besoin d’une augmentation de 3,9 % dès maintenant — et sans doute bien plus d’ici quelques années — pour financer ses mégaprojets énergétiques.
La Régie de l’énergie, de son côté, avait tranché pour une hausse de 3,6 %. Une décision indépendante, fondée sur des données économiques.
Mais le gouvernement Legault a préféré court-circuiter cette autorité, et imposer par décret un gel symbolique à 3 %, histoire de sauver la face politiquement.
Dans les coulisses, c’est clair : Hydro-Québec veut reprendre le contrôle du narratif, refaire de la pédagogie tarifaire… et relancer ses campagnes d’image pour justifier la hausse de ses tarifs.
40 millions $ en bonis malgré une baisse historique de ses profits, des cadres décrochent des primes de 625 000 $ pendant que les contribuables s’endettent pour payer leurs factures, voilà pourquoi le le nom de Martin St-Louis recommence à circuler.
Qui de mieux que Marty pour défendre l'indéfendable?
Une 2e pub serait une erreur monumentale. Martin St-Louis est trop intelligent pour tomber dans le piège à nouveau.