500 000 dollars en bonus: l’agent de Lane Hutson est furieux contre Kent Hughes

500 000 dollars en bonus: l’agent de Lane Hutson est furieux contre Kent Hughes

Par David Garel le 2025-04-04

Il y a des batailles contractuelles dans la LNH qui passent sous le radar, puis il y a celles qui laissent des cicatrices. Et dans l’entourage du Canadien de Montréal, une guerre se prépare, silencieuse mais féroce.

Elle oppose deux hommes qui se connaissent intimement : Kent Hughes, directeur général du CH, et Sean Coffey, agent influent qui représente à la fois Jacob Fowler et Lane Hutson.

Ce qui rend cette confrontation si particulière, c’est que Coffey a été formé chez Quartexx Management… par nul autre que Kent Hughes lui-même. Aujourd’hui, l’élève revient affronter son ancien mentor. Et cette fois, il compte bien prendre sa revanche.

Car cette guerre a déjà eu son premier chapitre. Un affrontement sanglant, brutal, perdu par Sean Coffey. Le cas Jacob Fowler, gardien d’avenir du Canadien, a été une véritable claque au visage de l'agent.

Coffey, convaincu d’avoir l’avantage, a tenté de forcer la main du CH pour obtenir un contrat d’entrée immédiatement, après une excellente saison à Boston College.

La stratégie était claire : faire pression en menaçant d’un retour à l’université, afin de brûler une année de contrat d’entrée le plus tôt possible.

Mais Kent Hughes, fidèle à sa réputation de négociateur glacial, n’a pas bronché. Il a laissé Coffey se débattre, certain de ses appuis et de son autorité dans l’organisation. Au final, Fowler a plié. Il a signé un contrat d’entrée… pour la saison suivante. Hughes a gagné. Coffey a perdu.

Mais ce n’est pas tout. Ce contrat, déjà tardif, s’est avéré décevant à bien des égards pour l’agent. Le salaire de base? 775 000 $ la première année, 855 000 $ les deux suivante. Décevant, mais pas catastrophique.

Le bonus à la signature? Le maximu de 95 000 $. Le bonus de performance pour la première saison? Un ridicule 80 000 $, suivi de 500 000 $ pour les deux suivantes.

Même avec un impact comptable de 923 333 $ sur la masse salariale, ce contrat est loin des standards octroyés aux véritables espoirs de premier plan.

Pour comparer, Juraj Slafkovsky – premier choix au total – avait droit à 3,5 M$ de bonus de performance à chaque année. D'accord, on parle d'un premier choix au total et on ne peut pas comparer les deux dossiers. 

Mais un agent sous le couvert de l'anonymat a bel et bien affirmé ques les bonus de performance étaient ridicules pour un gardien aussi talentueux.

Dans le cas de Fowler, Sean Coffey a été humilié. Il n’a pas su imposer ses conditions. Il n’a pas obtenu les concessions attendues.

Pire, son bluff s’est retourné contre lui. Et dans le petit monde des agents, ce genre d’échec laisse des traces durables.

Voilà pourquoi, aujourd’hui, l’ombre de Sean Coffey plane comme une menace au-dessus de la tête de Kent Hughes.

Car cette fois, la guerre ne se jouera pas avec un espoir de troisième ronde. Cette fois, l’agent tient dans sa main le joyau de la reconstruction du Canadien : Lane Hutson. Et cette fois, il compte bien renverser la vapeur.

Le cas Hutson est explosif à tous les niveaux. Défenseur vedette à seulement 21 ans, il est en train d’écrire une des saisons les plus spectaculaires de l’histoire du CH pour une recrue à la ligne bleue.

Avec 62 points en 75 matchs, il est non seulement le meilleur pointeur parmi les recrues, mais il figure également dans le top 5 de la LNH chez les défenseurs.

Mieux encore, il est devenu mardi soir le premier défenseur recrue à atteindre le plateau des 60 points depuis Brian Leetch en 1989.

Une saison d’exception qui fait de lui le grand favori au trophée Calder, devant des noms aussi prestigieux que Macklin Celebrini et Matvei Michkov.

Mais ce n’est pas tout. Selon David Savard, vétéran respecté du vestiaire, Hutson devrait aussi être considéré pour le trophée Norris, remis au meilleur défenseur du circuit.

