5 millions en fumée: Samuel Montembeault a tout perdu

5 millions en fumée: Samuel Montembeault a tout perdu

Par Marc-André Dubois le 2025-05-02

Samuel Montembeault est peut-être le plus grand perdant financier du hockey moderne.

Pendant que le Canadien de Montréal a retrouvé sa gloire en s’invitant en séries éliminatoires grâce à lui, que l’ambiance a atteint des sommets au Centre Bell, que Jacob Fowler enflamme Laval avec un blanchissage (4-0) donnant les devant 2-0 au Rocket dans leur série contre Cleveland, que Jakub Dobes s’impose comme un véritable gardien de la LNH, Montembeault, lui, regarde le train passer avec ses deux déchirures à l'aine. Et pendant ce temps, des millions de dollars s'envolent. Littéralement.

Le gardien numéro un du Tricolore, celui qui a joué 62 matchs cette saison, qui a porté ce club sur ses épaules pendant les hauts et les bas, touche un salaire de 3,15 millions de dollars par saison. Il aurait pu obtenir beaucoup plus. Beaucoup.

Signé à rabais, son contrat est aujourd’hui perçu par de nombreux journalistes et observateurs comme l’une des pires négociations pour un joueur de ce niveau dans les dernières années.

Il aurait pu signer pour cinq ans, 5 millions par saison, voire plus souffle-t-on dans les coulisses. Renaud Lavoie l’a répété : les performances de Montembeault, en particulier depuis le retour de la pause des Quatre Nations, sont dignes des meilleurs gardiens du circuit.

Depuis le 22 février, Montembeault était deuxième dans la LNH pour les victoires, derrière un certain Andrei Vasilevskiy.

Son taux d’efficacité et sa moyenne de buts alloués le plaçaient dans le top 10 de la ligue. C'était l'année pour frapper fort. L'année pour s'assurer un avenir financier confortable. Mais son agent, Paul Corbeil, a commis une erreur colossale : il a accepté trop vite.

Montembeault a dû supporter une charge de travail immense, tout en encaissant les coups. Et aujourd’hui, blessé, il ne pouvait même pas être sur la glace pour profiter de l’ivresse des séries.

Pendant ce temps, Cayden Primeau est déjà dans l’ombre, et Jacob Fowler, lui, s’installe tranquillement pour lui voler la place. Et pas seulement dans le futur : dès l’an prochain.

Fowler, qu’on ne voulait pas brûler trop vite, est tout simplement en feu. Il vient de gagner les deux premiers matchs de la série contre Cleveland avec le Rocket de Laval. Ce soir, il a obtenu un blanchissage et a été fumant.

On parle ici d’un gardien à peine sorti de la NCAA, qui semble déjà plus calme, plus technique, plus dominant que bien des vétérans dans la ligue. Il est "NHL Material", et tout le monde le voit.

Ce n’est pas un hasard si le CH a tenu bon et a refusé de lui accorder un contrat d'entrée tout de suite. Kent Hughes avait un plan : garder le contrôle, éviter de griller une année de contrat, et conserver l’option de l'intégrer à l'équipe première en 2025-2026.

Ce plan, il est déjà en marche. Et il ne fait aucun doute que Fowler a toutes les chances de faire l’équipe l’an prochain. Pas comme troisième gardien. Peut-être pas comme partant. Mais à tout le moins, dans une rotation à deux où il pourra éclipser son aîné.

Jakub Dobes, de son côté, a prouvé qu’il pouvait gagner en série. Il a offert une belle performance en remplacement de Montembeault.

Il a le gabarit, la technique, le calme. Il ne sera pas le gardien d’avenir à Montréal, mais il pourrait très bien devenir le parfait 1B dans une formule moderne.

Et pendant que tout ce beau monde prend de la valeur, Montembeault en perd. Ou plutôt, il continue de ne pas être payé à sa juste valeur.

Le plan de Kent Hughes est clair. Cayden Primeau recevra une offre qualificative cet été, uniquement pour que le CH garde ses droits. Et il sera échangé à Philadelphie, dans une transaction attendue avec Daniel Brière. C’est quasi-prévisible tellement le père de Cayden, Keith, est une légende chez les Flyers.

Montembeault, lui, ne sera pas échangé maintenant. Il est blessé, son contrat est une aubaine, et le CH sait qu’il peut encore rendre de fiers services en 2025-2026.

Mais au fur et à mesure que Fowler gagne du galon, la fin est écrite. Montembeault ne terminera pas son contrat à Montréal. Il servira de pièce dans une transaction lorsque Fowler sera prêt à prendre le flambeau pour de bon.

Et pendant ce temps, il n’aura pas profité de ses meilleures années pour maximiser ses revenus.

Ce qu’on oublie dans tout ça, c’est que si le Canadien soulève une Coupe Stanley dans les cinq prochaines années, ce ne sera pas Samuel Montembeault dans les buts. Ce sera Jacob Fowler.

Le plan de l’organisation est clair. Fowler est le gardien de la dynastie à venir. Montembeault aura été celui qui a ramené l'équipe en séries, qui a stabilisé le filet, mais il ne sera pas celui qui immortalisera son nom sur la coupe.

Quitte à ça, il aurait au moins pu encaisser le chèque. Il aurait pu exiger un contrat de 5 M$ par saison, sur cinq ans sur le marché des agents libres, Il aurait pu forcer la main du CH. Il avait la valeur. Il avait la saison parfaite pour le faire. Il ne l’a pas fait.

Et aujourd’hui, il est blessé, sous-payé, et probablement dans sa dernière année à Montréal. Un an maximum. Car à l'été 2026, il sera échangé. 

Samuel Montembeault a été admirable. Il a été un leader. Il a été un modèle. Mais il a aussi été la plus grande victime d'une stratégie salariale impitoyable. Et aujourd'hui, il est clair que 2025-2026 sera au mieux, sa dernière année.

Le Canadien va gagner avec Jacob Fowler. Et Montembeault, lui, ne verra que les confettis de loin. Ça sent la transaction à plein nez.

Que ce soit en 2025 ou 2026. 

Le Québécois est signé jusqu'en 2027. Mais il ne terminera pas son contrat à Montréal. C'est écrit dans le ciel.