400 000 dollars par année: Vincent Damphousse pris la main dans le sac

400 000 dollars par année: Vincent Damphousse pris la main dans le sac

Par David Garel le 2025-07-09

C’est un chiffre qui donne le vertige : 27,8 millions de dollars de pertes en 2024 pour RDS et sa petite soeur, RDS Info.

Plus que TVA Sports. Plus que jamais. Une première historique. Un véritable coup de tonnerre dans le paysage médiatique québécois.

La chaîne autrefois tout-puissante du sport francophone, jadis profitable, est maintenant dans un gouffre. Et ce gouffre, elle l’a creusé elle-même, à la pelle dorée des salaires déconnectés, des stars figées, et d’un modèle aussi dépassé qu’arrogant.

Et pendant que la maison brûle, Vincent Damphousse se fait masser dans ses spas nordiques, gracieuseté des fonds publics de Bell Média.

Oui, celui-là même que RDS paie une fortune, autour de 400 000 $ par année selon le balado Stanley25, pour hocher la tête dans une émission moribonde, pendant que la station licencie à tour de bras.

Le scandale est simple : le salaire de Damphousse est indéfendable. Il est déjà multimillionnaire. Il possède 51 % du Groupe Scandinave, une chaîne de spas luxueux qui fait fureur à Tremblant, Whistler, Blue Mountain et dans le Vieux-Montréal.

Non seulement son salaire est déconnecté de la réalité économique de RDS, mais il constitue une insulte pour tout le personnel de la chaîne qui voit ses conditions se dégrader.

Damphousse n’a pas besoin de cette tribune. Sa fortune personnelle, estimée entre 70 et 100 millions, est fondée sur sa carrière de joueur et son empire Scandinave Spa.

Pourtant, RDS lui verse un salaire de roi, au moment où la chaîne licencie et supprime des avantages pour ses employés.

Il a amassé 37 millions US comme joueur, vit avec France Margaret Bélanger, présidente « sports et divertissement » du Groupe CH, et contrôle une entreprise de plus de 400 employés. Et malgré tout ça, RDS trouve encore le moyen de lui verser un demi-million de dollars pour... commenter un match en studio?

Ce n’est pas un emploi. C’est une rente de privilège. 

Le problème, ce n’est pas Damphousse. C’est le système qui le nourrit. Un système fermé, vieilli, où les mêmes têtes sont recyclées depuis 20 ans.

Où aucun jeune n’a percé depuis une décennie. Où Gaston Therrien, Norman Flynn, Guy Carbonneau, et Damphousse dominent encore l’antenne, alors que leurs cotes d’écoute s’effondrent.

Parlant de Carbonneau, son salaire se situe entre 200 000 et 400 000 dollars par année à RDS, toujours selon les infos de Stanley25.

Allez faire un tour sur X). Sur TikTok. Sur Reddit. C’est unanime : RDS est devenu un cimetière à chroniqueurs. Le mot est dur, mais il est juste. Les jeunes n’écoutent plus RDS. Ils ne veulent pas entendre des hommes grisonnants leur dire que Patrick Laine est "mou" ou que le CH "manque de cœur au ventre".

Ils veulent de l’analyse. De la donnée. Du contenu pertinent.

RDS ne livre plus rien de tout cela. À l’heure où TVA Sports parle de fermeture, c’est RDS qui perd davantage d’argent.

Ce n’est plus une chaîne d’actualité sportive. C’est un club privé, où les salaires se justifient par la notoriété passée et les connexions personnelles, et non par l’impact ou la qualité du propos.

Et la comparaison avec Vincent Damphousse devient intolérable. Comment expliquer qu’un homme aussi riche, aussi occupé, garde son siège de country club pendant que la maison s’écroule?

La génération qui a bâti RDS est la même qui refuse de la lâcher. Brunet, Flynn, Therrien, Damphousse, Carbonneau... Ce sont les mêmes visages qu’en 2008. Qu’en 2012. Qu’en 2015. Les milléniaux ne s’y retrouvent plus. Les jeunes n’ont jamais été invités. Et les rares qui y ont mis les pieds ont rapidement compris que la place était prise.

C’est une chaîne de baby boomers qui ne veut pas mourir, mais ne veut surtout pas se réinventer.

Et pendant ce temps, Bell continue d’investir dans TSN, qui génère encore 66 millions de profits, pendant que RDS s’effondre à 27,8 millions de pertes. Pourquoi? Parce que TSN évolue. TSN ose. TSN mise sur l’expertise. Pas sur la nostalgie.

Et que dire de l’histoire du banc de neige. L'anecdote racontée par Stanley25 est un condensé de tout ce qui cloche.

Un panéliste, que tout le monde a reconnu comme Damphousse, arrive en retard à l’Antichambre. Il ne trouve pas de place de stationnement. Il se stationne dans un banc de neige, tend ses clés à un agent de sécurité, et ordonne de "dépogner son char".

Revenant à sa voiture après son segment, il constate qu’elle n’a toujours pas bougé. Il est furieux. Il explose. Interpelle le garde (et éventuellement la direction) en les traitant de tous les noms, exprime son indignation comme si un grave affront lui avait été fait : pourquoi la voiture n’est-elle toujours pas déplacée ?

Ce soir-là, Damphousse n’était plus analyste. Il était une caricature. Et toute la culture de RDS en une scène : des millionnaires déconnectés, traités comme des dieux, pendant que les techniciens gèlent dehors pour essayer de sortir une voiture d’un banc de neige.

Ce qui aurait dû être un moment embarrassant devient une scène mémorable :

Un homme déjà milliardaire en image, multimillionnaire en fortune réelle, ordonnant comme s’il commandait à une équipe personnelle.

Un garde pris au piège, incapable de faire respecter les règles, forcé de faire remorquer le véhicule malgré tout.

Une chaîne déficitaire de 27,8 M$, toujours bien trop heureuse de maintenir ce genre de privilège.

Cette scène résume parfaitement l’état d’esprit qui règne chez RDS : des stars narcissiques, riches à millions, traitées comme des princes, dans un studio où le public ne voit plus d’analyse, mais une farce neurologique.

Et maintenant, on leur donne les droits du Canadien?

Le plus ironique dans tout cela? RDS pourrait récupérer la majorité des matchs du Canadien en 2026, grâce à la sous-licence de Rogers.

C’est ce qui circule dans les coulisses. Même si rien n’est confirmé, le simple fait qu’une chaîne qui perd plus d’argent que TVA Sports soit sur le point de redevenir le diffuseur officiel du CH est une gifle à l’intelligence collective.

Comment peut-on confier la plus grande propriété médiatique du Québec à une chaîne en chute libre?

Pierre Karl Péladeau, lui, doit être livide. Parce que malgré ses pertes, il a mieux fait que RDS cette année. Une première. Un symbole.

RDS est en crise. RDS est en chute. Et RDS continue de payer des fortunes à des privilégiés comme Vincent Damphousse, pendant que son modèle économique s’effondre. Ce n’est plus une question de pertinence. C’est une question de survie.

Si Bell ne met pas fin à ce cirque, si les têtes ne roulent pas, si les mentalités ne changent pas, alors RDS ne sera bientôt plus qu’un souvenir.

Un souvenir flou, diffusé en haute définition, avec un générique qui date de 2004... et un spa en arrière-plan.