Une nomination qui viendrait changer la donne complètement. Parce que si le CH espérait un contrat de 8 ans à 8,5 ou 9 M$ par saison, cette illusion vient de voler en éclats. On parle maintenant de 10 M$ comme plancher… et de 11, voire 11,5 M$ comme nouvelle cible.

Et c’est ici que Coffey entre en scène. Car contrairement à ce que beaucoup espéraient à Montréal, Hutson ne fera pas de cadeau. Pas avec un agent comme Sean Coffey. Pas avec un passé comme celui de Fowler. Et surtout pas après avoir brûlé une année de contrat d’entrée l’an dernier en jouant deux petits matchs à la fin de la saison.

Une manœuvre approuvée par le clan Hutson, mais qui a fortement déplu à Kent Hughes. Résultat : le CH devra négocier un an plus tôt, avec un joueur plus dominant que jamais, et un agent assoiffé de revanche.

Dans les coulisses, plusieurs sources confirment que Coffey prépare déjà un plan agressif. Il veut tirer le maximum de cette situation. 

Et comment lui en vouloir? Le plafond salarial grimpera à 104 M$ en 2026-2027, puis à 113,5 M$ en 2027-2028. Si on applique le ratio obtenu par Kirill Kaprizov (11,04 % du cap space) après son Calder, Hutson vaut déjà 11,5 M$ annuellement sur un contrat long terme.

Et si la courbe continue, son contrat pourrait devenir le plus lucratif jamais signé par un défenseur du Canadien, dépassant même celui de Carey Price (10,5 M$).

Pire encore pour le CH : Sean Coffey ne cache pas son intérêt pour un contrat pont de quatre ans. Une stratégie inspirée par Judd Moldaver, l’agent d’Auston Matthews, qui avait opté pour un contrat de 5 ans à Toronto avant de signer un autre pacte de 4 ans à 13,25 M$ par saison.

Coffey pourrait reproduire ce modèle : signer Hutson pour quatre ans à 11-12 M$ par saison, puis casser la banque en 2030, lorsque son client aura seulement 26 ans. Ce scénario donnerait à Coffey deux occasions d’extorquer le CH, au lieu d’une seule. Et Kent Hughes le sait.

Le problème? Hughes n’a plus d’option. Il ne pourra pas refaire le coup du contrat à rabais comme avec Suzuki, Caufield ou Slafkovsky. Cette fois, c’est trop tard. L’impact est trop visible. Le joueur est trop médiatisé. Et l’agent est trop rancunier.

Geoff Molson, lui, commence probablement à sentir la chaleur. On lui avait promis une structure salariale saine, une gestion à long terme, une équipe compétitive bâtie autour de jeunes vedettes sous-payées.

Mais aujourd’hui, la vérité le rattrape. Le portefeuille devra s’ouvrir. Loin de ses 7,85 M$ pour Caufield ou des 7,6 M$ de Slafkovsky, Hutson coûtera entre 88 et 92 millions sur 8 ans. Et si Coffey obtient gain de cause, le double sur deux contrats.

Ce sera le plus grand test de la carrière de Kent Hughes. Pas seulement comme DG. Mais comme ancien agent, face à l’un de ses propres héritiers.

Car oui, Sean Coffey a appris dans la même maison. Il connaît les stratégies. Il anticipe les mouvements. Et cette fois, il ne viendra pas pour négocier. Il viendra pour gagner.

En coulisses, on dit que la relation entre Coffey et Hughes est encore cordiale, mais tendue. Que les blessures du dossier Fowler ne sont pas guéries. Que Coffey n’a pas apprécié l’attitude du CH dans ce dossier. Et qu’il attendait, patiemment, le bon moment pour reprendre le dessus.

Ce moment, c’est maintenant.

Alors que Lane Hutson réécrit les livres des records, que le vestiaire du CH le couvre d’éloges, que les fans le placardent déjà sur les murs du Centre Bell comme le futur visage de la défense montréalaise, Sean Coffey compte les zéros. Et Geoff Molson, lui, compte les nuits sans sommeil.

Le duel commence.

L’élève affronte le maître.

Et cette fois, c’est Sean Coffey qui tient les cartes.