Il ne dira rien. Pas publiquement. Pas devant les caméras. Mais il le voit passer, ce chiffre.
Comme tout le monde. Comme tous les joueurs du vestiaire du CH. Et même si Juraj Slafkovsky sourit, reste discret, évite la controverse, il sait. Il sait que Lane Hutson s’apprête à toucher le même salaire que lui... sinon plus.
Bienvenue dans le monde absurde de la LNH moderne. Une ligue où la promesse est parfois mieux rémunérée que la livraison.
Une ligue où Slafkovsky a reçu un contrat de 8 ans pour 60,8 millions de dollars, soit 7,6 millions par année, pour son potentiel, son gabarit, son statut de premier choix au total.
Et où Lane Hutson, un choix de deuxième ronde, s’apprête à récolter la même chose pour... avoir livré. Simplement livré.
Le malaise, il est là.
Et à l’Antichambre, on a mis des mots sur ce que tout le monde pense tout bas. PJ Stock, Bob Hartley et François Gagnon l’ont dit : Hutson vaut maintenant entre 7 et 8 millions par saison.
Pour 8 ans? On parle d'un contrat de 64 millions. Exactement comme Suzuki. Précisément comme Caufield. Pareil comme Slaf.
Mais voilà. Hutson, lui, n’a pas eu besoin d’attendre trois saisons pour justifier son chèque.
Il est arrivé, il a pris la rondelle, il a dirigé l’avantage numérique, il a été spectaculaire. Une production instantanée, un QI hockey déroutant, une manière de faire paraître les autres meilleurs. Il a changé le power play à lui seul.
Et pendant ce temps? Slafkovsky s’est cherché. Oui, progression il y a. Oui, il a pris confiance. Mais on est encore loin d’un joueur de 7,6 millions. Et tout le monde le sait. Même lui.
Ce n’est pas de la jalousie. C’est une réalité brutale. Une réalité qui rappelle que dans un vestiaire, les chiffres se lisent autant sur les tableaux que sur les talons de paie.
Et que quand un petit gabarit de 5'10'' réécrit la hiérarchie du club avec un contrat massif, les égos se mettent à grincer.
Kent Hughes le sait. Il marche sur une ligne mince. Il veut récompenser la production sans créer une guerre froide à l’interne. Mais la vérité, c’est que Lane Hutson a gagné son chèque.
Et que Slafkovsky, lui, est encore en train d’essayer de le mériter.
Dans une équipe qui se veut unie, ce genre de contraste finit toujours par laisser des traces.
Et parlons de comparables. Lane Hutson n'est pas juste en train de suivre une trajectoire positive. Il est en train de se placer dans la conversation avec les meilleurs jeunes défenseurs offensifs de la ligue.
Quinn Hughes a signé pour 47,1 M$ sur 6 ans à 7,85 M$/saison.
Cale Makar a reçu 54 M$ sur 6 ans pour une moyenne de 9 M$. Noah Dobson, 33 M$ sur 3 ans. Dans ce contexte, Lane Hutson à 64 M$ sur 8 ans ne serait pas une folie, ce serait une affaire.
Ce serait aussi un message. Un message envoyé à Slafkovsky, mais aussi à tout le vestiaire : ici, on paie pour ce qui est livré. Pas pour les résumés, pas pour les projections.
Et c'est là que le malaise s'installe. Parce que si Slaf continue de produire en dents de scie, pendant que Hutson réécrit le livre des records internes à la ligne bleue, les regards vont commencer à se croiser.
Les sourires vont se figer. Et un jour ou l'autre, ce ne sera plus qu'une question d'argent. Ce sera une question de rang dans la hiérarchie.
Et dans cette hiérarchie là, Lane Hutson est en train de monter l'escalier deux marches à la fois.