C’est un message qui risque de résonner longtemps dans les bureaux du Centre Bell. Et dans la tête de Kent Hughes.
Invité au Sick Podcast, le vétéran analyste Pierre McGuire a lancé une véritable alerte rouge à propos de la transaction qui a envoyé Logan Mailloux aux Blues de St. Louis en retour de Zachary Bolduc.
Selon lui, cette décision pourrait hanter le Canadien de Montréal pour les dix prochaines années.
Pourquoi? Parce que McGuire voit en Logan Mailloux un clone presque exact d’un certain Evan Bouchard… version 2021.
Et quand on sait que Bouchard vient tout juste de signer un contrat massif de 4 ans à 10,5 M$ par saison avec les Oilers d’Edmonton, la comparaison a de quoi inquiéter.
« Est-ce qu’il y a une grande différence entre Evan Bouchard il y a 4 ans, et Logan Mailloux aujourd’hui? Honnêtement, non. Ce sont pratiquement les mêmes joueurs.
Même gabarit. Même tir foudroyant. Même prise de risques en zone défensive. Même apprentissage difficile. Et même potentiel de dominer la LNH dans 2 ou 3 ans. »
Le genre de déclaration qui glace le sang.
Pour les partisans du CH, cette comparaison avec Bouchard rappelle un douloureux souvenir : celui de Mikhail Sergachev.
En 2017, Marc Bergevin avait commis l’erreur de sa carrière en échangeant son défenseur le plus prometteur contre Jonathan Drouin, dans un geste de panique pour trouver un centre québécois à tout prix.
On connaît la suite : Drouin a sombré dans une spirale de blessures et de troubles personnels, n'est jamais devenu un centre de premier plan, alors que Sergachev est devenu l’un des piliers de la dynastie du Lightning.
Et voilà que l’histoire pourrait bien se répéter.
Mailloux, comme Sergachev à l’époque, mais surtout comme Bouchard, a été critiqué pour ses décisions défensives, pour son jeu à risque et pour ses erreurs de jeunesse.
Mais comme la vedette des Oilers, il possède un arsenal offensif rare chez les défenseurs droitiers : un gabarit de 6’3’’, un tir des poignets meurtrier, une aisance en relance et une attitude de prédateur dans la zone offensive.
Ce sont des profils rarissimes.
Et le DG Doug Armstrong, des Blues de St. Louis, le sait très bien. Lors de sa conférence de presse, il a été clair comme de l'eau de roche :
« On croit que Logan Mailloux est déjà prêt pour la LNH. Il a un poste à perdre au prochain camp. Il a le potentiel d’un défenseur top 4 dès cette saison. »
Le prix de l’impatience?
Ce qui choque Pierre McGuire, c’est que Kent Hughes semblait avoir compris cette leçon. Depuis son arrivée, il a prêché la patience. Il a répété qu’il fallait donner le temps aux jeunes défenseurs de se développer.
Mais voilà que l’arrivée de Noah Dobson, combinée à la congestion défensive a changé la donne. Le Canadien avait besoin de marquer des buts, et Bolduc était disponible.
C’est un choix compréhensible. Mais est-ce le bon?
McGuire ne le croit pas. Et il n’est pas seul.
Car plusieurs recruteurs voient en Mailloux un futur quart-arrière de premier plan. Bouchard a ses détracteurs comme Mailloux.
Mais on parle d'un défenseur qui a marqué 18 buts et amassé 82 points en 81 matchs en 2023-2024 et 67 points (14 buts) en 2024-2025.
Et en séries depuis qu'il est à Edmonton, là où le jeu devient plus serré? 20 buts, 61 passes pour 81 points en 75 matchs, tout en jouant parfois plus de 30 minutes par match. Un monstre.
Quand Evan Bouchard est arrivé dans la LNH, il faisait des erreurs monumentales. Il se faisait battre un contre un. Il se faisait sortir de la glace par son coach. Mais les Oilers ont tenu bon. Ils savaient ce qu’ils avaient entre les mains.
C’est ce que les Blues espèrent aussi.
Evan Bouchard a été repêché en 2018. Il n’a joué que 14 matchs dans la LNH lors de ses deux premières saisons. Il a fait la navette entre Bakersfield et Edmonton. Il n’a joué une saison complète qu’en 2021-2022, soit trois ans après son repêchage.
Mailloux a été repêché en 2021. Il a connu une saison recrue dominante dans la AHL, avec 47 points en 72 matchs. Il a été rappelé en fin de saison par le CH, récoltant 4 points en 7 matchs. Et tout le monde dans l’organisation a reconnu ses progrès défensifs.
Même Kent Hughes, après l’échange, a tenu à souligner son développement :
« Il a eu une saison exceptionnelle avec Laval. Il a travaillé fort sur son jeu sans la rondelle. Il était sur le point d’être prêt pour la LNH. Mais avec Dobson, nous avions un surplus. »
Mais un surplus, est-ce une raison pour appuyer sur le bouton de panique ?
McGuire s’étouffe presque à cette idée.
Evan Bouchard vient d’encaisser un chèque géant de 42 M$ pour les quatre prochaines années. Il est devenu un défenseur de premier plan dans une LNH où ce genre de profil explose en valeur.
Cody Ceci a signé un contrat ridicule de 18 M$ pour 4 ans avec les Kings. Une décision moquée à travers la ligue, tellement ce défenseur a des crampes au cerveau.
Mais cette signature montre bien une chose : les défenseurs droitiers, grands, capables de produire en attaque, sont devenus une denrée rare. Et les prix s’envolent.
Que fera Kent Hughes dans trois ans si Mailloux produit 55 points à St. Louis et devient éligible à un contrat à 9 ou 10 M$ par saison?
Ce que je crains, c’est que le CH ait donné le joueur qui, dans 3 ou 4 ans, va faire sauter la banque. Et qu’il n’aura plus jamais accès à ce type de profil-là.
Et ce, pour un ailier qui, malgré son potentiel, n’a toujours pas fait ses preuves à long terme.
Personne ne remet en doute le talent de Zachary Bolduc. Il a marqué 19 buts à sa première saison complète avec les Blues. Il a un flair offensif, un bon lancer, et il joue avec intensité.
Mais c’est un ailier. Un autre ailier qu'on va faire jouer au centre?
On continue d’espérer que Kirby Dach tienne le coup, que Newhook se transforme, que Bolduc ou Demidov apprenne à jouer au centre ou que Michael Hage explose dans deux ans.
Pendant ce temps, Mailloux pourrait jouer 20 minutes par match dans l’Ouest, sur un duo Cam Fowler ou Philip Broberg.
En 2024, Logan Mailloux faisait partie de l’équipe d’étoiles des meilleurs espoirs de la AHL. Il a été identifié par plusieurs recruteurs comme le défenseur avec le meilleur tir du circuit. À 22 ans, il possède encore une immense marge de progression.
Est-ce que le CH a paniqué?
Est-ce qu’on a préféré éviter une éventuelle polémique en LNH à cause de son passé controversé?
Est-ce que le dossier Mailloux était devenu un boulet dans les coulisses de l’organisation?
Impossible à dire. Mais ce qui est certain, c’est que Doug Armstrong, lui, n’a pas hésité.
Il a vu un jeune Bouchard. Il a vu une occasion. Et il l’a saisie.
« On a fait nos devoirs. On croit que Logan a payé pour ses erreurs et qu’il mérite une nouvelle chance. Il est NHL-ready. Il a maintenant un poste à perdre. »
Le message est clair.
À Montréal, on crie au vol.
Mais à St. Louis, on croit être les vrais gagnants de cette transaction. Et si Pierre McGuire a raison, ce sera peut-être encore un autre chapitre douloureux dans l’histoire des mauvaises décisions du Canadien de Montréal.
Saga à suivre...